Depuis lundi, jour de la reprise des entrainements des Rossoneri et de la conférence de presse de Galliani et Allegri, on n’entend plus que ça : « Tout est possible » , quelques mots qui font trembler les tifosi mais qui régalent les journalistes. Depuis deux jours, il semble que ce soit de nouveau les « portes ouvertes » à Milan, une boutique libre service : on entre, on se sert et on passe à la caisse. En réalité, Galliani a juste voulu être honnête, pour une fois. Le mercato de Milan n’est pas clos et tout peut arriver, en entrée comme en sortie.
L’administrateur délégué a tiré la sonnette d’alarme : l’Italie traverse une grave crise et cela touche par conséquent les sociétés de football : « Le football italien reflète le pays en crise. Mettez-le vous en tête : les grands noms ne viennent plus en Italie » C’est le constat amer et nostalgique de Galliani, une déclaration choc de la part d’un dirigeant qui contrôlait et dominait le mercato, qui appartient maintenant à d’autres : aux cheikhs, aux magnats russes… Vouloir n’est pas synonyme de pouvoir. L’AC Milan (et les club italiens en général) ne peut plus rivaliser avec les clubs les plus riches sur le mercato. L’époque des folies est terminé, même pour le club le plus titré du monde. Les top players ne sont plus attirés par la Serie A. Et cela devient même très difficile de retenir ces top players en Italie puisque les clubs ne peuvent plus rivaliser, ni sur le plan sportif et encore moins sur le plan économique. L’AC Milan est la société italienne qui a le meilleur chiffre d’affaires mais reste malgré ça très loin des sommes encaissées par les top clubs européens. Il est impossible de rivaliser avec eux en ce moment. Les clubs les plus riches sont les plus compétitifs, c’est étroitement lié…
Pauvre Milan! Pauvre Herbert Kilpin! Sa phrase a changé de sens aujourd’hui : nous seront rouges comme les caisses du club et noirs comme les yeux des tifosi en colère. Mais la situation est-elle aussi grave que ce que veulent nous faire croire les médias? Probablement pas. Galliani a surtout voulu être clair (on l’a tellement demandé…) : tout est ouvert, tout est possible mais en précisant que cela ne veut pas dire qu’un ou les deux top players partiront mais juste que le mercato est trop imprévisible pour faire des prévisions. Ce qui reste incompréhensible, c’est le manque de projet du club. Il n’y a pas de programmation, Milan vit au jour le jour sans avoir une vision claire du futur et des objectifs. Au contraire, les objectifs semblent dépendre du hasard.
C’est assez grave pour un club de ce niveau de ne pas être capable de fixer des objectifs et s’y tenir fermement : quel est l’objectif? Rester compétitif au plus haut niveau, juste en Italie, jouer le podium? Les premières choses à définir, ce sont les objectifs, pour ensuite se donner les moyens de les atteindre. Tout d’abord un budget, puis choisir les joueurs à vendre, ceux à acheter… à Milan, il n’y a pas tout cela : « On verra ». Cette « stratégie » prouve la faiblesse du club, qui ne dépend plus de ses objectifs, qui n’agit plus avec ses propres forces mais dépend des clubs plus riches. Ce sont eux qui décident pour l’AC Milan. Le club de Berlusconi ne contrôle plus rien, il subit, il est à la merci des plus gros. Milan ne peut plus fermement retenir ses champions par choix, ils restent si personne ne les veut, mais si une offre arrive, elle sera sérieusement étudiée… le bilan financier est-il plus important que les résultats sportifs? « On verra, tout est possible » Le pire, c’est-à-dire vendre Ibra et Thiago, comme le meilleur lorsqu’il rappelle le mercato 2010 avec les arrivées de Robinho et Ibrahimovic (un scénario impossible à l’heure actuelle).
Concrètement, la situation actuelle est claire : l’effectif est complet et il n’y aura pas d’arrivée sans départ. Ça c’est la règle, mais il y a une exception en ce qui concerne un milieu de terrain central. L’AC Milan en cherche clairement un et ce n’est qu’après l’avoir engagé que Strasser sera prêté. Une arrivée et un départ, l’ordre est juste inversé. En attendant, le Sierra-Léonais reste mais cela n’est que provisoire. Pour le reste de l’équipe, si Galliani dit que tout est possible, c’est qu’on peut s’attendre à tout. Ou même rien! Les déclarations de Galliani ont de nombreuses interprétations possibles : la première est la plus simple : cela pourrait être juste de la franchise sans aucune arrière pensée et sans aucune conséquence. Mais il y en a d’autres… cela pourrait être une manière de faire comprendre aux tifosi que la société fait des sacrifices. Cette hypothèse serait dans la continuité de la vente annulée (ou du cirque imaginé?) de Thiago Silva au PSG. Il s’agirait une manoeuvre pour faire passer le mercato très pauvre comme positif. Une autre hypothèse serait celle d’un appel à tous les acheteurs afin de vendre Ibra et Thiago Silva, mais cela semble peu probable (et pourtant celle sur laquelle tous les journaux se sont précipités, tient tient…). C’est la dernière hypothèse qui attire toute notre attention…
Attention, cela n’est qu’une hypothèse parmi les autres. L’AC Milan est tout de même dans une situation difficile et pourrait avoir la nécessité de vendre un top player. Or, il semble difficile de voir Milan changer d’avis concernant Thiago Silva après avoir refusé une offre 46M par Berlusconi en personne et de lui avoir prolongé son contrat jusqu’en 2017 avec augmentation salariale à la clé (6M / an). Cependant, si Milan était prêt à le vendre, c’est parce qu’il y a réellement des problèmes économiques et l’annulation de la vente ne les a pas réglé comme par magie… la nécessité de vendre serait toujours présente. Ainsi, les déclarations de Galliani, pourraient être un appel à d’éventuels clubs intéressés par Ibrahimovic, tout en faisant comprendre à ce dernier que l’équipe ne serait pas renforcée. L’administrateur délégué a en plus pris comme exemple le cas Ibrahimovic, qui en 2012 (contrairement à 2010), n’aurait jamais pu venir en Italie, en expliquant que les salaires des top players ne sont plus compatibles avec l’économie italienne. Son salaire pèse énormément sur les finances du club.
Vu comme ça, le message semble assez clair : Milan ne peut plus supporter le salaire d’Ibrahimovic et ce dernier doit être vendu. Le problème c’est qu’il n’y a pas d’offres pour Ibrahimovic, qui a 31 ans et un salaire avoisinant les 12M nets par an qui fait même fuir les cheikhs. Mais même après avoir pris ces deux éléments en compte, il faut souligner le fait que Zlatan garantit une continuité de rendement qui a peu d’égal dans le monde. Son départ affaiblirait considérablement l’AC Milan, avec tous les risques d’effets dominos que cela signifie (résultats décevants, moins d’argents… et cercle vicieux d’appauvrissement s’il est mal remplacé). Si tout cela s’avère vrai, Milan est dans une impasse et pourrait alors revoir ses plans en décidant de vendre Thiago Silva. Y aurait-il un effet domino et donc un départ d’Ibrahimovic? Difficile de savoir mais le pressing du PSG pourrait mettre Milan au pied du mur, avec une stratégie précise : Vous voulez vous débarrasser du salaire d’Ibrahimovic? D’accord, on est prêt à vous l’acheter mais seulement si Thiago Silva vient également. Sinon, gardez Zlatan et débrouillez-vous avec son salaire. Et si c’était réellement le cas? Comment Milan réagirait?
On en revient au début : « Tout est possible, en entrée comme en sortie » Les interprétions sont nombreuses, les certitudes, inexistantes. En théorie, Thiago Silva devrait rester car la position prise par Milan a été trop forte pour être balayée en quelques semaines : refuser une telle offre, avec une intervention de Berlusconi et offrir un nouveau contrat au joueur laisse peu de doutes quant à la volonté du club. Le discours est différent en ce qui concerne Ibrahimovic car son age et son salaire ne jouent pas en sa faveur. Si une offre intéressante parvient à Milan, le club la prendra en considération. Dans le cas contraire, Ibra et Thiago pourraient rester, pour le plus grand bonheur des tifosi. Galliani, Allegri et Ambrosini ont tout de même souligné la volonté de rester compétitifs à tous les niveaux. La situation actuelle est calme et il n’y a aucun assaut de la part du PSG. Mais attention tout est possible… la seule certitude actuelle est qu’on va vivre un mois et demi infernal en espérant tout de même que Milan réussira à construire une équipe compétitive au moins capable de régner en Italie…
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