À grands renforts d’enthousiasme, de partenariats bien sentis et de com’ soignée, l’équipe du Festival du film indépendant de Bordeaux (Fifib) arrive à faire rêver d’un grand événement en octobre, qui prend forme peu à peu.
Sur le devant de la scène, l’enthousiasme – c’est le maître-mot – de Pauline Reiffers et Johanna Caraire, les deux fondatrices de l’association Semer le doute à l’origine du festival, est palpable. En coulisse, Canal Com (l’agence qui épaule notamment l’Opéra de Bordeaux, Novart, Agora ou encore le futur Centre culturel et touristique du vin) déroule son efficace savoir-faire, et toute l’équipe de l’asso déploie son talent pour mener à bien un “teasing” alléchant. Graphisme arty, belle affiche et film promo léché, avec pour héroïne Adèle Haenel – sublime dans le «Naissance des pieuvres» de Céline Sciamma – et site Web à l’avenant. Du boulot de pro. Le but est tout de même d’en faire un rendez-vous qui séduira à la fois grand public et professionnels (lire l’interview de Pauline Reiffers dans notre édition du 7 juin) et qui aura «une stature internationale à la hauteur de la renommée de Bordeaux», comme l’indiquait hier Pauline Reiffers.
Vous avez dit «ciné indépendant» ?
La grande force des deux femmes est d’avoir su convaincre et susciter l’adhésion autour de leurs projets. À l’instar d’un Pierre Bénard, patron de l’UGC, et de Patrick Troudet, directeur de l’Utopia, puissance invitante de la première conférence de presse du Festival, hier, tous deux sous le coup de «l’enthousiasme». «On n’est pas trop festival à l’Utopia, mais on a été touché par leur enthousiasme et on plonge là-dedans avec curiosité», lançait un Troudet qui juge qu’il «ne [sait] pas ce que c’est le cinéma indépendant». Eh oui, vaste question ! Léo Soésanto, journaliste aux «Inrocks» et directeur artistique de l’événement, a sa vision de la chose : «Le cinéma indépendant, qu’est-ce que c’est ? Ce n’est pas seulement un sujet du bac. On peut dire que c’est un cinéma qui n’a pas de prétention commerciale – en Occident. Ailleurs, c’est un cinéma qui s’élève contre une politique, en Chine ou en Iran, par exemple... C’est toujours un regard différent, mais il y a autant de définitions que de cultures. Le Festival s’attachera à couvrir tous les visages de ce cinéma.»
Prochain rendez-vous le 4 septembre
Parmi les nouveautés révélées hier, le ciblage des huit films en compétition, qui ne seront que de premiers ou deuxièmes films, et le nom du parrain du Fifib : Olivier Assayas. L’ancien chroniqueur aux «Cahiers du cinéma» et réalisateur majeur de la “scène indé” (du brillant «Désordre» en 1986 à l’hybride film-série télé diffusé sur Canal «Carlos» en 2010) fait d’une phrase la jonction : «Le cinéma indépendant, c’est souvent le cinéma neuf, celui de la jeunesse. C’est le laboratoire du cinéma et il n’y a rien de plus précieux. C’est pourquoi il me paraît tout à fait naturel de soutenir un tel festival.» Quant au vrai invité du Fifib, il s’agira de Jonathan Caouette, inclassable réalisateur texan au style éminemment personnel, qui aura droit à une rétro de 4 films, une carte blanche pour 3 autres et se prêtera à l’exercice de la masterclass et aux rencontres dans le Village du Festival, dont on sait maintenant qu’il sera installé à la Maison écocitoyenne. Deux grands noms (dans le milieu) qui devraient donner au Fifib la légitimité espérée auprès des professionnels. Pour le grand public, tout devrait dépendre de la programmation et de la composition du jury, qui ne seront dévoilés que le 4 septembre. • Sébastien Le Jeune
Du 2 au 7 octobre. Retrouvez les grandes lignes déjà annoncées du Fifib sur www.bordeaux-festival.com