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L'étranger, voilà l'ennemi !

Publié le 21 mars 2008 par Ansolo

L'étranger, voilà l'ennemi ! (Au dessus de la mêlée) posté le vendredi 21 mars 2008 21:31

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Prenons garde, la tentation du bouc émissaire se fait de plus en plus forte dans le rugby Français. Et en fait de boucs, ce sont les joueurs étrangers qui deviennent peu à peu la cible des critiques.

On leur reproche, à ces étrangers, de tuer la mêlée du XV de France, d'empêcher les jeunes talents tricolores de percer dans les clubs de l'élite, de tirer les salaires vers le bas et de dissoudre les liens qui unissent traditionnellement les clubs à leur culture locale, en transformant ces derniers en Babels rugbystiques.

Certes, ces accusations ne sont pas totalement fausses.

Il y a effectivement une proportion non négligeable de piliers étrangers dans les deux championnats professionnels Français et cette proportion rend plus difficile l'accès des Français aux "fauteuils d'orchestre" des clubs de Top14 et de proD2.

Les centres de formation peinent à trouver des débouchés pour leurs jeunes. Quant aux rémunérations, les présidents de clubs n'en font pas mystère, un joueur étranger coûte moins chers qu'un Français. Les accords de Cotononou ouvrent largement le marché de l'emploi aux profesionnels étrangers, en particulier aux ressortissants des Iles du Pacifique. Cela permet à des rugbymen très souvent talentueux de venir gagner leur vie dans des conditions sans équivalents chez eux. Les pays de l'Est sont également les grands bénéficiaires de ces accords, sans parler de la Roumanie, pays de rugby, qui fait partie intégrante de l'Union Européenne.

Quant à la perte des valeurs "locales", on peut verser au dossier, parmi les éléments à charge, les exemples Toulonnais ou Castrais, qui voient leurs équipes composées de joueurs qui n'ont qu'un rapport lointain avec l'aïoli ou le cassoulet.

La tentation est donc grande de stigmatiser ces "mercenaires étrangers". Il faut pourtant se garder de verser dans la schématisation.

S'agissant des embauches, la responsabilité incombe en premier lieu aux présidents de clubs, qui préfèrent souvent le confort apparent du recours aux joueurs étrangers, dont le rapport qualité/prix est globalement plus avantageux que celui proposé par des rugbymen Français.

La responsabilité des instances nationales et internationales est également très forte : en établissant des calendriers délirants, elles obligent les clubs à recruter davantage pour y faire face. Et les moyens financiers n'étant pas extensibles, il est normal de chercher les joueurs les moins onéreux. La pression des résultats, celle des sponsors, poussent les dirigeants à refuser de lancer des jeunes au profit de joueurs expérimentés, qui rassurent le président et le trésorier...

Et pourtant, Montpellier s'est sauvé en Top14 en lançant quelques uns de ses jeunes joueurs, issus du centre de formation du club.

Et pourtant, le Stade Toulousain n'hésite pas à faire jouer ses espoirs, avec d'excellents résultats.

Quant aux mercenaires étrangers qui dénaturent la culture "club", on remarquera que le professionnalisme ne concerne pas seulement ces joueurs, mais aussi tous les Français. Et il y en a parmi eux pour quitter leur club sans demander leur reste, après une descente en division inférieure.

Et qui pourra prétendre qu'un Byron Kelleher ou qu'un Rob Linde ne mouillent pas un maillot dont ils sont fiers, et dont ils portent bravement les couleurs ?

La vérité est, comme souvent, nuancée.

Lui même immigré britannique, notre beau rugby s'enrichit de son métissage avec des cultures rugbystiques étrangères.

Mais il faut reconnaître que la situation actuelle n'est pas satisfaisante et présente des risques pour l'avenir du rugby tricolore.

Il est donc urgent de trouver un compromis entre le droit au travail des professionnels étrangers et la préservation des intérêts sportifs nationaux, entre les impératifs de résultat des clubs et la pérennisation du rugby français.


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