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Hong Kong toujours méfiante au bout de 15 ans de retour à la Chine

Publié le 29 juin 2012 par Radiocaracol @radiocaracol1

Hong Kong marquera dimanche le 15e anniversaire de son retour au sein de la Chine, mais les manifestations prévues lors de la visite du président chinois soulignent la méfiance des Hongkongais envers la mère-patrie.

hong kong

L’ancienne colonie britannique a bénéficié grandement du soutien économique de la Chine continentale depuis le retour en son giron, le 1er juillet 1997, mais il est difficile de parler d’enthousiasme chez les sept millions d’habitants du territoire.

 
Considérée comme un sas d’entrée vers le puissant voisin, Hong Kong attire finances et investissements étrangers, alors que son secteur immobilier profite à plein de la richesse des milliardaires du continent, désireux de s’offrir un pied-à-terre dans cette ville du sud de la Chine.

 
Mais beaucoup de Hongkongais devraient descendre dans la rue dimanche pour manifester contre les entorses à la démocratie et l’intervention de Pékin dans les affaires locales.

« La société civile est forte et dynamique, et sait se faire entendre. Je pense que c’est la conséquence des tentatives d’entamer les droits des gens », a déclaré à l’AFP la vice-présidente du Parti démocrate, Emily Lau. « Les gens se lèvent parce qu’ils voient des signes » inquiétants.

Le président chinois Hu Jintao est arrivé à Hong Kong vendredi pour assister aux cérémonies ce week-end, montrant ainsi unité et stabilité quelques mois avant le changement au sommet de l’Etat chinois, cet automne, qui n’intervient que tous les dix ans.

 
La police a d’ores et déjà renforcé la sécurité. L’an passé, la venue du vice-Premier ministre Li Keqiang avait été saluée par des manifestations et les interventions policières vivement critiquées par la presse et les manifestants.

 
Selon le principe « Un pays, deux systèmes », mis en avant par Pékin pour rassurer la population il y a 15 ans, Hong Kong a le statut d’une région semi-autonome.

 
Le territoire a conservé sa monnaie (le dollar de Hong Kong, accroché au dollar américain), son propre système judiciaire, et surtout une liberté dans la presse et la parole inconnue sur le continent.

 
Les habitants sont libres de manifester et de dire ce qu’ils pensent, l’internet n’est pas bloqué et plusieurs députés sont élus. Le chef de l’exécutif en revanche est désigné par un comité électoral qui prend ses consignes auprès de Pékin.

 
Début juin, 180.000 Hongkongais se sont réunis pour une veillée en souvenir des milliers de manifestants prodémocratie morts début juin 1989 lors de la répression par le pouvoir du mouvement de la place Tiananmen, à Pékin. Une commémoration taboue sur le continent.

 
Mi-juin, des millions d’habitants avaient défilé là encore à travers le centre de Hong Kong pour demander une enquête sur la mort suspecte d’un dissident en Chine, Li Wangyang.

« La forte dépendance économique de Hong Kong vis-à-vis du continent a exacerbé les frictions internes » au territoire, souligne Willy Lam, professeur d’histoire à l’Université chinoise de Hong Kong.
« Les secteurs qui ont du pouvoir –le gouvernement, les conglomérats– pensent qu’ils ne doivent pas froisser Pékin s’ils veulent préserver leurs avantages économiques. Mais les intellectuels et les jeunes ne pensent pas comme eux ».

Les prix de l’immobilier se sont envolés de 95% ces cinq dernières années et des centres commerciaux luxieux sont sortis de terre.

 
Le prix moyen des logements à Hong Kong représente 12,6 fois le revenu moyen des ménages, contre 3,1 fois aux Etats-Unis et 5 fois en Grande-Bretagne, selon le cabinet de recherches Demographia. Beaucoup de Hongkongais, y compris dans la classe moyenne, ne peuvent pas acheter un appartement. Quant aux plus pauvres, ils habitent dans des chambres minuscules, qu’on appelle « cubes ».

 
Les récriminations des habitants du territoire sont nombreuses: les Chinois du continent prennent les places dans les maternités, les écoles, raflent les boites de lait maternisé dans les supermarchés…

 
Quant au nuage de pollution suspendu au-dessus de la baie, il provient des usines… du continent.

 
Les tensions entre Chinois de Hong Kong et du continent avaient connu en janvier un nouvel épisode avec la publication dans un journal de l’ancienne colonie britannique d’une publicité anti-chinoise représentant un criquet géant la menaçant.

 
A l’origine de ce regain d’acrimonie, la colère d’une Hongkongaise reprochant à des Chinois du continent d’enfreindre l’interdiction de manger dans le métro de la mégapole du sud.

 
La semaine dernière, une étude publiée par l’université de Hong Kong montrait que 37% des Hongkongais disaient ressentir de la méfiance vis-à-vis de Pékin, un plus haut depuis 15 ans.

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