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Des « bleus » à l’âme

Publié le 11 juillet 2012 par Alex75

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L’actualité sportive a été dominée, il y a quelques jours, par cet Euro 2012 organisé en Pologne et en Ukraine, marqué  par l’élimination rapide et anticipée des Français, et cette incroyable victoire des Espagnols, 4 buts à 0 sur l’Italie en finale, la Roja sur la Squadra Azurra. Et dans une double approche, il est vrai (sans être un amateur inconditionnel du ballon rond), que l’on peut être fortement agacé par ces « bleus » du foot – à savoir une particularité nationale – au travers d’un sport, par ailleurs, qui n’est plus ce qu’il était, et cela sous les effets conjugués de l’argent et de la mondialisation.

Aujourd’hui baptisé l’Euro, cette compétition était autrefois baptisée plus justement, mais un peu plus longuement, le Championnat d’Europe des Nations. Mais outre cette question sémantique, dans une approche subliminale, il est vrai que ce championnat d’Europe de football aura longtemps été le conservatoire des stéréotypes nationaux. Les Allemands étaient organisés, solides, rugueux. « Même quand ils jouaient mal, ils gagnaient ». Les Italiens étaient élégants, rusés. Les Espagnols avaient déjà les meilleurs clubs du monde, où évoluèrent les meilleurs joueurs, tel le Hollandais Johan Kruyff (Real Madrid, FC Barcelona). Mais ils gagnaient rarement, à l’époque. Les « Espagnes » ne formaient jamais une réelle équipe, jamais une nation. Les Anglais jouaient parfois bien, mais ne gagnaient jamais, à leur grande surprise. « Les Russes étaient communistes et portaient un maillot rouge, même en juin, c’était l’hiver pour eux ». Les Français étaient légers et inconstants, capables du meilleur comme du pire. « Parfois le meilleur s’appelait Platini, ou plus tard Zidane », dixit Monsieur Zemmour. Aussi, les succès de l’équipe de France ont toujours été périodiques et en dents de scie.

Après la génération dorée des joueurs l’après-guerre, qui se distingua aux coupes du monde 1954, puis 58 en Suède, celle des Fontaine, Kopa, Piantoni, a suivi la désillusion des années 60, et l’échec du mondial de 66. Avant de rebondir durant les « quatre glorieuses » de la Coupe du monde 1978 et le Championnat d’Europe 1980, la 4e place inattendue au Mondial 1982, clôturé par le premier sacre européen à l’Euro 1984 de la génération Platini, Rocheteau. S’en est suivi la transition délicate (1986-96), avant de découler sur l’Apothéose de la coupe du Monde 1998, les échecs (2002, 2004), puis le bref retour au sommet de 2006. Et cela avant de retomber de nouveau dans les difficultés et les polémiques (depuis le mondial 2008). A l’époque, les stéréotypes étaient parfois aussi inversés, mais c’était la confirmation qui confirmait la règle. Mais c’est la mondialisation qui a tout chamboulé. D’abord celle décidée par le juge européen, et le célèbre arrête Haussmann, supprimant les frontières dans l’Europe du football. A l’époque, Platini montra déjà l’exemple, en quittant Saint-Etienne dans les années 80, pour aller jouer à la Juventus. Tous les meilleurs joueurs se retrouvaient dans les grands clubs. Ainsi, dans les quatre équipes arrivées en demi-finale de cet euro, on a surtout retrouvé les joueurs du Real Madrid. Les entraîneurs ont suivi les joueurs, et tout le monde a adopté les mêmes méthodes, les mêmes styles de jeu.

Les Italiens, eux, ont abandonné leur jeu fermé et triste. Cela dit, c’est beau et efficace. « Ils avaient laissé à la maison leurs combines mafieuses sur les paris et matchs truqués, ils étaient enthousiastes ». Ils s’inspiraient du jeu de Barcelone, comme tout le monde. Mais justement, ils ont rencontré leur modèle en finale. Mais l’élève n’a pas dépassé le maître. Il ne faut pas s’en étonner. C’est là l’explication, et comme au mondial 2010, le modèle est resté indépassable. Alors aujourd’hui, « tous ces joueurs sont riches comme Crésus », ils ont tous quitté leur famille à l’adolescence, « ils sont tous, des sales gosses de leurs temps ». Mais ils chantent leur hymne national, courent sur le terrain, se font des passes, jouent collectif et se congratulent mutuellement à chaque action ou quand leurs camarades les remplacent sur le terrain. Ainsi, quoi qu’il en soit de l’uniformisation du jeu, on accepterait la défaite, à la rigueur, mais après avoir un peu vibré. Comme lors de cette incompréhensible défaite contre la RFA, un soir de juin 1982, à Séville, les spectateurs contemplant alors « le regard hagard de Platini », sur le terrain, le maillot sur l’épaule, au coup de sifflet final. L’écart générationnel est là. 

Seuls les joueurs français restent la bouche fermée, les lèvres cousues, et les jambes croisées. Ils sont onze sur le terrain, forment à priori une équipe, mais n’ont pas l’esprit collectif, dans un sport qui l’est pourtant. Ils jouent pourtant bien, parait-il, fort bien même, dans leurs clubs étrangers respectifs (Bayern, Chelsea, Réal…), le plus étonnant. Il y a quelques années, alors que Raymond Domenech l’avait sélectionné, Nicolas Anelka manifestait son mécontentement à l’encontre de l’entraîneur de cette équipe, d’un pays ou après tout, il ne payait pas ses impôts. Mais cette valse continue des sélectionneurs, n’y changera rien, n’y pourra rien, après Laurent Blanc, maintenant Didier Deschamps, et après Deschamps, encore un autre. La problématique est plus profonde. L’esprit d’équipe n’est plus là. Les joueurs français « roulent sur l’or, pas sur le tricolore ». Et c’est là une particularité hexagonale, c’est la culture « racaille », une spécificité bien nationale, mais dont on se serait volontiers passé…   

   J. D.


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