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Paroles de gardiens Part. II : Antoine Trombetta vs Guillaume Duquenne

Publié le 27 juin 2012 par Guillemette
Ils sont Rouennais, occupent le même poste, mais leur terrain de jeu est différent. Ils ont remporté des titres avec leurs clubs respectifs et seront 2e gardien junior de leur équipe à la rentrée. Quelle perception ont-ils de leur fonction ? A quels questionnements sont-ils confrontés ? Quelle est leur personnalité ? Réponses croisées avec Antoine Trombetta, vice-champion d'Europe en titre avec les Spiders de Rouen (roller hockey) et Guillaume Duquenne, champion de France cadets 2010 et 2011 avec les Dragons de Rouen (hockey sur glace). Second et dernier volet. 


Guillemette Flamein : quelles sont vos principales qualités humaines ?
A. T. : je suis mature, je ne me prends pas la tête avec ce qui n'en vaut pas la peine, je sais reconnaître mes torts, j'ai de l'humour.
G. D. : j’essaie d’être toujours souriant, agréable, sympathique, à l’image de Fabrice Lhenry (Ndlr : gardien international des Dragons de Rouen). 
G. F. : quels sont vos défauts principaux ?
A. T. : je suis gourmand, susceptible, paresseux. 
G. D. : je suis très impulsif ! Je peux m’emporter rapidement, mais après, on en reparle calmement et il n’y a plus de problème.
G. F. : qu'est-ce qui vous énerve le plus chez les autres ?

Paroles de gardiens Part. II : Antoine Trombetta vs Guillaume Duquenne

Antoine Trombetta - Demi-finales cadets

A. T. : les gens qui se la pètent, ceux qui disent sans arrêt « moi, je… moi, je... » 
G. D. : je ne supporte pas les fumistes et les faux-culs.
G. F. : qu'appréciez-vous chez les autres ?
A. T. : la gentillesse, l’amitié, le sens de l’humour.
G. D. : j’aime les gens sérieux et organisés.
G. F. : quel est le gardien que vous admirez particulièrement ?
A. T. : Jonas Hiller (Anaheim), d'abord parce qu’il est inversé comme moi. Il est exceptionnel ! Il est tellement souple, grand… Il a tout !
G. D. : à Rouen, j’ai la chance de côtoyer Fabrice Lhenry. Sinon, j’aime bien Carey Price (Montréal) et Jonathan Quick (Los Angeles) pour sa rapidité. Dans ce domaine, c’est vraiment mon modèle. J’ai ses vidéos en tête pour me motiver.
G. F. : quel genre de gardien êtes-vous dans le vestiaire ?
A. T. : je suis discret et réservé. Avant un match, je suis dans ma bulle, je me concentre sur moi-même. Je ne suis pas du genre à motiver les gars dans le vestiaire, je les motive sur le terrain. En match, je prends sur moi si ça se passe mal. Je vais râler contre moi, mais pas après mes coéquipiers. 
G. D. : je suis sérieux, même si j’aime bien rigoler. Dès que je rentre dans la patinoire, c’est mon match et rien que mon match. Je me mets dans ma bulle.


G. F. : quelle hygiène de vie suivez-vous pendant une saison ?
A. T. : je ne sors jamais le soir la veille d'un match. J’essaie de ne pas me coucher trop tard en semaine.
G. D. : l’hygiène de vie passe d’abord par l’éducation que m’ont donnée mes parents, c’est-à-dire savoir faire les tâches ménagères car quand on se retrouve à vivre seul en appartement, on est bien content de savoir comment faire. Sinon, je ne sors jamais la veille des matches. En semaine, j’essaie le plus possible de me coucher de bonne heure, ce qui n'est pas toujours facile...
G. F. : quel rituel observez-vous avant un match ?
A. T. : je n'en ai aucun. Je fais simplement toujours la même chose à savoir que je rentre sur le terrain et je vais prendre mes repères : les coins, les poteaux…
G. D. : ce n’est pas un rituel à proprement dit. Disons que j’ai ma petite routine. Je fais mes crosses, je range mon équipement toujours de la même façon. Ces gestes répétés me mettent en confiance. Si je joue en tant que premier gardien, je sors en premier sur la glace. C’est une façon de m’imposer par rapport à l'adversaire.
G. F : quelle signification a le motif peint sur votre masque ?
A. T. : si je devais peindre un motif, je n'en peindrais aucun ! (Ndlr : le masque d'Antoine Trombetta est noir). J’y inscrirai à la rigueur mon prénom et mon numéro, c’est tout.  

Paroles de gardiens Part. II : Antoine Trombetta vs Guillaume Duquenne

Guillaume Duquenne

G. D. : sur l’ancien, j’avais d’un côté une tête de mort et de l’autre une faucheuse. J’avais vu ça sur le masque du gardien de Strasbourg quand j’étais petit et ça m’avait beaucoup plu. Le prochain, qui est à la peinture, se rapprochera de ce thème. Ce sera un mélange de celui de Carey Price (Montréal) et de celui de Vladimir Hiadlovsky (Strasbourg) avec quelques touches personnelles. Il y aura aussi un mur comme sur l’ancien.     G. F. : quel est votre pire souvenir en match ?
A. T. : le match perdu contre Bordeaux (3-1) en coupe d’Europe. Je ne l’ai toujours pas digéré ! (Ndlr : le 21 avril 2012). 
G. D. : je me souviens d’un déplacement en Pologne avec les minimes (2007/2008). On a perdu 11-4 et j’ai pris 4 fois le même but, un shoot de la bleue. Là où je m’en suis aussi beaucoup voulu personnellement, c’est lors de mon dernier regroupement en équipe de France. Je n’ai pas été au niveau de ce qu’on attendait de moi. C’est là où le déclic s'est produit, à savoir qu'il faut toujours travailler encore et encore et savoir se remettre en question car rien n’est acquis.  
G. F. : le pire souvenir de votre vie ?
A. T. : mon redoublement en classe de seconde.
G. D. : je préfère ne pas en parler. 
G. F. : quelle a été jusque-là votre plus belle sensation de match ? A. T. : le titre de vice-champion d’Europe cette saison, même si j'ai toujours en travers de la gorge le fait qu'on ait terminé à la 2e place... (Ndlr titre obtenu face à Bordeaux le 22 avril 2012).
G. D. : j’en ai deux : d’abord la dernière finale cadets. On n'a rien lâché ! C’était tellement intense que j’en ai attrapé des frissons et des gouttes de sueur froide. Ensuite, mon premier match en D2. Je suis rentré en 2e période, on perdait 4-1 et je me suis surpassé. On a quand même perdu 5-3, mais je me suis dit que par rapport aux arrêts que j’ai fait j’étais capable de jouer à ce niveau. Cela m’a donné une confiance terrible pour la suite de la saison.  G. F. : le plus beau souvenir de votre vie ?
A. T. : à chaud comme ça, je n’en vois pas. 
G. D. : c’est plus la très belle surprise que m’a faite toute ma famille en venant me voir jouer à Amnéville. Ils ne m’avaient rien dit et quand je les ai vus à l’échauffement, ce fut une explosion de joie intérieure. On a perdu le match 4-2, mais perdre contre le champion de France en titre, il n’y avait pas de quoi rougir… G. F. : quel est votre rapport à la glace et au roller ?
A. T. : je regarde les vidéos des belles actions sur le Net. J'ai voulu essayer le hockey sur glace, mais lorsque je me suis présenté à Rouen à l'âge de 9 ans, on m’a répondu que j’étais trop vieux pour commencer. Depuis, je n’ai jamais réessayé. Quant au reste, la ligue Magnus et l’équipe de France ne m’intéressent pas. Je trouve d'ailleurs le championnat français assez faible.  
G. D. : j’ai disputé la finale du championnat de France junior à Anglet en 2009. Le roller hockey n’a rien à voir avec la glace. Les règles sont différentes. J’avais moins besoin d’utiliser ma technique et de me déplacer car les cages sont plus petites. Mais la concentration est identique. L’ambiance était aussi différente, j’ai vraiment pris mon pied. Je joue au roller hockey avec mon frère quand la saison de glace est finie. Je ne laisserai jamais tomber la glace. Mais pourquoi pas envisager le roller hockey en fin de carrière ?…  
G. F. : on dit souvent que les gardiens sont des gens un peu "fêlés", des personnes à part dans l'équipe ?

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Antoine Trombetta face à Caen

A. T. : je ne pense pas être quelqu'un de "fêlé" (rires). Je ne me sens pas à part dans l’équipe, je m'y sens bien intégré. Si je suis différent, c'est peut-être uniquement par ma façon de penser, c’est tout.
G. D. : ma façon d’être doit me mettre parfois dans un monde à part car souvent mes coéquipiers disent aux autres au sujet de mon comportement : « Ne cherchez pas, c’est normal, il est gardien !» (rires).
G. F. : au vu de l’importance de son poste, un gardien a-t-il plus besoin de reconnaissance qu’un autre joueur de l’équipe ? A. T. : on a tous besoin de reconnaissance quand on fait quelque chose de bien. Le gardien n’en a pas plus besoin qu’un autre joueur. On est tous égaux dans l’équipe.
G. D. : non, car on parle de sport d’équipe. Chaque joueur est important. La reconnaissance, elle ne se demande pas. Elle vient avec le travail, elle vient de la part de tes joueurs et de tes entraîneurs.
G. F : qu’aimeriez-vous que vos entraîneurs vous disent ?
A. T. : j’aimerais qu’ils me conseillent davantage en tant que gardien. 
G. D. : ce que je fais de bien, je le sais. Je ne leur demande rien d’autre que ce qu’ils me disent déjà puisqu’ils sont toujours constructifs dans leurs remarques par rapport à mes erreurs pour me faire progresser.
G. F. : qui peut comprendre un gardien ?
A. T. : certains défenseurs à cause des buts que tu te prends, un autre gardien, ta famille et tes amis proches parce que ce sont les personnes qui te connaissent le mieux.

Paroles de gardiens Part. II : Antoine Trombetta vs Guillaume Duquenne

Guillaume Duquenne

G. D. : par rapport à l’attitude, à l’image qu’on va donner sur la glace aux autres, les gens peuvent avoir un aperçu de ce qui peut se passer dans notre tête. J’ai eu une longue discussion une fois avec mon père sur un placement et je lui ai dit de monter sur la glace et d’aller dans la cage. Et là, il a compris. Mais quand je vois jouer mon frère, qui est aussi gardien et qui a 11 ans, je sais exactement ce qu’il peut ressentir car je suis passé par là.
G. F. : que voudriez-vous faire plus tard ?
A. T. : j'aimerais être gardien professionnel, même si je sais qu'en France, très peu parviennent à en vivre. Sinon, j’aimerais être dresseur de chiens pour personnes aveugles.  
G.D. : j'espère bien un jour être gardien titulaire.
G. F. : le hockey, pour vous, ça représente… ?
A. T. : c’est ma passion, ma drogue ! Si je pouvais m'entraîner tous les jours, je le ferais, ce serait le rêve !   Je regarde toutes les rencontres de roller hockey sur Internet. Même si je suis invité, je préfère rester chez moi pour regarder un gros match sur le Net. A moins d'une blessure grave ou d'un problème majeur, je ne suis pas prêt d'arrêter !    
G. D. : ça représente mes parents qui m’ont toujours suivi, les sacrifices faits car c’est un investissement financier et personnel. Le hockey, ça représente ma vie.   
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