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Retour sur le départ du PS d'Eric Besson

Publié le 29 mai 2007 par Jeune Prof De Droite

Mercredi dernier, Eric Besson expliquait devant les journalistes les raisons de son départ du parti socialiste. L’intégralité du texte de cette conférence de presse est en ligne sur le site que le député a ouvert pour l’occasion. En m’efforçant de ne rien caricaturer de ses explications, je voudrais revenir aujourd’hui sur ce long discours.

Eric Besson a expliqué avoir d’abord démissionné simplement du secrétariat national du parti (où il occupait le poste de secrétaire national à l’économie et à la fiscalité) en raison de la mauvaise organisation de la campagne dirigée par S. Royal. Il soulignait, en particulier – je le cite -, la « déconnexion entre le siège de la campagne et le QG » et le « rôle excessif et souvent nocif de conseillers dont la légitimité, la cohérence et le savoir-faire politique ne [lui] ont pas paru flagrants ».

Plus loin, il ajoutait : « Ségolène Royal n’a, à ce jour, pas su (pas pu ? pas voulu ?) rassembler tous les talents du parti socialiste. Je constate ceci : à droite (ou à droite et au centre, je laisse à d’autres le soin de trancher) les trois personnalités qui pouvaient prétendre diriger la France, Nicolas Sarkozy, Alain Juppé et François Bayrou sont, en tant que candidats ou en tant que soutien actif, totalement engagés. A gauche, les trois hommes d’Etat les plus crédibles, Lionel Jospin, Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius ne sont pas -ou guère- sollicités. » S. Royal, qui, après la démission d’Eric Besson, avait décidé de refonder son équipe de campagne, a donc tenu compte des remarques de son ancien collaborateur, puisque les deux candidats malheureux à la candidature ainsi que L. Jospin viennent d’être intégrés dans son équipe !

Eric Besson explique également qu’il a ensuite rendu sa carte du PS en raison des attaques personnelles qu’il a eu à subir de certains membres du parti après sa démission du secrétariat national : « Sans, dit-il, les attaques personnelles dont j’ai été victime de la part de certains de ceux qui jouent un rôle majeur dans cette campagne auprès de la candidate et, en dépit de mon analyse, je serais revenu. Mais je suis désormais incapable de cohabiter avec ceux qui ont touché à l’essentiel. Le combat politique n’autorise pas tout ... surtout dans son propre parti. » Il s’efforce par ailleurs dans son texte de ne pas accabler outre mesure S. Royal, même si on sent que certains propos de la candidate l’ont blessé.

A des journalistes, en effet, qui avaient demandé à S. Royal ce qu’elle avait à dire sur la démission d’Eric Besson, celle-ci s’était tournée vers l’assistance et lui avait demandé si elle savait qui était Monsieur Besson. « Elle avait raison », commente Eric Besson pour l’excuser, « connu des milieux politiques et des militant(e)s, je ne le suis guère du grand public ». Il n’empêche que cette réflexion de la candidate est, je trouve, particulièrement humiliante pour son ancien collaborateur et S. Royal n’est vraiment pas experte en diplomatie. Elle aurait plutôt dû répondre quelque chose du genre : « Je comprends et je respecte la décision d’Eric Besson, même si je la regrette. Il conserve bien sûr toute sa place au PS. Maintenant, la campagne doit cependant continuer, etc... ». Dans une interview sur Europe 1 par Jean-Pierre Elkabbach, Eric Besson a également regretté, tout en affirmant ne pas vouloir polémiquer, que S. Royal n’ait cherché à le joindre qu’après l’annonce officielle de sa future conférence de presse...

Sur le plan des idées, maintenant, Eric Besson, qui a retrouvé une plus grande liberté de parole, a fait des remarques intéressantes. Il a ainsi reconnu que le PS souffrait « d’une absence de clarification idéologique ». « Le parti, poursuit-il, peine à reconnaître qu’il ne peut sortir de l’économie de marché ou rompre avec le capitalisme. »

Il a eu également des mots assez durs envers l’extrême gauche, et sur ce point aussi, je partage pleinement son analyse, même si j’inclurais également dans cette critique le parti communiste, ce qu’il ne fait pas : « Ses nouveaux porte-parole, écrit-il, Bové, Besancenot sont aussi habiles et télégéniques dans l’indignation et le diagnostic que creux et démagogiques dans les solutions. »

Eric Besson s’est aussi exprimé sur Nicolas Sarkozy, et avec, je crois, une certaine franchise : « Concernant Nicolas Sarkozy, je veux dire les choses nettement. Je le connais depuis longtemps et j’ai toujours conservé une relation cordiale avec lui ce qui ne nous a pas empêchés de nous heurter -parfois durement- dans le combat politique. J’ai de la sympathie pour lui. Il n’y a qu’en France que l’on se croit obligé de haïr ceux du camp politique opposé. J’ai porté un document dont j’ai rédigé l’introduction qui ne l’a -c’est le moins que l’on puisse dire- pas ménagé et qui était, je le reconnais, parfois excessif. Lors de la sortie du rapport, deux de ses plus proches m’ont affirmé qu’il avait été blessé par une formule dont la rédaction pouvait être mal interprétée. Je m’en suis expliqué avec eux mais j’ai, au fil du temps, compris que cela ne suffisait pas. Faute de parvenir à le voir à l’Assemblée Nationale, je lui ai écrit une lettre d’explication. »

Le texte auquel Eric Besson fait allusion est le fameux pamphlet de 80 pages faisant une critique en règle de N. Sarkozy et mis en ligne sur le site du PS. Je suis heureux de constater que l’un de ses auteurs reconnaît que cet écrit était « parfois excessif ». On se réjouira aussi de voir un homme politique capable de respecter son adversaire au-delà du clivage politique et qui s’efforce de ne pas mélanger combat des idées et attaques personnelles. Eric Besson précise par ailleurs qu’il avait envoyé cette lettre à N. Sarkozy bien avant sa démission.

Enfin, Eric Besson termine son texte en évoquant les grandes questions politiques qui doivent être abordées lors de la campagne présidentielle et qui, selon lui, ne le sont pas explicitement. Or, la dernière de ces questions est la suivante : « Sommes nous prêts à un indispensable nouvel équilibre entre droits et devoirs ? Par exemple pour réformer le marché du travail et concilier vraiment « flexibilité et sécurité » ? » Ségolène Royal appréciera...


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