Magazine Société

Embraer-Boeing

Publié le 28 juin 2012 par Toulouseweb
Embraer-BoeingLe KC 390 va bénéficier d’un accord aux contours très flous.
Boeing va apporter sa collaboration au programme KC 390 d’Embraer dans divers domaines techniques et commerciaux, une initiative inattendue dont les contours sont pour l’instant très flous. Certes, on comprend tout l’intérêt que l’avionneur brésilien à nouer une telle alliance mais, a priori, on peut douter de la réalité de la réciprocité. A moins, bien sûr, qu’il ne s’agisse de billard à trois bandes, Boeing cherchant ainsi à s’attirer la sympathie des autorités de Brasilia dans l’espoir de remporter avec le F/A-18E Super Hornet le contrat FX-2 portant sur l’achat de 36 avions de combat. Un contrat que l’on a cru à un moment remporté par Dassault Aviation, retardé, remis en cause, reporté à des jours meilleurs. Le Brésil fut ainsi un temps le prospect export le plus solide du Rafale, désespérément en quête d’un premier client étranger.
Aujourd’hui, on ne sait plus très bien où en est le F-X2 mais, officiellement, l’accord conclu avec Boeing autour du KC 390 n’a rien à voir avec le dossier. Si ce n’est que Boeing se félicite de renforcer ainsi des liens avec le Brésil établis pour la première fois …il y a 80 ans. Le constructeur américain, comme par hasard, a ouvert il y a quelques mois des bureaux à Sao Paulo. Mais ce n’est pas non plus la première fois que Boeing s’éloigne de son «core business», encore que ses initiatives précédentes aient plutôt visé des opportunités civiles, à commencer par une aide apportée à Sukhoi pour l’aider à mieux faire valoir les qualités de son biréacteur régional Superjet 100, cela pour l’instant sans résultat connu.
Dans le cas présent, il s’agirait plutôt d’aider Embraer à accéder à un marché nouveau, tout à la fois difficile et prometteur, celui des transports militaires de milieu de gamme, une initiative audacieuse et sans doute risquée. En un premier temps, les équipes brésiliennes avaient envisagé un scénario minimaliste, dériver un petit cargo militaire de leur plus gros avion commercial E-190/195. Moyennant quoi l’investissement pouvait être sensiblement réduit par rapport à celui nécessaire à la conception d’un appareil entièrement nouveau. En un deuxième temps, c’est pourtant le choix qui a été fait, la propulsion étant confiée au consortium International Aero Engines dont Rolls-Royce et Pratt & Whitney sont les principaux piliers. Son moteur, le V2500, est le concurrent direct du CFM56 franco-américain de Snecma et General Electric.
D’autres inconnues entourent le KC 390. A commencer par l’intention de la France d’en commander une douzaine d’exemplaires pour compléter la dotation future d’une cinquantaine d’A400M, l’avion brésilien s’insérant ainsi entre le gros quadriturbopropulseur européen (dont le premier exemplaire sera livré dans un peu plus de 6 mois) et les petits CN-235 produits à Madrid par Airbus Military. S’agissait-il, là aussi, de faire œuvre utile pour favoriser le Rafale sur un marché très disputé ? Depuis cette annonce, un parfait silence radio s’est installé.
Embraer, avec l’appui bienveillant des autorités brésiliennes, n’a de toute manière pas attendu Boeing pour multiplier les démarches commerciales et engranger de premières intentions d’achats : vingt-huit avions pour le marché national, une douzaine pour la Colombie, six pour le Chili, quelques-uns pour le Portugal, jadis partenaire éphémère du programme A400M. Il est vrai que le KC 390 est réputé «abordable» et se veut, dans une catégorie médiane, concurrent direct du Lockheed Martin C-130J Hercules, valeur sûre mais vieillissante dans la mesure où l’apparition de sa version originelle remonte à une bonne cinquantaine d’années.
Le KC 390 doit effectuer son premier vol en 2014 et devrait considérablement aider Embraer à mieux asseoir son chiffre d’affaires militaire. Après l’abandon de toute intention de mettre sur le marché civil un 130/140 places qui aurait pu gêner la version la plus courte de la gamme 737 (et l’Airbus A319), Boeing s’est découvert de grandes affinités avec le Brésil. A moins, bien sûr, qu’il s’agisse de pur opportunisme : il suffira de patienter pour savoir à quoi s’en tenir.
Pierre Sparaco - AeroMorning

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Toulouseweb 7297 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine