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Le mal est-il le moteur du capitalisme ?

Publié le 20 juin 2012 par Christophefaurie
Notre société est convaincue que l’homme est porteur du mal. Cela le pousse à « faire le mal », à se comporter de manière irresponsable. Je n'arrête pas de retomber sur cette thèse:
  • Elle est avancée par Sumantra Ghoshal comme cause de la bulle Internet. Il montrait que l’économie et les sciences du management faisaient l’hypothèse que l’individu devait être contrôlé, qu’on ne pouvait pas lui faire confiance. 
  • On la retrouve chez Marshall Sahlins et dans « Cradle to cradle », dans une formulation – nous nous aveuglons pour ne pas agir - proche des idées de Jean-Baptiste Fressoz (qui, lui, ne parle pas de mal).
Croire l’homme porteur du mal, a pour conséquence, disent les auteurs de « Cradle to cradle », que, tout occupé à sa repentance, il ne peut être révolutionnaire. Et si c'était là que se trouvait l'avantage concurrentiel de cette idée dans la sélection naturelle des idées ?
  1. En période de chaos (moyen-âge), cela permet à l’homme d’accepter un sort qu’il ne peut pas changer ; 
  2. cela fait aussi les affaires du puissant, dont les prérogatives ne sont pas menacées.
Mais, le coup de génie du mal a peut-être été le passage du catholicisme au protestantisme: 
Si l’autre est le mal, nous faisons son bien en lui infligeant les pires peines, par exemple en tirant de plus en plus de productivité de lui – la croissance, principe n°1 de l'économie – ou de richesses de la nature. Le mal est le moteur de l’innovation !
D’ailleurs, punir l’espèce humaine, n’est-ce pas le seul moyen de ne pas être le mal ? N'est-ce pas, aussi, faire le travail de Dieu ? Ne voyons-nous pas sa satisfaction dans les énormes récompenses matérielles qu'il nous octroie ? se disent peut être les maîtres du monde.
Alors, faut-il croire, au contraire, que l'homme est porteur du bien ? Il me semble plutôt que l’homme n’est ni bien, ni mal. L'existence précède l'essence, qui est sociale : l'homme n’est rien, a priori, il se construit en construisant le monde. Et, à mon avis, il ferait bien d’éviter le mal comme principe architectural…
Compléments :
  • Ghoshal, Sumantra, Bad Management Theories Are Destroying Good Management Practices, Academy of Management Learning and Education, 2005, Volume 4, n°1.

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