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Lettre à tous les personnels de l’éducation nationale : formules creuses et inaction en perspective

Publié le 28 juin 2012 par Tchekfou @Vivien_hoch

Lettre à tous les personnels de l’éducation nationale : formules creuses et inaction en perspective

La formule qui ouvre cette lettre donne le ton : « Notre École peut renouer avec le progrès et l’espérance. Il n’y a pas de fatalité de l’échec scolaire. Tous les enfants peuvent réussir. ». Trois remarques.

1° École avec un « E » majuscule, reservé aux noms propres ou divins. Soit c’est le nom propre d’un animal vivant – sûrement un mammouth, soit c’est tout bonnement une sacralisation du service public, ce qui en dit long sur la religiosité de l’idéologie socialiste : l’État est le grand Tout, la providence éternelle. Léviathan tentaculaire, nouveau Dieu socialiste.

2° L’emploi du terme « espérance » (et le terme est répété plusieurs fois, telle une litanie de la Parole sacrée) est à cet égard significatif. Ce terme désigne une vertu théologale chrétienne, à savoir une vertu infusée par la grâce dans l’âme du chrétien qui lui fait espérer des biens non-terrestres. La politique en général, et le socialisme plus particulièrement, ne s’orientent plus grâce à une transcendance, mais n’attendent que des biens terrestres, dans l’immanence de son horizon mondain. Donc, par respect pour l’étymologie du mot, et en toute honnêteté intellectuelle, on utilise « espoir » plutôt qu’ « espérance ».

3° « Progrès », un terme désuet signifie le profond retard épistémologique de la gauche française quand aux valeurs qui portent le monde du XXIème siècle. Le « progrès » est devenu un concept philosophique douteux, voir dangeureux. De ceux-là même qui font de l’homme une “constante” modifiable à souhait pour le progrès d’une société holiste…

La lettre se poursuit sur le même ton monotone et la même hésitation conceptuelle. Le couplet sur l’autorité est excessivement vide de sens, et n’apporte aucune réponse à ce qui pourtant est un des enjeux majeurs du système éducatif aujourd’hui. « L’autorité, comme la confiance, ne se décrète pas. Elle se construit grâce à des qualités morales et intellectuelles reconnues et sur l’exemplarité de celui qui détient cette autorité. Elle suppose que l’exigence de respect soit partagée par tous les élèves et par les membres de la communauté éducative : respect des élèves et de tous les personnels, respect des lois et respect du règlement intérieur de l’établissement. » En toute sincérité, autant ne rien écrire que d’écrire de telles banalités. Mais cela est significatif. Alors que la lettre fait une part belle à la « mixité sociale » ou à l’ « égalité des chances », l’autorité se trouve reclue dans ces éléments de langage ineptes. Autant dire que rien ne sera entreprit afin de remédier à ce problème d’autorité qui gangrène effectivement les écoles.

Sous l’intitulé « d’écoles supérieures du professorat et de l’éducation », se cache en fait la restauration des IUFM (Institut de formation des maitres) qui seront opérationnels dès 2013.  C’est alors une phrase totalement insipide qui nous est servie : « Nous avons l’ambition de réformer totalement la formation initiale et continue des maîtres. Les systèmes éducatifs les plus performants sont ceux qui assurent une formation initiale et continue de grande qualité des professeurs. » Redondance et remplissage de feuille, un enseignant ne pourrait trouver de meilleur exemple de pléonasme involontaire pour son cours de français sur les figures de style. Les plus performants sont ceux qui sont de meilleure qualité… Intéressant. Mais qui ne dit absolument rien quand à la forme que cela prendra, ni quand au fond des formations reçues. Du verbiage…

***

Parmis les mesures annoncées :

- L’envoi des professeurs expérimentés dans les zones sensibles

- L’insistance sur la scolarisation des enfants de moins de 3 ans, « en particulier dans toutes les zones qui rencontrent le plus de difficultés. »

- la création de 1 000 nouveaux emplois de professeurs des écoles

la refondation de l’évaluation tant du système éducatif que des acquis des élèves, soit la suppression des notes.

- la suppression de l’excellente loi Cherpion sur l’apprentissage et la professionalisation.

- « favoriser la mixité des élèves. », de force, et un peu partout.

- Remettre la carte scolaire, ou trouver des palliatifs


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