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Après Sarko/Villepin, vous allez adorer Fillon/Copé !

Publié le 25 juin 2012 par Juan
Après Sarko/Villepin, vous allez adorer Fillon/Copé ! Lui aussi a commis le tweet de trop. François Fillon, quelques heures avant le second tour, avait désavoué Nadine Morano sur Twitter. Avec quelques mots sur ce réseau social, il avait effacé les bénéfices du soutien apporté trois jours avant, quand il s'était déplacé en Moselle pour aider la candidate sarkozyste de Toul.
Surtout, François Fillon vient de réaliser que la guerre contre son rival Copé sera totale et sans merci. La guerre des droites est une tradition française qui fait passer les bisbilles à gache pour des disputes de cour d'école.
Après les crocs de boucher de Sarko contre le cabinet noir de Villepin, place à ce nouveau duel.
Morano, première approche
Mardi 12 juin, François avait voulu s'amadouer Nadine, en se déplaçant à Toul. Mais trois jours plus tard, Nadine Morano avait été piégée par l'humoriste Gérald Dahan. Ce dernier s'était fait passer pour Louis Alliot, vice-président du FN. L'ancienne ministre de Sarkozy avait confié son soutien et sa proximité. Elle dénonça après un piège socialiste. Fillon, lui, préféra rappeler qu'importe le canular. On ne débattait pas avec le FN. « Nadine Morano aurait dû raccrocher ». Sur le moment, personne n'imaginait que ce tweet aggraverait les hostilité
s.
Dès dimanche 17 juin, la messe était dite. Nadine Morano fut largement défaite. Et elle avait acquis la solide conviction que son ancien premier ministre avait joué contre elle. Depuis, elle est en guerre sur les écrans et les ondes. Après un houleux bureau politique mercredi dernier, elle s'est expliquée sur France 5 jeudi soir. Au point de faire rire ou protester avec ses démentis maladroits. Mais sur BFM-TV le lendemain, elle fut plus violente encore, et cette fois-ci contre Fillon, l'accusant explicitement de lâcheté: « le courage n'est pas sa plus grande qualité. » Et elle concluait:  « je préfère cent fois Jean-François Copé ».
Mais elle n'était pas seule. La séquence de ces derniers jours a montré combien la partie est loin d'être gagnée pour Fillon qui brigue la présidence de l'UMP. L'ancien premier jouit peut être d'une popularité sondagière plus importante, y compris parmi les sympathisants de l'UMP, que son grand rival. Mais la guerre est déclarée. Et la récente campagne présidentielle a montré combien le clan sarkozyste était capable des pires coups bas pour parvenir à ses fins.
Guerre totale
Jean-François Copé tient le parti. C'est sa grande forme. Il y a fort à parier qu'une élection interne aujourd'hui donnerait une large avance à l'ancien avocat d'affaires parmi les délégués. 
Samedi, François Fillon a perdu un autre de ses soutiens. Le chiraquien François Baroin, qui a déclaré que Jean-François Copé était légitime pour diriger le parti. Il ne pouvait compter que sur Valérie Pécresse qui déclarait qu'il était « le meilleur pour nous faire gagner en 2017 », trop tôt au Figaro.
A Paris, le nouveau député Fillon risque également de perdre une belle partie de l'UMP locale. Un putsch se prépare, croit savoir le JDD, à l'initiative d'élus locaux proches de Jean-François Copé: « Claude Goasguen, Pierre Charon, Rachida Dati et quelques autres attendent le feu vert de Jean-François Copé, dont ils sont tous plus ou moins proches, pour faire sécession. »
Copé affaibli ?
Le député-maire de Meaux a été affaibli ces derniers mois. Il n'a pas empêché l'hémorragie militante de l'ancien parti sarkozyste. Partisan de la ligne Sarkozy jusqu'au bout, il va devoir prouver pourquoi l'alignement sur les thèses du Front national serait une bonne stratégie.
L'affaire Karachi a aussi laissé des traces. Jean-François Copé était trop jeune pour trafiquer quelques millions de rétrocommissions en 1993-1995 sous le gouvernement Balladur. Mais il était un grand ami de Ziad Takieddine. On se souvient de ses incroyables photos d'un Copé flottant dans la piscine d'Antibes de l'homme d'affaires publiées par le site Mediapart durant l'été 2011. Ziad Takieddine a payé beaucoup, a offert souvent. Le couple Copé s'est fait inviter au Liban, à Londres, à Antibes, ou sur le yacht... Takieddine avait l'amitié généreuse. Quand Copé se laissait ainsi invité, en famille, il était ministre de la République
Copé a été affaibli ces derniers mois, et donc la guerre sera totale.
Remords tardifs
Chantal Jouanno, sénatrice UMP de Paris, a exprimé la semaine dernière sa nausée personnelle devant la dérive droitiste de son ancien mentor. Rappelons qu'elle débuta sa carrière politique comme simple conseillère à l'environnement de l'ancien Monarque.
Roselyne Bachelot a également confié son désarroi. Il était suffisamment profond pour qu'elle anticipe la défaite de Sarkozy et rédige un livre, avant le résultat des élections, pour dire combien elle avait été déçue par la campagne de Nicolas Sarkozy. Au moins était-elle restée à sa place: « Nicolas Sarkozy avait commis des erreurs de comportement qui l’avaient fragilisé dans son propre électorat. À cela venait s’ajouter la stratégie que l’on a appelée la stratégie droitière, qui allait éloigner de nous des électeurs modérés et pour autant absolument pas nous rapprocher de ceux du FN. ».
Une autre n'avait pas eu cette dignité morale, toute préoccupée qu'elle était à se placer pour l'après-6 mai. Dimanche, l'ancienne ministre Nathalie Kosciusko-Morizet a donc confié son expérience de campagne. A quelques heures d'un grand déballage à l'UMP sur le thème des valeurs, l'aristocrate de Longjumeau a fait mine de donner des leçons: « J'ai accepté d'être porte-parole, je savais que c'était un job dur (...) J'ai vécu des débats internes très rudes, qui se sont déroulés à la Une des journaux : tout le monde sait bien que j'avais une ligne différente de celle de Patrick Buisson ». La pauvre chérie ! Si elle était en tel désaccord, pourquoi s'est-elle aussi investie ? NKM avait le courage des repentis ou des opportunistes: « il y a des choses qu'il vaut mieux dire avant les élections qu'après ».

Quelque soit leur sincérité individuelle, ces trois-là risquent d'être bien déçues par le grand débat estival que l'UMP débute sur ses « valeurs » cette semaine.
Ces derniers jours ont montré qu'il ne s'agissait que d'une chose, un nouveau combat pour le leadership à droite.
François Fillon pourra-t-il débrancher Jean-François Copé ?
Ami sarkozyste, revient vite !


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