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Najat Vallaud-Belkacem avait raison : « marée basse pour l’UMP »

Publié le 21 juin 2012 par Kamizole

Il est plus que temps que cette année électorale prît fin : « Petit père Docu, je n’en puis plus ! ». J’ai fort besoin de "soffler" un peu et de "m’arpouser" comme dirait un Solognot. Sans même parler de remettre de l’ordre dans la maison où j’ai laissé beaucoup trop de choses aller à vau-l’eau cependant que je travaillais comme une bête sur l‘ordinateur… Mais vous dire l’énorme plaisir que je pris à voir dimanche soir cette première info tomber en ouvrant Google Actus peu après 20 heures : Marine Le Pen et Nadine Morano battues ! Depuis, il y eut d’autres bonnes nouvelles et d’autres qui ne furent guère réjouissantes.

Pas de "vague rose" mais "une marée basse bleue" (France TV.Info 11 juin 2012) affirmait donc Najat Vallaud-Belkacem au sujet des résultats du premier tour, en prenant toutefois bien garde d’affirmer que rien n’était gagné d’avance, bien au contraire. Il est désormais clair qu’au lendemain du second tour nous ayons affaire à une grande marée qui se retire fort loin. D’équinoxe avant l’heure. A particulièrement observer dans la baie du Mont-Saint-Michel.

Principales victimes : les pêcheurs (de voix) draguant le FN. Hécatombe électorale pour la Droite populaire (Le Monde 18 juin 2012). Ça dépote grave. La liste des battus - très connus ou non - ressemblant à la rubrique mortuaire après une catastrophe. Ils se croyaient solidement à l’abri sur le roc granitique de Tombelaine, mais faute de connaître la « passe », furent engloutis corps et biens par les sables mouvants d’un électorat qui n’a visiblement que fort peu goûté leur crypto-fascisme. Ils auraient perdu la moitié de leurs membres.

Sans même parler d’eux, une sacrée palanquée de députés de l’UMP va désormais disposer de suffisamment de temps libre pour retrousser leurs bas de pantalon et partir « à la pêche aux moules, moules, moules » quand bien même diraient-il « Je n’veux plus y aller maman, Les gens de la ville, ville, ville, M’ont pris mon panier maman ». Ouh ! Les vilains… A moins qu’ils ne préférassent y fredonner « sur la plage abandonnée, coquillage et crustacé » ?

Même La Rochelle ne sera désormais plus la même. Je lis sur le blog de Françoise Fressoz que les socialistes réfléchiraient désormais à un autre point de chute pour leur université d’été… Pour les socialistes, La Rochelle est devenue « le port de l’angoisse » (Le Monde 18 juin 2012). Plutôt marrant lorsque l’on sait que le titre original du film - tiré d’un roman d’Ernest Hemingway « To Have and Have not » qui se traduit par « En avoir ou pas » et que le héros sera entraîné par amour dans une histoire politique : la résistance française aux nazis… Pour faire court, ils ne souhaitent pas être y accueillis par un député désormais « collabo » : élu grâce aux voix de l’UMP et du FN.

Parmi les bonnes nouvelles : Les ministres en campagne ont tous été élus (Le Monde 17 juin 2012). Ils ont réussi leur examen de passage - à la veille de l’épreuve de philo du bac, cela tombe bien - y compris les plus incertaines : à savoir Aurélie Filipetti qui se présentait dans une nouvelle circonscription issue du redécoupage électoral - le charcutier en chef : Alain Marleix n’avait pas anticipé le rejet de Nicolas Sarkozy et partant, de l’UMP. Et Marie-Ange Carlotti qui se présentait dans la 5e circonscription des Bouches-du-Rhône et l’a emporte contre le pourtant inamovible Renaud Muselier, ce qui n’est pas une mince affaire.

Il n’y eut, hélas, pas que de bonnes nouvelles. Savoir que le FN aurait deux élu(e)s. Marion Maréchal-Le Pen, élue à Carpentras et le plus que répugnant avocat médiatique - à moins que ce ne fut avocaillon merdatique - Gilbert Collard. Lequel brille par l’élégance naturelle de son langage - il m’étonnerait toutefois qu’il eût plaidé ainsi sans être rappelé à l’ordre (des avocats). Selon ce que je m’apprend Tristan Berteloot sur le Nouvel Obs Les "casse-couilles" de Collard (18 juin 2012) il n’aurait cessé de répéter en boucle sur toutes les chaînes et radios qu’il allait «tant pis pour les oreilles chastes, leur casser les couilles ». Je l’avais quant à moi entendu sur France 2, dire qu’il allait « les tenir par les couilles »… S’agissant des nombreuses femmes ministres et députés du PS, cela me paraît relever d’une sacrée gageure !

Je n’ai pas les oreilles particulièrement chastes - mieux vaut quand on est infirmière ! - mais pourquoi tant de vulgarité ? Il fait irrésistiblement penser à Bernard Tapie, à cette différence près que le seul mérite que je reconnaisse à celui-ci est d’avoir toujours combattu le FN.

Bien entendu, je suis déçue par l’échec de Ségolène Royal mais il était amplement prévisible. Quant à celui de Jack Lang - parachuté dans les Vosges - quel besoin avait-il besoin, à 73 ans de briguer un énième mandat ? Un socialiste plus jeune et implanté localement l’aurait-il emporté ? Nous ne le saurons jamais.

Déception également au niveau local puisque Charlotte Brun n’a pas été élue dans la 7e circonscription du Val d’Oise (comprenant notamment Montmorency) mais le pouvoir d’extrême nuisance de Jérôme Chartier - acharné contre les pauvres - sera fortement réduit dans l’opposition. Petite consolation. Néanmoins, j’ai reçu un mail de Charlotte Brun nous informant qu’en raison du faible écart de voix (209) et de très nombreuses irrégularités commises par l’UMP lors de la campagne du second tour, la possibilité d’un recours contre l’élection de Jérôme Chartier était à l’étude. Wait and see.

En revanche, je ne bouderais pas mon plaisir en apprenant sur Le Parisien que dans la 9e circonscription Yanick Paternotte (UMP) s’est proprement fait bananer par Jean-Pierre Blazy (17 juin 2012) qui a obtenu 54 %. Comme cela, le député sortant et maire de Sannois pourra aller affronter les juges de correctionnelle - pour une sordide affaire de donation plus que dolosive à l’égard d’une personne âgée vulnérable, cf. un article récent Elections législatives dans le Val d’Oise : carton rouge à Yanick Paternotte ! (16 juin 2012) - sans passer par la case levée de l’immunité parlementaire.

Par ailleurs, un article de Jennifer Declémy paru sur Paris Dépêches (l’actualité du Grand Paris) m’apprend que la gauche remporte 6 sièges dans le Val d’Oise (18 juin 2012) alors qu’elle n’en comptait qu’un seul, celui de François Pupponi, « reconduit à une écrasante majorité à Sarcelles avec 66,30 % des suffrages ». Ont été ainsi élus, outre Jean-Pierre Blazy dans la 9e circonscription :

Dominique Lefebvre, maire de Cergy-Pontoise et par ailleurs premier fédéral socialiste du Val d’Oise, dans la 10e circonscription (Cergy-Nord) - nouvellement créée - avec 62 % des voix.

Jean-Noël Carpentier (divers gauche) dans la 3e circonscription (Beauchamp, Cormeilles-en-Parisis, Herblay, Taverny) qui avec 52,05 % a détrôné l’inamovible Jean Bardet (député depuis 1993) par ailleurs ancien conseiller municipal de Taverny et actuellement, conseiller régional.

Gérard Sebaoun(PS) a battu dans la 4e circonscription (Eaubonne, Ermont, Franconville, Saint-Leu-la-forêt, autant de communes proches de Montmorency que je connais particulièrement bien) le député UMP Claude Bodin en le devançant avec 50,25 %. Député depuis 2007 (il succéda à l’inamovible Francis Delattre) il est par ailleurs membre de la Droite populaire, venant de l’extrême droite (Maigret et Le Pen). J’y reviens par ailleurs « Nous partîmes 43 ; mais par un prompt désaveu nous nous vîmes 19 en arrivant au port » mais c’est dire si mon plaisir est double…

Exit aussi un autre membre de la Droite populaire particulièrement répugnant, à savoir Georges Mothron (je lui taille une veste électorale toute saison dans un autre article) battu a plates coutures (59,27 % des suffrages) dans la 5e circonscription (une grande partie d’Argenteuil et Bezons) par le maire socialiste d’Argenteuil, Philippe Doucet. Ce qui me réjouit d’autant plus que j’apprécie Philippe Doucet pour l’avoir côtoyé et entendu souventes fois dans des réunions du Parti socialiste.

« Marée basse » ? Les « étoiles » (de mer) déchues se ramassent à la pelle et le Nouvel Obs ironise sur La chute des 7 samouraïs de la Sarkozie, de Morano à Guéant (17 juin 2012). Pour ma part, j’aurais pris bien plus volontiers le titre d’un autre film : « Les sept salopards »…

Morano tombée à Toul - elle qui « disait tout devoir à Sarkozy (…) lui devra sans doute sa défaite pour avoir suivi la ligne Buisson - rapprochement avec le FN » et Guéant à Boulogne-Billancourt - « l’homme de l’ombre retourne à l’ombre (…) payant le prix de son parachutage non accepté par la droite locale »… La leçon de l’élection municipale mouvementée à Neuilly-sur-Seine n’a visiblement pas été retenue… alors que l’échec de Guéant était amplement prévisible.

Valérie Rosso-Debord chute également en Lorraine, à Nancy. Je ne risque pas de pleurer sur « la flingueuse flinguée ». Snipeuse défendant Nicolas Sarkozy - à moins que ce ne fût également son poste de député ? À coups de monumentales conneries et saloperies destinées à salir ses adversaires.

Je ne pense pas qu’Eric Raoult « payât le prix de la fidélité » à Nicolas Sarkozy. Les électeurs de la 12e circonscription de Seine-St-Denis l’auront sanctionné à la fois pour sa ligne très dure - il est membre de la Droite populaire - à l’égard des étrangers et la politique anti-sociale de l’UMP dans un département ravagé par la crise. Quand à la campagne qu’il mena récemment pour faire attribuer à Nicolas Sarkozy le prix Nobel de la paix, je pense qu’elle n’aura guère eu d’influence sur son échec. Sauf à prouver qu’il est encore plus stupide qu’on l’imaginait. Et puis quoi encore ? Pour l’extraordinaire courage déployé pour soutenir le peuple tibétain et le Dalaï Lama face aux hiérarques de Pékin ?

Avec Guillaume Peltier, c’est « le bébé Buisson qui va au tapis » - ex facho, il ne pouvait que suivre la calamiteuse ligne : à l’extrême droite toute ! de son mentor. Il ne me faisait aucun doute qu’il se ferait cueillir d’un direct du gauche par Jean-Patrick Gille, député sortant de la 1e circonscription d’Indre-et-Loire (Tours).

Rien ne va plus pour MAM ! « poursuivie par la poisse »… 2012 semble devoir ressembler pour elle à « la sale année 2011 quand ses escapades en Tunisie lors de la révolution lui avaient coûté son poste de ministre des Affaires étrangères ». Son échec dans la 6e circonscription des Pyrénées-Atlantiques où elle était élue depuis 1986 était hautement prévisible. Quand la scoumoune s’en mêle…

Comme les trains, un Guéant peut en cacher un autre et j’apprends avec le même plaisir sur le Nouvel Obs Dans les pas d'un nouveau député : "Je dormirai sur ma banquette" (19 juin 2012) que Paul Molac, député régionaliste du Morbihan qui fait partie des nouveaux élus a battu dans la 4e circonscription (Ploërmel) François Guéant, le fils de l’ancien ministre de l’Intérieur qui ne doutait vraisembla-blement de rien. Etre « fils de… » vous posant son homme. Sauf quand celui-ci a indisposé nombre de personnes par ses déclarations plus racistes et xénophobes les unes que les autres ?

L’UMP - déchirée par la « guerre des chefs » - Jean-François Copé et François Fillon - et entre les partisans de la droitisation et ceux qui prônent le retour aux valeurs républicaines modérées, aura sans doute beaucoup de mal à se refaire la cerise, y compris sur le plan financier. Je lis en effet sur Le Monde que l’UMP est amputée d’un tiers de son financement  (19 juin 2012) par le seul mécanisme du financement public des partis politiques tel que défini par la loi de 1988 qui accorde - chaque année - aux partis ayant obtenu au moins 1 % dans 50 départements 1,68 € par voix. Au premier tour, le Parti socialiste a raflé la mise (12,79 millions contre 10,45 millions en 2007) alors que l’UMP n’a perçu que 11,8 millions (au lieu de 16,77 millions en 2007°

Ensuite, les formations politiques perçoivent également environ 42.000 € par an pour chaque parlementaire - député ou sénateur - qui se réclament de leur parti. C’est dire si l’hémorragie financière sera importante à l’UMP. Ce à quoi s’ajoutent les pénalités dont ils doivent s’acquitter en raison du nom respect de la parité homme-femme…

Nicolas Sarkozy avait largement puisé dans les caisses de l’UMP pour organiser des congrès ou des événements pharaoniques. Nul doute qu’il n’ait également à nouveau vidé les caisses pour sa dernière campagne présidentielle. La manne se tarit et comme la fourmi de la Fable nous dirons à ceux qui n’ont pas su réfréner la dispendieuse cigale :  « Vous chantiez ? J’en suis fort aise : Eh bien ! Dansez maintenant »

:)


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