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Il faut continuer

Publié le 10 juillet 2012 par Alteroueb

Vous l’avez remarqué, j’ai brutalement disparu de la circulation en laissant ici même que quelques phrases lapidaires. Je tente de refaire surface autant que faire se peut. En reprenant mon travail ce lundi, j’ai trouvé ici ou là des mots touchants, des témoignages de compassion, des encouragements, parfois venant de personnes que je ne connais pas, et qui m’ont fait chaud au coeur… J’ai retrouvé une petite flamme et un clavier pour écrire un tout petit peu, sur les conseils de Ronald et pas mal d’autres leftblogueuses et leftblogueurs. Bien plus que je ne le pensais, l’écriture est salutaire

merci
Jamais je n’aurais imaginé un jour traverser un tel moment : mi-juin, mon épouse a tenté de mettre fin à ses jours mais la providence a opportunément placé un groupe de promeneurs dans un endroit habituellement désert, ce qui lui a sauvé la vie. En une vingtaine d’heures à attendre la sortie du coma, on a le temps de revoir sa vie, les 26 ans passés ensemble, tout ce qui a été accompli, le meilleur, le pire, et à se poser beaucoup, beaucoup de questions. Comment continuer avec un fardeau dont on perçoit sans peine le poids exorbitant et la place indivisible qu’il prend pour la suite de l’histoire ?

C’est encore trop tôt pour parler des raisons profondes d’un tel acte. Elles sont forcément multiples, complexes, imbriqués, enfouies, résultant certainement d’une enfance rude et pas franchement heureuse. J’en vois bien quelques unes. Ce vécu difficile à porter nous a causé quelques difficultés par le passé, mais sans nous empêcher de vivre de nombreux et grands moments de bonheur. On a accompli ensemble d’immenses et nobles choses qui effacent comme par enchantement bien des obstacles.

Mais quelque part, selon moi, notre société, le monde qui nous entoure a insidieusement changé et a pesé sur nos existences bien plus qu’on ne le croit. Jusqu’alors, nos vies étaient remplies, sans extravagance, mais aussi sans trop de privations. Le contexte de la dernière dizaine d’années traversées a fini par nous imposer des renoncements de plus en plus importants, obligeant à des choix draconiens pour sauvegarder l’essentiel : tenter de donner à nos enfants des valeurs saines et des armes pour affronter un avenir des plus incertains. Quand tout est absolument compté, pesé, analysé, quand les petits moments destinés à échapper au quotidien deviennent un luxe inaccessible, et que rien ne s’arrange, que le banquier presse, que la bague de la grand-mère est déjà vendue, c’est parfois difficile à gérer. Depuis 6 ans, les vacances se passent dans mes 4 murs, et cinémas, restaurants, petits week-ends sont classés au rang de fantasmes. C’est la crise, il faut bien payer. En tant que petits fonctionnaires d’Etat à salaires bloqués, loin des primes et avantages mirobolants que l’on entend dans les médias, elle nous fait mal. Dire qu’on est pas les plus mal lotis…

Je veux dire simplement qu’on a tous des hauts et des bas, mais que si j’avais pu une fois par an passer quelques jours de vacances avec ma petite femme, pour se changer les idées, elle n’aurait peut-être pas commis l’irréparable. Je suis peut-être à côté de la plaque, loin du compte, mais je dois avouer avoir très mal vécu ces 5 dernières années, à enrager sans cesse contre toutes les arnaques «légales» que nous fait subir une société inhumaine et dévoyée. Peut-être ai-je contribué au drame. Certainement même…

Il ne reste plus qu’à déplorer, et à relever la tête pour continuer d’avancer. J’avais, il y a peu, été confronté d’assez près à une détresse analogue, un appel au secours poignant. Choqué, j’en avais fait aussitôt un billet, bien loin d’en mesurer tout ce que cela implique. Cet acte fait maintenant partie intégrante de la vie de ma famille. Il va falloir faire avec et construire autour. Le temps, j’espère, va faire son office pour apaiser cette dévastation. On dit bien que ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort… Tous les espoirs sont donc permis.

Merci infiniment à celles et ceux qui nous ont apporté leur soutien, qu’ils sachent combien des attentions simples peuvent apaiser.


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