Marine Le Pen est une petite bourgeoise !

Attention ! Ce n'est pas moi qui dis ça, c'est son propre père. Les propos sont reproduits un peu partout dans la presse et sur le net, ici, là ou encore là, par exemple. Mr Le Pen a de bonnes raisons de penser qu'il s'agit d'une petite bourgeoise. D'abord parce qu'en tant que père, il est bien placé pour la connaître, ensuite parce qu'il lui paraît évident à lui, que vivre dans une des plus belles résidences de la région parisienne, avoir eu une enfance protégée, loin de celle de la plupart des autres enfants, ne peut faire de vous un membre à part entière des classes populaires ou moyennes.

Les propos pourraient paraître anodins au premier abord, voire sans intérêt. De fait, ils ne le sont pas. Ils ont même une forte signification politique. Depuis plus d'un an que Mme Le Pen a repris le parti de son père, elle n'a eu de cesse de se revendiquer représentante de la classe ouvrière, de vouloir en être la porte-parole. Le FN a, à de nombreuses reprises pendant la campagne présidentielle, contesté cette place au Front de Gauche, sous prétexte que selon les sondages, le FN était le premier parti chez les ouvriers. C'est faire peu de cas de l'abstention, premier vrai parti des ouvriers, et surtout, c'est faire un raccourci intellectuel : séduire électoralement les ouvriers ne signifie en rien que vous êtes le plus à même de les comprendre et de les défendre. On sait très bien que dans le vote FN il y a d'autres enjeux comme le ressentiment ou la peur du déclassement social.

On peut toujours répliquer qu'au Front de Gauche, l'autre parti qui a les mêmes revendications concernant les classes populaires, il n'y a guère d'ouvriers, de paysans ou de chômeurs parmi ses dirigeants. C'est vrai, mais se  revendiquer de ce camp là, c'est aussi appartenir à une histoire qui est celle des conquêtes sociales, à une culture syndicale et ouvrière.

Or, Mme Le Pen, en grandissant à Montretout a forcément été "protégée" de ce monde qu'elle prétend défendre. Et elle ne s'en est pas plus rapprochée aujourd'hui. Où était-elle pendant l'immense mouvement contre les retraites en 2010 ? Que dit-elle alors que les salariés de PSA, Doux et bien d'autres entreprises sont en danger ? Dans tous les cas, elle n'est pas là, pour une bonne raison : de par sa culture et son milieu d'origine, elle ne peut comprendre les gens qu'elle dit défendre.

On note, au passage que son père a une version intéressante pour justifier l'attitude complaisante des médias envers sa fille. Selon lui, c'est parce que celle-ci vient du même milieu que les journalistes, qu'en tant qu'avocate, elle a eu le même moule intellectuel qu'eux, que la "dédiabolisation" supposée du FN a pu être relayée. A méditer.