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Airbus versus Facebook

Publié le 10 juillet 2012 par Toulouseweb
Airbus versus FacebookL’avion et les réseaux sociaux sont-ils «concurrents» ?
Airbus répond, de manière inattendue, à une question qui ne lui a pas été posée : le développement des «réseaux sociaux», c’est-à-dire Facebook et de ses émules, risque-t-il de freiner l’irrésistible essor du transport aérien ? C’est, pour tout dire, franchement incongru de s’interroger à ce propos, sauf à croire que l’humanité toute entière est prête à entrer de plain-pied dans un monde virtuel. Bien sûr, passer une nuit entière à lire des messages et à poster des réponses, mettre des photos en ligne, échanger avec des correspondants installés à l’autre bout de la planète, partager par écrit joies et tristesses, revient à communiquer, dans l’acception la plus contemporaine du terme.
Mais, du coup, à l’avenir, prendrons-nous moins souvent l’avion pour autant ? Seuls des publicitaires branchés (un pléonasme !) sont susceptibles d’établir un tel rapprochement. Et si une belle et grande maison comme Airbus n’était pas dans la boucle, ce non-sujet mériterait d’être passé sous silence, la preuve étant que les prévisionnistes les plus réputés du transport aérien ne font visiblement pas intervenir les réseaux sociaux dans leurs méthodes de calculs. Par simple curiosité, voyons quand même ce que cela donne.
Il s’agit d’une enquête à très grande échelle, 1,7 million de personnes consultées sur une période de 2 ans et un échantillonnage de 10.000 sondés interrogés de manière plus détaillée (on aimerait que les sondages politiques s’inspirent de cette méthode). Cela pour aboutir au résultat convenu que chacun pouvait en attendre :
- 63% des personnes interrogées disent qu’elles prendront l’avion plus souvent en 2050 qu’aujourd’hui ;
- 60% estiment que les réseaux sociaux ne remplaceront pas le besoin de se rencontrer ;
- 40% n’attribuent pas pour autant un satisfecit au transport aérien, regrettant que les déplacements en avion soient «de plus en plus stressants».
Charles Champion, directeur général technique d’Airbus en tire une conclusion difficilement contestable : «l’aviation est la véritable Toile mondiale». Message publicitaire placé à cette occasion, ladite Toile apporte 2.200 milliards de dollars au PIB mondial, assure 57 millions d’emplois à travers le monde, correspond à 35% du commerce international.
Les critiques n’en sont pas moins nombreuses et les attentes importantes. Mais c’est en vain que l’on cherche un motif de surprise dans les conclusions de cette enquête d’une ampleur hors du commun. Ainsi, 88% des personnes interrogées affirment que la réduction de la consommation de carburant est essentielle et 85% ajoutent qu’il est primordial de réduire les émissions de CO2. Dans le même esprit, 66% des voyageurs souhaitent des avions plus silencieux et 65% demandent qu’ils soient entièrement recyclables en fin de vie.
Les griefs étaient connus d’avance : attente exagérée aux contrôles de sûreté, lenteur de l’enregistrement et de récupération des bagages, attentes exagérées au roulage avant décollage, etc. Commentaire de Charles Champion : les investissements en R/D pour améliorer les performances environnementales des avions sont considérables et, de manière plus générale, des concepts novateurs sont à portée de main, tel ce «Concept Plane» (notre illustration) qui relève de méthodes technico-publicitaires telles que les affectionne l’industrie automobile. Revoici le langage branché de l’avenir : la «Concept Cabin» (sic) dudit Concept Plane verra les classes traditionnelles remplacées par des zones «revitalisantes», «interactives» et, mieux encore, «Smart Tech».
C’est très bien. Mais l’ami Champion ne nous dit pas si les avions partiront à l’heure, si la liaison ferroviaire dédiée gare de l’Est-CDG permettra un jour aux voyageurs d’éviter le RER le plus sale du monde, si les aérogares cesseront enfin de se transformer en centres commerciaux de très haut de gamme, comment l’industrie des transports aériens fera face à une croissance à laquelle, quoi qu’on dise, elle n’est pas préparée.
Reste la conclusion de l’enquête, sa vraie raison d’être : pour 74% des personnes interrogées, seules des relations nées de rencontres en face à face ont un sens. Vive l’avion ! Et ne tardez pas à revendre vos actions Facebook !
Pierre Sparaco - AeroMorning

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