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Conte soufi : La boucle est bouclée

Par Unpeudetao

Comment Odi Odam en vint-il à suivre l’enseignement du Sage, Dervish Rahim ?

   Un jour, sortant de sa torpeur, Odi Odam pensa, au moment où un rayon de soleil lui tombait sur les yeux : « Il est grand temps que j’accomplisse quelque chose. »
   Il regarda autour de lui en quête d’une idée. Son regard s’arrêta sur un livre, dans un coin de la pièce. Ce livre était là depuis des années (il était déjà là du temps de son regretté père), mais il n’y avait jamais prêté attention.
   « Cela devrait faire l’affaire, pour commencer, se dit-il. N’a-t-il pas été établi par les savants qu’ »il vaut mieux faire quelque chose que ne rien faire du tout » ? »
   Il ramassa le livre, le mit dans sa poche et se rendit dans la ville voisine. Il s’installa sur la place du marché avec cet unique objet. Un homme l’aborda bientôt.
   « Quelle vertu particulière a donc ce livre, et à quel prix l’estimes-tu ? demanda-t-il à Odi Odam.
   – Eh bien, dit Odi Odam, ce livre appartenait à mon père, ce qui veut dire, évidemment, que c’est un ouvrage de très grande valeur. Ne respectes-tu pas toi-même le jugement de ton père ?
   – Bien sûr que si », dit l’autre.
   Il donna à Odi, pour le livre, tout l’argent qu’il avait.
   Peu après Odi avisa dans une rue un homme assis près d’un tas de plumes. Cet homme venait en fait de plumer une volaille et de la vendre à un client, et les plumes restaient sur le pavé.
   « Quelle vertu particulière ont donc ces plumes, et à quel prix les estimes-tu ? » s’enquit Odi.
   Le marchand était d’une honnêteté plus que douteuse.
   « Elles sont à toi, fit-il, si tu me donnes tout l’argent que tu as. Quant à leur vertu, il ne m’est pas permis d’en parler. »
   Une loi locale interdisait en effet aux commerçants de vanter leurs produits de façon mensongère.
   Odi donna à cet homme tout l’argent qu’il avait, et partit avec les plumes.
   « Si elles ont une valeur cachée, pensa-t-il, je finirai bien par le savoir. Ce qui compte, c’est la possession, pas l’information. »
   Il s’était souvenu du vieil adage : « L’information ne mène pas toujours à la possession, mais la possession peut mener à l’information. »
   Il en était là de ses réflexions lorsqu’il se trouva nez à nez avec un idiot aux manières engageantes, qui lui dit :
   « Je voudrais bien avoir des plumes comme celles-là, pour pouvoir faire l’oiseau. Mais je suis pauvre.
   – Que sais-tu de la vertu secrète des plumes ? demanda Odi.
   – Rien, dit l’idiot, qui ne savait rien.
   – En ce cas, dit Odi, tu n’auras pas un avantage sur moi si je m’en défais. Que peux-tu donner en échange, mon ami ?
   – Que dirais-tu de ce livre qu’un passant vient de me jeter à la figure sous prétexte que je l’agaçais ? »
   Odi reconnut le livre de son père.
   Il échangea les plumes contre le livre, mais, comme il ne savait pas lire, il l’apporta à Dervish Rahim.
   Le Sage lui dit :
   « Ce livre porte ce titre : Ne t’aventure jamais à échanger une chose contre une autre. Si tu fais cela, tu as une chance sur un million de retrouver l’occasion de prendre un vrai départ. »

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