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quelques remarques sur le gouvernement d'ouverture de N. Sarkozy

Publié le 29 mai 2007 par Jeune Prof De Droite

Sans commenter dans tous les détails la formation du gouvernement, je pense que N. Sarkozy a dans l'ensemble bien choisi ses ministres, à commencer par le premier d'entre eux, François Fillon. Principal rédacteur du programme législatif de l'UMP, le premier ministre sera chargé de mettre en oeuvre une politique qu'il a lui-même grandement contribué à définir : la coopération entre N. Sarkozy et Fr. Fillon, au-delà de leur longue amitié, ne pourra donc qu'être bonne et productive. Fr. Fillon incarne plutôt la branche gaulliste et sociale de l'UMP, et je ne doute pas qu'il saura réformer en tenant compte des craintes d'un certain nombre de Français. Il a déjà su par le passé mener à bien des réformes difficiles - je pense en particulier à la réforme des retraites - en parvenant à concilier fermeté et dialogue avec les partenaires sociaux.

Je ne crois pas, par ailleurs, que Fr. Hollande et Fr. Bayrou aient raison de se scandaliser autant de l'ouverture opérée par N. Sarkozy à gauche et au centre. Selon le premier, il ne s'agit que d'une manoeuvre électorale qui a pour but de donner les pleins pouvoirs à la droite au sein de la future assemblée, pour le second, N. Sarkozy confond "rassemblement" et "ralliement".

Il convient d'être plus nuancé ; certes, l'ouverture pratiquée par N. Sarkozy est très populaire parmi les Français, puisque, d'après un récent sondage CSA, 65% des Français ayant voté pour S. Royal la jugent positive, mais même sans ouverture, l'UMP remporterait très probablement les prochaines législatives, et il paraît un peu léger de réduire cette démarche à une manoeuvre simplement électoraliste.

D'abord, la nomination d'un certain nombre de ministres de droite très imprégnés par les questions sociales, comme Jean-Louis Borloo (ministre de l'Economie des Finances et de l'Emploi) ou Christine Boutin (ministre du logement et de la ville) suggère une réelle volonté de marier économie et social durant le prochain quinquennat. Ensuite, les reproches qui consistent à dire "si des hommes de gauche ou du centre participent au gouvernement, ils ne seront plus de gauche ni de centre, puisqu'ils mèneront une politique de droite" sont absurdes.

Car d'une part, en participant au gouvernement, rien ne les oblige à renoncer à leurs convictions. On en veut d'ailleurs pour preuve le cas de Martin Hisch, nommé haut commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté, qui affirmait ce matin son opposition à l'instauration d'une franchise médicale. Je salue d'ailleurs l'honnêteté de Laurent Fabius, qui a déclaré à propos de Bernard Kouchner (nommé au poste de ministre des Affaires étrangères et européennes) : "Il faut le juger sur ses actes ; on va voir ce qu'il est en situation de faire."

D'autre part, l'ouverture n'aurait aucun sens, si elle devait signifier l'abandon du projet politique pour lequel N. Sarkozy a été élu par une majorité de Français. Opposer, comme le fait Fr. Bayrou, une ouverture du rassemblement (celle qu'il aurait faite) à une ouverture de ralliement (celle de N. Sarkozy) tient de la supercherie. La ligne que défend le fondateur du Modem et qui consiste à dire en substance, "une fois élu, je rassemblerai les meilleurs de chaque camp pour discuter d'un projet commun" condamnerait par avance la majorité à l'immobilisme et à des querelles permanentes. La seule solution viable politiquement est d'avoir d'abord un projet clair, et de proposer ensuite à quelques personnalités compétentes, au-delà de l'UMP, de participer à ce projet.

L'ouverture veut dire deux choses. Du côté de la majorité présidentielle : nous avons un projet, mais nous ne voulons pas gouverner uniquement avec un seul camp. Du côté de l'opposition : le projet que les Français ont choisi n'était pas le nôtre, mais puisque c'est désormais le projet de la France, autant y participer sur certains points d'accord et oeuvrer pour le pays, dès lors qu'on nous le propose.

L'ouverture, dans les faits, est évidemment un phénomène marginal, puisqu'elle concerne, dans toute la classe politique Française 4 ou 5 personnes nommées au gouvernement, mais l'important est avant tout sa signification symbolique. Elle n'ôte pas à l'opposition son rôle d'opposition, mais elle invite cette dernière à créer une opposition constructive et non pas systématique. C'est le contraire de l'étroitesse d'esprit.


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