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De l’inconvénient d’appartenir à une classe dominante

Publié le 16 juillet 2012 par Juval @valerieCG

Il y a quelques temps, est passée sur France 2, Aïcha, téléfilm d’un série narrant les aventures d’une jeune fille d’origine maghrébine.
En gros, tous les clichés étaient présents :
- les femmes arabes qui parlent avec un drôle d’accent et vont au hammam entre deux couscous
- les pères arabes un peu racistes mais avec un grand coeur
- les filles d’origine maghrébine qui sont sauvées par des de souche

J’étais donc en train de twiter avec ardeur mes impressions lorsque quelqu’un a pris mes propos au premier degré et m’a traitée de raciste. Lorsqu’il a compris que je plaisantais, il m’a souligné que ce genre d’humour pouvait blesser beaucoup de gens.

COMMENT ? Comment mon humour si fin, si délicat, avec mon immense connaissance du racisme pouvait-il blesser qui que ce soit ?

J’ai donc complètement ignoré ses réflexions.

Je ne vis pas le racisme. Je sais ce que c’est dans la théorie, je l’ai vu à l’oeuvre, je le lis chaque jour mais je ne le vis pas. On me ramènera évidemment au racisme anti-blanc – je précise que cela n’est pas le sujet ici – et que surtout jamais le racisme anti blanc, fait de quelques individus isolés – n’a rien d’un caractère collectif. Vous ne souffrirez pas de discrimination à l’embauche, à la location si vous êtes blanc.
Je ne peux donc substituer ma parole à celle d’un non blanc, en lui expliquant ce qui doit le faire souffrir ou pas, ou quand et comment il doit souffrir. Si mon humour le blesse, alors je dois fermer ma gueule – ce que je n’ai pas fait –  . Nous sommes tous et toutes – sauf rares exemples – membres d’une classe dominante à un moment donné.

J’ai donc eu profondément tort d’ignorer la remarque de cet homme qui me faisait remarquer que mon humour blessait les gens concernés.
Je me suis donc comportée comme certains,  qui passent leur temps à expliquer aux femmes comment elles devraient vivre leur oppression alors qu’ils appartiennent à une classe privilégiée.

Vous me direz qu’Eric Fassin est toujours plus qualifié que Christine Boutin et Rachida Dati pour parler du genre ou de l’immigration. Certes. Pour démonter les mécanismes, pour les analyser. Il ne se permettrait certainement pas de leur expliquer comment elles doivent vivre qui le fait d’être femme, qui le fait d’être immigrée. (c’est l’occasion pour vous d’aller lire tout Eric Fassin). (et je ne suis pas Eric Fassin. Pas plus que vous).

C’est cela le fait de déconstruire le fait d’appartenir à une classe dominante. Avoir conscience qu’on en fait partie – à son corps défendant – et savoir se mettre en recul quand les premiers concernés – ou les premières concernées – s’expriment. Je n’ai pas su le faire car les vieux réflexes sont revenus vite ; je connais bien les problématiques anti racistes donc je ne fais plus partie de la classe oppressive. Ben si. Même si ca m’emmerde. Même si je tente de ne pas y participer.

ps ; le sujet n’est PAS le racisme anti blanc ou le sexisme subi par les hommes. donc MERCI de ne pas dériver sur ce sujet là. là vous seriez en plein dans le splaining.

Je précise que le sujet de ce texte n’est pas du tout l’humour – ce que vous auriez compris d’ailleurs si vous aviez cliqué sur le lien donné – le texte concerne le fait de se poser en position d’autorité pleine de morgue et de condescendance alors qu’on fait partie d’une classe dominante et qu’on ferait mieux donc, de rester en retrait.


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