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Que le meilleur gagne… La « feel good » tv

Publié le 07 juillet 2012 par Francoisjost

La télévision de marketing craint par dessus tout l’innovation. Plutôt que de se lancer dans des voies nouvelles, d’expérimenter de nouvelles écritures, elle préfère minimiser les risques en recourant à des formats éprouvés. Soit qu’ils aient eu du succès ailleurs dans le monde, soit qu’ils aient eu du succès par le passé. Aussi voit-on sur les antennes aujourd’hui les programmes que nous voyions naguère, quand nous étions juste un peu plus jeunes : "La Roue de la fortune", "Une famille en or" ou "L’École des fans".

Un symbole des évolutions de la télévision

On pourrait croire que cette prudence n’appartient qu’aux chaînes privées, qui redoutent à juste titre l’"accident industriel". Il suffit d’allumer son téléviseur sur France 2 entre 19 et 20 heures pour être détrompé. Depuis quelques temps, la chaîne diffuse "Que le meilleur gagne", une émission animée par Nagui, qu’il présentait déjà il y a un peu plus de dix ans. Pour l’analyste des médias, de telles reprises sont des opportunités appréciables : elles permettent de comprendre, au travers des changements de détails, des adaptations du format, comment la télévision a évolué et, sans doute à travers elle, la société.

La première version du jeu télévisé "Que le meilleur gagne" avec Nagui

La première version de "Que le meilleur gagne" avait en son temps marqué les esprits car elle annonçait une tendance qui allait se développer dans les années suivantes : l’entrée dans l’ère de l’humiliation. Rappelez-vous : Nagui était au centre d’un amphithéâtre. Pas vraiment une salle de spectacle, plutôt l’un de ces lieux en demi-cercle, où les professeurs ont l’habitude d’évoluer pour dispenser des cours.

Derrière lui, à la place du tableau noir, les réponses aux questions s’affichaient. Devant lui, une assemblée de jeunes à l’allure étudiante (un jour j’avais d’ailleurs reconnu dans la masse l’une de mes élèves) répondait en appuyant sur un buzzer, comme s’il s’était agi de donner rapidement les réponses à un QCM (un questionnaire à choix multiples). Le dispositif mettait l’animateur dans la posture du professeur face à son amphi. Un professeur sévère, qui prenait plaisir à se moquer publiquement des mauvais élèves.

À chaque question, le cérémonial était intangible : il choisissait dans l’assemblée (ou, plutôt, on lui désignait dans une oreillette) une personne ayant choisi la réponse la plus absurde et la tournait en ridicule, au point que, souvent, le rouge lui montait aux joues. La fin de la correction (dans tous les sens du terme) se terminait par un "au revoir" prononcé en chœur par les "élèves" du professeur Nagui.

Cette figure de l’animateur un brin sadique fut à l’origine de toute une descendance, marquée par Laurence Boccolini, qui succéda à Nagui dans la présentation de "Que le meilleur gagne" avant de devenir la redoutable maîtresse du "Maillon faible".


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