Dezerter…quézaco? Inutile de chercher plus loin, ça veut tout simplement dire “déserteur”… mais en quelle langue S.V.P ? En polonais pardi ! Eh ouai, y’a pas que les anglophones qui font des trucs cool, ça bouge à l’Est aussi !
Enfin je dis ça, mais ça fait 31 ans que Dezerter (prononcé “dézèltèl”, en roulant les “r”) écume les scènes… Lorsque le groupe se fonde en 1981, c’est sous le nom de SS-20 qu’il se fait connaître sur la scène punk de Varsovie, à l’occasion d’un petit festival. Peu de temps après, ils sont contraint par le régime communiste à changer de nom, jugé trop provocant par le régime de Jaruzelski (ce nom de code désigne des missiles balistiques soviétiques…). Ils choisissent donc celui de Dezerter, qui pour l’époque reste quand même pas mal dans le genre ! Là vous commencez à vous demandez comment ça se fait qu’un groupe de Punk puisse exister dans un pays satellite à cette époque, ce qui est difficilement compréhensible en effet!
A cette époque, l’URSS est gouverné par Brejnev, dans une phase historiquement appelé “Immobilisme”. Dès lors, certains groupes de Punk réussissent à se former au sein de la Pologne - comme dans d’autres états satellites d’ailleurs -: Dezerter donc, mais aussi Deuter, TZN Xenna… Cependant, leur activité est régulièrement dérangée par la censure. En cause, des paroles particulièrement virulentes envers la dictature et la situation sociale. Si bien que pour Dezerter, les membres de la formation se retrouvent obligés de changer régulièrement de nom, afin d’être moins repéré, notamment sur les affiches de concerts, tout en restant reconnaissable des fans. De-zerter ou The Zerter en sont de bons exemples…
En tout cas, c’est seulement peu de temps avant l’implosion du bloc de l’Est que nos polonais parviennent à enregistrer leur premier album Kolaboracja (1987), et à sortir la même année leur live qui reste le plus connu: Underground Out of Poland, enregistré en 1983 et suivi par 20 000 personnes ! Aujourd’hui, tout a bien changé. Mais Dezerter est resté, devenant l’un des groupes emblématique du mouvement anarcho-punk polonais, jusqu’à ce dernier album, Prawo Do Bycia Idiotą.
Il fût un temps ou Dezerter figurait parmi les groupes les plus rapides au monde, jouant un Punk Hardcore assez sauvage. Depuis plusieurs années déjà, le groupe s’est modéré, principalement car les membres ne sont plus tout jeune, mais leurs textes sont toujours aussi « salés » ! Alternant anglais et polonais, la formation délivre un Punk Rock engagé, mais tout à fait écoutable pour les plus réticents. Le guitariste-chanteur Robert « Robal » Matera, membre fondateur, se charge de la compo, et signe de super riffs de guitare sur cet album, tout en assurant le chant sans fausses notes. De son côté, Krzysztof Grabowski- batteur et fondateur du groupe également – tient parfaitement le rythme sans en faire trop, pendant que la basse grondante de Jacek Chrzanowski apporte du volume à l’ensemble, tout en contribuant clairement à la mélodie. Vous l’aurez peut-être remarqué, le Punk polonais (et la musique polonaise en général) est très marqué par la mélodie, si bien que Dezerter possède un son très particulier pour ce style de musique, qui a fait leur réputation.
“L’exotisme” de ce groupe ne doitsurtout pas vous arrêtez, d’autant que le polonais est une langue plaisante à écouter – d’autant que c’est la seule langue slave à avoir notre alphabet latin; et leur musique est très accessible, alors n’hésitez pas, foncez !
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