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Le vent

Publié le 22 juin 2012 par Pjjp44
Le vent
"Je suis le vent joyeux, le rapide fantôme Au visage de sable, au manteau de soleil, Quelquefois je m'ennuie en mon lointain royaume; Alors je vais frôler du bout de mon orteil le maussade océan plongé dans le sommeil. Le vieillard aussitôt se réveille et s'étire Et maudit sourdement le moqueur éternel L'insoucieux passant qui lui souffle son rire Dans ses yeux obscurcis par les larmes de sel. .../...
Le vent
.../...A me voir si pressé, l'on me croirait mortel: Je déchaîne les flots et je plonge ma tête chaude encor de soleil dans le sombre élément Et j'enlace en riant ma fille la tempête; Puis je fuis. L'eau soupire avec étonnement; -C'était un rêve, hélas!-non, c'était moi, le Vent! Ici le golfe invite et cependant le passe; Là-bas la grotte implore et je fuis son repos; Mais, poète! comment ne pas aimer l'espace, L'inlassable fuyard qu'on ne voit que de dos Et qui fait écumer nos sauvages chevaux!
.../...
Le vent

../... Il n'est rien ici-bas qui vaille qu'on s'arrête et c'est pourquoi je suis le vent dans les déserts Et le vent dans ton coeur et le vent dans ta tête; Sens-tu comme je cours dans le bruit de tes vers Emportant tes désirs et tes regrets amers? Les amours, les devoirs, les lois, les habitudes Sont autant de geôliers! Avec moi viens errer A travers les Saanas des chastes solitudes! Viens, suis-moi sur la mer, car je veux te montrer des ciels si beaux, si beaux qu'ils te feront pleurer Et des morts apaisés sur la mer caressante .../...
Le vent
../...Tu n'interrompras point cette course farouche; Tu fuiras avec moi sans t'arrêter jamais; La vie est une fleur qui meurt dès qu'on la touche .../...
Le vent
.../... Ici  j'éteins le ciel, plus loin je le rallume; Quand ce monde d'une heure a perdu son attrait Je souffle: Le réel s'envole avec la brume.../...
Le vent
.../...Un jour tu me crieras: "Je suis las de ce monde.../...
Le vent


.../... Alors je soufflerai, rieur, sur ton visage Du pur soleil d'automne et sur l'esquif errant Le frisson vaporeux des pourpres du naufrage; Et l'aube te verra dormir profondément Sur le sein de la mer illuminé de vent!"
extraits de:  "Le vent" - Oscar Vladislas De Lubicz- Milosz
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