Tant que je débite des mots, des phrases, ça va. Je vous emmène avec moi, je vous invite à entrer dans un royaume enchanté, où tout est beau, tout est léger, tout est scintillant. Croyez-moi si vous voulez, regardez-moi dans les yeux, vous aimez le son de ma voix, je vous fais sourire, je vous distrais, avec moi, vous êtes en sécurité, je ne vous lâcherai pas, je ne vous trahirai pas, je suis votre rocher, votre port d'abri, je suis fort et j'ai le regard perçant, je parlerai, je vous parlerai, tant que j'ai le souffle de vie, je continuerai. Je ne cherche pas l'idéal inaccessible, je ne cherche pas à vous bluffer, je veux seulement vous impressionner, vous dire qu'il y a des choses qu'on ne comprendra jamais, vous dire que l'horloge est aussi insondable que l'étoile au fin fond du ciel, vous faire sourire. Tant que je parle, tant que je dis les mots à voix haute, j'ai la force, j'ai la foi, j'échappe aux griffes du silence. Je n'aime pas être seul, j'ai peur du noir, j'ai peur de la stupidité des masses, quand la meute est réunie, chacun ne fait plus ce qui lui plaît. Je raconte et je m'oublie. J'invente un paysage très sage. J'invente des bonheurs et des malheurs, puis je dis que non, ce n'est pas vrai, c'est vrai, c'est vrai... Les voyages minuscules sont mes évasions, mon esprit a besoin d'espace, d'oxygène, d'H2O, je suis seul au milieu des autres, je ne suis jamais seul au milieu des autres ... Je veux rentrer à la maison.