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Suite de la série Appel d’Offres qui va devenir un vrai feuilleton

Publié le 13 juillet 2012 par Tradonline

Comment faire pour rendre un appel d'offres infructueux…

Deuxième billet traitant des appels d'offres. Un thème que nous aurions aimé éviter d'aborder sous cet angle….

Nous souhaitions répondre à un récent appel d'offres de traduction en différentes langues de contenus divers. Ce, pour la mairie disons d'une des premières villes de France.  

Mais stupeur (voire tremblement), que ne voyons nous pas ?  Précisé dans le cahier des clauses particulières, il nous est demandé de procéder à des traductions tests. 

Je tique, mais…je mets de côté, en attendant de passer une demi-journée sur la rédaction de la réponse. Mais mes aimables confrères et néanmoins concurrents ont aussi tiqué…et ont posé une question à ce sujet (en utilisant la fonction officielle prévue sur la plateforme de dématérialisation). 

Je vous livre la question et la réponse de la personne responsable du marché : 

QUESTION : "La traduction du texte à vous fournir à titre de test de sélection (15214 mots à traduire en 3 langues) sera-t-elle rémunérée quel que soit votre choix ?"

REPONSE : "Nous vous rappelons que chacun des trois textes en français doit être intégralement traduit vers chacune des trois langues. Neuf traductions doivent donc être remises au total avec l’offre. En outre ces traductions ne seront pas rémunérées."

Pour les néophytes, le coût "client – prix moyen du marché" de la traduction de 15214 mots en anglais, allemand et espagnol (donc pour Trad Online et notre engagement qualité, cela veut dire traduction + relecture par un second traducteur)  peut être estimé (je donne la fourchette la plus large possible) entre 5500 euros et 7000 euros HT…. je rappelle qu'un traducteur traduit entre 1500 et 3000 mots par jour en fonction des contenus. Soit autour de 4-5 jours de traduction par langue pour ce volume… 

Ce qui veut dire simplement que pour répondre à cet appel d'offres d'un montant estimé sur 3 ans entre 15 et 80000 euros (soit entre 5000 et 25000 euros par an, belle fourchette non ?), une agence de traduction doit engager un montant minimum de 3500 à 4000 euros si l'on fait l'hypothèse rapide que la marge est environ de 30 %. Et vient en sus le temps passé sur la rédaction de la réponse…

Je doute qu'une société de traduction digne de ce nom (et non, ayant des pratiques douteuses ou de ventes à perte) réponde à cet appel d'offres…Et je m'attends donc presque à sa déclaration infructueuse

Hypothèse 1 que je ne retiens pas : faire traduire des textes gratuitement. Mais ce serait idiot.  

Hypothèse 2 que je ne retiens pas : avoir mis une clause de ce type pour pouvoir déclarer infructueux l'appel d'offres

Hypothèse 3 que je retiens : une méconnaissance totale de l'acheteur en question sur la conséquence d'une telle demande. Et donc, sa méconnaissance tout aussi totale du secteur de la traduction

Note : Je saisie bien l'intérêt du recours aux appels d'offres pour le client et pour le contrôle des pratiques du marché. Mais entre l'exemple décrit ci-dessus, d'autres pratiques "encore plus opaques", le temps passé par les différents répondants, le temps de la rédaction de l'AO, de son dépouillement, j'aimerai connaitre l'impact sur le calcul de la productivité de notre beau pays. Si vous connaissez un rapport (du CES par exemple) sur ce sujet…je suis preneur. 


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