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Législatives 2012 : une large victoire et six leçons

Publié le 28 juin 2012 par Letombe

Législatives 2012 : une large victoire et six leçonsLa référence à 1981 s’est imposée à tous les commentateurs : le PS a donc obtenu pour la  première fois depuis 31 ans la majorité absolue à une élection législative. Les Français ont  bien donné à François Hollande les moyens de mettre en œuvre le changement puisqu’au  total la gauche atteint un niveau historique avec 343 sièges à l’Assemblée nationale

Entre écologistes et gauche radicale, les stratégies ont  inversé les rapports de force acquis à l’élection présidentielle : c’est une des premières leçons du scrutin.  Alors que le Front de gauche obtenait 11 % des voix, il perd la moitié de ses élus. La contre-performance  d’Eva Joly en avril est au contraire effacée et les écologistes auront pour la première fois un groupe parlementaire. La prime est donc forte à l’accord passé avant le premier tour par EELV avec le PS, tandis que la stratégie d’autonomie du Front de gauche a montré ses limites électorales.

Au-delà de ces évolutions dans les équilibres entre forces politiques, la forte poussée de la gauche favorise un important  renouvellement du personnel politique. La chambre rose de  2012 est une assemblée plus féminisée, moins uniformément  blanche, dont 234 élus entament un premier mandat. Avec 155 députées, les femmes obtiennent 27 % des sièges contre 18 % auparavant. On est loin de la parité, mais des territoires très à gauche la préfigurent : Midi-Pyrénées compte depuis dimanche 13 femmes et 13 hommes parmi ses représentants et la Seine St-Denis totalise même 7 députées sur 10 élus ! La diversité est également en progrès avec 8 à 9 députés d’ascendance africaine, maghrébine, asiatique, voire brésilienne ou libanaise qui font leur entrée au Palais Bourbon. Tous siégeront à gauche dans l’hémicycle…

Radicalisation de l’UMP

Conséquence logique de la vague rose, la droite parlementaire cède de nombreux bastions. Dans la très conservatrice Vendée, la gauche obtient 2 sièges, tout comme en Savoie qui  n’avait pas eu de député de gauche depuis 1988. 

Dans l’Orne, deux des trois circonscriptions ont élu un député de gauche : ce n’était jamais arrivé dans la circonscription d’Alençon ! La Sarthe, que François Fillon a courageusement délaissée, a désormais 4 députés de gauche sur 5, inversant le rapport de forces précédent. Même inversion dans le Morbihan où un seul des 6 sièges échappe à la gauche. Logiquement, la droite disparaît quasiment des territoires ancrés à gauche, aussi bien dans un grand quart Sud-Ouest qu’en Bretagne, notamment.

Surtout, la sanction est plus forte encore pour l’aile droite de l’UMP, cette "Droite populaire" qui a ouvertement travaillé au rapprochement avec le FN : 21 de ses 41 membres sont battus, à l’image d’Éric Raoult en Seine-St-Denis, de Brigitte Barèges (Tarn-et-Garonne), de Philippe Boënnec (Loire-Atlantique) ou de Maryse Joissains-Massini, la maire d’Aix-en-Provence. Nadine Morano, Claude Guéant et son fils François (Morbihan) ont été nettement battus et Christian Vanneste, le député homophobe du Nord, a été éliminé au premier tour.

La radicalisation de l’aile droite de l’UMP n’a donc pas payé, mais tout se passe comme si elle avait profité au Front national, qui entre à nouveau à l’Assemblée. Le parti de Marine Le Pen 

- qui n’échoue elle-même qu’à quelques dizaines de voix près 

- obtient deux sièges et son clone de la «Ligue du Sud» en décroche un. Dans trop de circonscriptions, les candidats FN ont obtenu de forts reports de voix UMP : 40 % pour le candidat FN opposé à la ministre radicale Sylvia Pinel en Tarn-et-Garonne, 48,7 % pour celui qui affrontait Michel Vauzelle dans les Bouches du Rhône…

Dernière leçon à tirer de ce scrutin : il annonce sans doute de nouvelles évolutions institutionnelles. Avec une abstention record de plus de 55 %, ces législatives ont à nouveau posé la question de la difficile mobilisation de l’électorat après l’élection présidentielle. François Hollande a opportunément laissé filtrer son intention de consulter les partis sur un regroupement des scrutins nationaux. Enfin, l’application par le PS de ses nouvelles règles sur le cumul des mandats devrait amener d’ici septembre de nombreux changements à la tête de régions, de départements ou de communes dont le maire a été élu député. En attendant la loi généralisant l’interdiction des cumuls

Thierry Pourreyron


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