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Face au pillage du mobilier national, l'État doit améliorer la gestion de son patrimoine

Publié le 16 juillet 2012 par Copeau @Contrepoints

Les trésors de la République sont encore bien mal gardés. Beaucoup de progrès restent à faire pour suivre le patrimoine du mobilier national et punir ceux qui le détournent.

Par Jeanne Pavard.
Article publié en collaboration avec le Cri du Contribuable.

Face au pillage du mobilier national, l'État doit améliorer la gestion de son patrimoine

Le bâtiment du Mobilier National à Paris

Les trésors de la République sont bien mal gardés. Depuis que la Cour des comptes s’est alarmée de l’absence d’inventaires des collections publiques, une Commission interministérielle de récolement des dépôts d’œuvres d’art a été mise en place afin de localiser les œuvres des ministères, ambassades, palais de Justice, universités… Son président, Jean-Pierre Bady, a rendu en 2007 au ministre de la Culture son 9e rapport, dont pas un n’a été publié ! Dans Museum Connection [1], Emmanuel Pierrat et Jean-Marie de Silguy révèlent ce qui s’apparente à un véritable pillage !

À Aix-en-Provence, c’est un magistrat qui est surpris à déménager nuitamment des meubles du Palais de Justice, au ministère de l’Agriculture, c’est une sculpture en marbre de 2,10 m qui se volatilise, à l’Assemblée nationale, c’est le président Jean-Louis Debré qui constate que 39 pièces sont introuvables, parmi lesquelles des tables de jeux Restauration en acajou, une bergère Premier empire, et… un Picasso !

Avec un taux de perte de 26%, le ministère des Affaires étrangères est le plus mauvais élève. Les ambassades, richement dotées, sont les plus faciles à dépouiller. En particulier en Europe de l’Est, où l’on retrouve des objets provenant des représentations françaises sur le marché de Naschmarkt, à Vienne.

Le Mobilier national conserve plus de 200 000 meubles et objets d’art mis à la disposition des élites de la République. Pister les dépôts est une tâche difficile, confie Bady en évoquant son travail à la tête de la commission de récolement :  "On a affaire à des gens puissants et je ne veux pas faire preuve d’une attitude trop policière. Notre rôle est largement pédagogique, l’important est qu’une prise de conscience s’opère et débouche sur des habitudes plus rigoureuses" [[2. Le Monde, 17 septembre 2006]].

Ainsi de la Mairie de Paris, dépositaire de 11 tapis et tapisseries de grande valeur, dont 5 commandés à la Savonnerie par Colbert, qui a refusé, de 1982 à 1997, de répondre aux demandes de restitution de la Cour des comptes et n’a toléré aucune inspection.

En 1997, la Cour des comptes constatait déjà que le Mobilier national avait meublé 250 logements de fonction d’autorités non ministérielles. Elle pointait par ailleurs que pour de nombreuses pertes et vols avérés, aucune plainte n’avait été déposée… Il faut dire que le législateur est pour le moins magnanime. En cas de disparition, « l’émission d’un titre de perception pour la valeur des pièces, estimée au moment où la disparition est constatée, ou l’acquisition, sur proposition du déposant, d’une pièce équivalente qui sera inscrite sur les inventaires du déposant ». À croire que les occupants des Palais de Justice y trouvent leur compte !

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Sur le web

  1. Museum Connection, d’Emmanuel Pierrat et Jean-Marie de Silguy, Editions First, 2008

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