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Quand des citoyens rencontrent leurs élus

Publié le 26 juin 2012 par Gregorykudish
Quand des citoyens rencontrent leurs élus
Depuis que le gouvernement libéral de Jean Charest a adopté la loi 78, la colère populaire n'a pas tardé à s'exprimer spontanément dans les rues. Manifestations de casseroles, signatures de pétitions, lettres d'opinion dénonçant l'attitude du gouvernement... Tous les moyens semblent bons pour s'indigner. Mais quelle est la place des élus dans cette indignation? Après tout, le député, outre son rôle de législateur, incarne également la fonction de médiateur. Celle-ci veut que le député soit à l'écoute de ses électeurs, et les consulte régulièrement. Le mardi 19 juin, les députés Nicolas Girard et Véronique Hivon organisaient une conférence au Petit Medley. Le sujet du jour : la loi 78. Cependant, cette conférence aura également permis aux deux jeunes députés du Parti québécois de partager leur vision du Québec, tout comme de sensibiliser le public à l'importance de l'engagement citoyen.
C'est par un temps chaud et humide qu'une cinquantaine de citoyens s'étaient réunis au Petit Medley pour entendre le témoignage des deux députés. L'invitée du jour était Véronique Hivon, députée de Joliette. Son discours nocturne à l'Assemblée nationale sur la loi 78 lui a attiré la sympathie de milliers de Québécois qui ont vu en elle le signe de l'engagement d'une nouvelle génération de députés. Étant à l'origine de la commission Mourir dans la dignité, Mme Hivon s'est notamment distinguée par sa critique détaillée de la loi 78. Elle a profité de sa rencontre avec des citoyens de Gouin pour partager avec eux son indignation à l'endroit de cette loi spéciale.
Une loi ignoble
«La loi 78 est une loi ignoble qu'il faut combattre avec toute la force de notre indignation et par tous nos moyens démocratiques. C'est une loi que je ne pensais jamais voir atterrir sur le parquet de l'Assemblée nationale». C'est par ces mots que Mme Hivon a entamé son discours devant un auditoire majoritairement souverainiste. Selon elle, la loi 78 est ignoble sur trois niveaux. Au niveau de son adoption, Mme Hivon déplore le fait que le gouvernement ait accordé si peu de temps à la consultation et au respect mutuel. En effet, seulement vingt heures se sont écoulées entre sa première lecture et son adoption finale. Sur le plan de son contenu, Mme Hivon met l'accent sur le caractère totalement arbitraire de cette loi. Ne comportant aucune définition des termes employés, la loi 78 laisse place au règne du «gros bon sens», où chacune de ses dispositions peut être interprétée de manière différente par les autorités. Qui plus est, son article 9 accorde des pouvoirs démesurés à la Ministre de l'Éducation qui peut dorénavant suspendre toute disposition de n'importe quelle loi au Québec pour faire respecter la loi 78.  Enfin, la loi 78 est ignoble car elle envoie un  message de cynisme à la population. Par son attitude arrogante et intransigeante, Mme Hivon soutient que le gouvernement Charest fait preuve de je-m'en-foutisme et d'aveuglement face aux revendications de sa population. Ce cynisme, Mme Hivon veut le combattre sur tous les fronts. Selon elle, la lutte au cynisme passe par trois acteurs de la société : les élus, les médias et les citoyens. Par leur engagement, Mme Hivon croit que les citoyens redonnent de l'énergie et de l'espoir à leurs élus, qui peuvent dès lors compter sur leur appui dans leur travail quotidien. Quant à eux, les médias ont également un rôle important à jouer. Ils doivent notamment s'assurer de montrer au grand public que la politique ne concerne pas uniquement une période de questions à l'Assemblée nationale. «Cette lutte au cynisme, elle est d'autant plus fondamentale quand on veut réhabiliter le collectif», clame-t-elle.
Une période de questions qui dépasse la loi 78
Après l'intervention de Mme Hivon, les citoyens présents au Petit Medley ont pu poser des questions aux deux députés. Si la plupart des questions concernaient la loi 78, plusieurs citoyens ne se sont pas retenus à poser des questions dépassant le cadre de la loi spéciale. Certaines d'entre elles se sont avérées plutôt inconfortables pour les deux députés. «Est-ce que le Parti québécois est prêt à reconnaître juridiquement le droit de grève aux associations étudiantes?» En voilà une à laquelle M. Girard et Mme Hivon n'ont pas répondu. Ils se sont plutôt contentés de rappeler l'importance de la liberté d'association, tout comme de déplorer l'intransigeance de Jean Charest. «Quelle est la position du Parti québécois sur le principe d'une loi spéciale?» En voilà une autre qui a obligé les deux députés à tourner autour du pot. Après avoir rappelé qu'une loi spéciale n'est jamais une bonne chose et que le PQ est fondé sur des bases démocratiques et des convictions très fortes, Mme Hivon a tenu à souligner que le PQ est également un parti pragmatique, dont le but est de rassembler le plus de gens possible. Nicolas Girard a par la suite enchaîné sur les propositions de réforme démocratique du PQ, comprenant notamment des élections à date fixe, des référendums d'initiative populaire, et une réforme du financement des partis politiques. Les deux députés ont par ailleurs tenu à souligner que le PQ est la seule formation politique qui propose de telles réformes. Une grave erreur démagogique par laquelle ces derniers ont essayé de faire oublier à leur auditoire les propositions de réforme démocratique de Québec solidaire, du Parti vert, et d'Option nationale. Pour ma part, j'aurai retenu de cette conférence qu'au-delà de son opposition à la loi 78, le Parti québécois semble avoir avant tout une soif effrénée de pouvoir, une soif qui risque de lui faire perdre mon vote aux prochaines élections.

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