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Metz, de droite à gauche (suite)

Publié le 24 juin 2012 par Délis

Cet article fait suite à une première analyse publiée le 15 avril dernier. Y étaient examinés les facteurs concourant au renforcement des positions socialistes à Metz : effets de l’alternance municipale, recomposition sociologique, droite déchirée. Les résultats des élections présidentielles et législatives jettent une lumière nouvelle sur ce dernier point: stable en nombre de voix, la gauche bénéficie de la décomposition accélérée du socle électoral de l’UMP.

Les élections présidentielles et législatives ont donc confirmé avec force la pente ascendante de la gauche messine. A chaque scrutin le Parti Socialiste repousse les bornes de son emprise : 48,3% en  2008 ; 50,8 % en de 2010 ; 51,7 % à l’élection présidentielle, jusqu’à 53% aux élections législatives.

A gauche toute

Les 10 et 17 juin dernier,  tous les cantons urbains ont placé les candidats socialistes en tête, là où les élus UMP bénéficiaient jusqu’en 2007 de confortables avances. Ainsi le canton de Metz-ville 3, citadelle inviolée de la droite depuis la restitution de 1918 : les électeurs de ces quartiers pavillonnaires ont placé l’UMP sortante Marie-Jo Zimmermann (élue au premier tour en 2007 !) en seconde position derrière la candidate socialiste Christiane Pallez (48,7 contre 51,3 %). Dans le canton de Metz-ville 4, le sortant Denis Jacquat est largement dominé par le conseiller général PS Jean-Michel Toulouze, à 44,7 contre 55,3%, en dépit de l’abstention massive de quartiers favorables à la gauche (Borny). Les deux candidats UMP ont donc bel et bien perdu leur assise à Metz, et ne doivent leur réélection qu’au vote rural.

Il faut cependant, si l’on veut apprécier la véritable ampleur de la poussée socialiste, faire la part de l’abstention; les 53% socialistes de 2012 pèsent en effet moins lourds, en nombre de voix, que les 48% de 2008.  Examiner les évolutions réelles des rapports de force UMP/PS au sein de l’électorat messin commande de revenir au nombre de voix par rapport aux inscrits lors des duels de second tour.  Cette méthode présente l’avantage de placer les résultats de chaque élection en regard d’une base à peu près constante (70 à 73 000 électeurs inscrits, cf. note 1), contrairement à la référence très fluctuante des bulletins exprimés.  Sera ainsi mesurée l’attractivité réelle d’une offre politique au sein de la population.

Vote PS haut mais stable, écroulement du vote UMP

Le tableau ci-dessous répond à cet exercice. Y sont inscrits les résultats des deux grandes formations au second tour de chaque élection -sans présence du FN- en nombre de voix sur la commune de Metz uniquement (rapportés entre parenthèse au nombre des inscrits à date)1

Metz, de droite à gauche (suite)

 L’évolution du rapport de force entre vote socialiste et vote UMP devient alors parfaitement lisible.

- la progression réelle du vote socialiste intervient pour l’essentiel avant l’élection municipale de 2008. Il est globalement stable, à un niveau haut, depuis les municipales. On note un léger retrait du vote socialiste là où est impliqué le personnel politique messin (-800 voix entres les municipales et les législatives), contre une très légère hausse pour les présidentielles : François Hollande gagne à Metz… 536 voix par rapport à Ségolène Royal.

- C’est du côté de l’UMP qu’il faut rechercher la véritable évolution du comportement électoral messin ; elle y est spectaculaire. Nicolas Sarkozy perd ici dix fois plus de voix que le PS n’en gagne (– 5101 voix). Entre les dernières municipales et les élections législatives, la droite messine subit une saignée de même envergure (-4006 voix).

Les résultats officiels présentent les performances socialistes meilleures qu’elles ne le sont, mais masquent plus encore l’ampleur de l’hémorragie à droite (vers le Front National au premier tour, vers l’abstention au second tour). Dans ce contexte, on voit mal comment l’UMP locale, qui vient de déclarer ouverte la saison des jeux de massacre, pourrait prétendre inverser la donne dans les deux ans qui viennent.

  1. source : ministère de l’Intérieur. Électeurs inscrits : 71 515 inscrits en 2001, 72  972 inscrits en 2007, 73 272 en 2008, 70 818 en mai 2012, 70 853 en juin 2012. Les résultats des élections législatives de 2007 (14,9% des inscrits pour le PS, 15,7% pour l’UMP) ne sont pas intégrés au tableau : les 40 000 électeurs messins de la troisième circonscription n’ont pas eu à se prononcer au second  tour, Marie-Jo Zimmermann remportant l’élection dès le premier tour – 47% des voix sur Metz, plus de 50% dans l’ensemble de la circonscription [Revenir]

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