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Le PS dans la tourmente

Publié le 29 mai 2007 par Jeune Prof De Droite

Le PS me paraît être dans une très mauvaise passe. Si S. Royal avait gagné la présidentielle, l'unité de façade aurait sans doute été préservée un temps encore, mais l'échec de la candidate a été non pas la cause, mais le révélateur de toutes les difficultés que connaît le parti.

Au flou idéologique - le PS n'a toujours pas tranché entre gauche '"dure" et social-démocratie - viennent s'ajouter les querelles de personnes : Laurent Fabius et Dominique Straus-Kahn vont tâcher de rendre S. Royal responsable de la défaite pour la faire sortir du jeu, et il est évident qu'une fois les législatives passées, l'heure sera aux règlements de compte.

Mais S. Royal se verrait bien de nouveau investie par le PS dans la perspective des prochaines présidentielles de 2012. Dès le soir de la défaite, elle annonçait : "Vous pouvez compter sur moi pour approfondir la rénovation de la gauche et la recherche de nouvelles convergences au-delà de ses frontières actuelles ; c'est la condition de nos victoires futures." Dans cette perspective, l'idéal était pour elle de jouer le rôle de chef de l'opposition à l'Assemblée Nationale.

Mais en faisant figurer dans son pacte présidentiel l'interdiction du cumul des mandats, S. Royal s'est plus ou moins laissé prendre à son propre piège : actuellement présidente de région, elle ne pouvait sans contrevenir à ses engagements briguer un nouveau mandat de député. Elle a donc sagement annoncé hier qu'elle renonçait à être candidate, préférant la présidence de région.

A dire vrai, S. Royal aurait tout aussi bien pu être candidate à la députation et annoncer, une fois élue, renoncer à son mandat de présidente de région. Cela lui aurait donné une tribune à l'échelle nationale, alors qu'elle s'enferme dans un mandat local. Mais S. Royal n'a cessé, durant la campagne, de mettre en avant son engagement en Poitou-Charentes, faisant de sa région une vitrine de son action politique. Cela explique peut-être en partie sa préférence finale.

S. Royal compte en fait arriver à ses fins sans être député  : le discours qu'elle a tenu aujourd'hui lors du conseil national du PS était on ne peut plus clair. Elle a imputé l'échec de la campagne en partie à un problème de calendrier : selon elle, au lieu d'élaborer un programme présidentiel puis de choisir un candidat, le PS devrait se choisir un ou une candidate, puis élaborer le futur programme (sous la houlette du candidat désigné). Et surtout, elle a souhaité que cette désignation du futur candidat se fasse rapidement après les législatives.

S. Royal cherche manifestement à profiter au maximum de la popularité qu'elle a acquise durant la campagne présidentielle : elle souhaiterait que l'investiture ait lieu le plus tôt possible pour bénéficier pleinement de cet élan en sa faveur. On comprend les protestations d'un L. Fabius, qui a dénoncé des "arrière-pensées" dans le discours de S. Royal, ou d'un D. Strauss-Kahn, qui y a vu des propos "sans intérêts". Organiser des primaires 4 ans et demi avant l'élection, la ficelle serait en effet un peu grosse !

En comparant avec ce qui s'est passé à l'UMP, je ne suis pas persuadé que le problème soit un problème de calendrier. L'ump a d'abord commencé par mettre au point un programme législatif, avant de se choisir un candidat pour la présidentielle. La différence entre le PS et l'UMP n'a pas été une différence de calendrier mais de choix de candidat. Le candidat soutenu par l'UMP, N. Sarkozy, était le président du parti : il avait donc non seulement auparavant contribué à l'élaboration du programme mais avait su aussi fédérer l'essentiel du parti autour de lui, de la base au sommet.

S. Royal a été essentiellement investie candidate par les nouveaux militants  contre le souhait d'une part non négligeable des cadres du PS. Elle n'a pas pu fédérer autour d'elle, et a dû subir quasiment plus d'attaques de la part de son propre camp que du camp adverse. Le premier secrétaire du PS était le candidat naturel du parti pour la présidentielle, mais il n'a pas su s'imposer. Là a sans doute été la plus grande infériorité du PS sur l'UMP dans cette campagne. Si on ajoute à ces querelles intestines une ligne idéologique hésitante (le "consensus mou" pour reprendre l'expression de D. Strauss-Kahn) et les bourdes à répétion de la candidate, il devenait difficile pour le PS de l'emporter.

Ainsi, le PS est en crise et il doit impérativement choisir rapidement une ligne politique claire (on ne peut à la fois lorgner vers l'extrême-gauche et le centre sans se condamner à des pirouettes permanentes) s'il veut avoir une chance de gouverner autrement que par la règle de l'alternance (dont on a vu les limites le six mai dernier). Mais le PS ne tranchera sans doute pas les questions de fond tant que subsisteront les querelles de personne. Et de ce point de vue là, les dernières déclarations de S. Royal et de D. Strauss-Kahn laissent penser que la saga des luttes internes a encore de beaux jours devant elle...


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