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La France malade de son temps ?

Publié le 27 juin 2012 par Romlor

Un patron méconnu du CAC 40, Guillaume Poitrinal, Président du directoire d’Unibail Rodamco, vient de publier aux éditions Grasset un petit opuscule original : Plus vite ! La France malade de son temps.

A l’heure de la civilisation des loisirs, du slow food et de l’éloge de la lenteur, il serait urgent d’en faire moins, et surtout, moins vite. Guillaume Poitrinal, en chef d’entreprise, pense le contraire. L’auteur constate « qu’entre complexité administrative et conservatisme, la France est prisonnière d’un temps trop long ». Et Guillaume Poitrinal de s’interroger : « comment la réveiller ? » avec un début de réponse : « Si la France produisait en 355 jours ce qu’elle réalise en 365, elle augmenterait sa croissance de 3 %… ».

L’auteur multiplie la litanie d’exemples de nos lenteurs françaises. Le plus souvent, ces exemples sont d’ordres administratifs. Ils pointent ainsi le code de l’urbanisme pesant plus de 3000 pages, l’engorgement des tribunaux administratifs qui retardent les décisions juridiques faute de moyens (ces tribunaux n’ont pas plus de magistrats qu’en 1830 nous dit l’auteur).

De même « il faut dorénavant compter en moyenne entre dix et quinze ans pour livrer clefs en main un centre commercial, un centre de congrès, des expositions ou bien une tour de bureaux. Cela va respectivement deux, trois et cinq fois plus vite ailleurs en Europe, aux Etats-Unis et en Chine. »

Ah la France… Ah notre bon vieux pays de cocagne, engoncé dans ses retards, ses lenteurs, ses vieilles habitudes. Si l’essai de Guillaume Poitrinal est percutant, il n’en est pas moins quelque peu engoncé lui aussi dans certains clichés. La situation n’est pas aussi kafkaïenne. Le carcan administratif est parfois, de plus en plus souvent même, contourné, allégé, et les administrations savent aussi faire preuve de réactivité lorsqu’un projet leur est soumis.

On aurait aimé que ce livre cite quelques exemples positifs, quelques améliorations existantes qui sont également autant de force du modèle public français. Ainsi, de nombreux chefs d’entreprises, d’auto-entrepreneurs, d’associations également, reconnaissent la qualité et la valeur ajoutée de l’expertise publique sur leur projet.

Dans la réalité, le réel blocage ne réside pas dans la rapidité de mise en œuvre mais bien plutôt dans la logique de guichet qui gangrène notre fonctionnement. Aujourd’hui  les sphères privées et publiques ont des relations basées sur cette logique du guichet, et non celle du projet. L’entreprise vient chercher une subvention, une autorisation. L’administration lui délivre, ou  non. A de trop rares moments le projet l’emporte sur les moyens. A de trop rares moments un projet partagé et cogéré apparaît. Dans nombre d’autres pays européens, public et privé s’interpénètrent bien plus, les carrières se font dans l’une et l’autre sphère, et le dialogue y est bien plus naturel.


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