Mêler sa curiosité naturelle à son penchant pour la filière bio. Voilà le rêve de Martine Morlot. C’est pour cette raison – et de surcroît pour des tracas de santé – que cette mère de trois enfants a rangé son « costume » d’ingénieur en biomédical pour endosser celui d’agricultrice à Anost. « En 2010, j’ai dû revoir ma carrière suite à un problème de santé » explique la Dijonnaise d’origine. Résultat : avec Philippe, retraité SNCF de deux ans son aîné, le couple opte pour prendre le grand large. Direction le Morvan, leur terre de prédilection. « On adore le coin pour ses paysages et ses possibilités de balades », sourit Martine. Seul impératif : « on voulait du terrain, un espace naturel qui soit le moins dégradé possible ».
« La permaculture, j’ai trouvé ça fantastique »
En mai 2011, ils tombent sous le charme d’une ferme morvandelle à Corcelles, petit hameau d’Anost. L’affaire immobilière est conclue. Reste aux heureux propriétaires à relever les manches pour remettre en état leur nouvelle demeure et défricher les 1,2 ha environnant. « À cette période, je n’avais toujours pas idée du fil conducteur de ma reconversion professionnelle », assure Martine.
À partir de septembre, les choses se concrétisent peu à peu. Elle rencontre Nicolas Pezeril, adepte de permaculture et spécialisé en fruits et greffes de fruitiers à La Grande-Verrière. « J’ai trouvé ça fantastique. J’ai donc voulu l’adapter aux légumes ». Martine cogite, potasse les bouquins, rencontre des professionnels… Ainsi naît l’idée de cultiver un jardin naturel. Une innovation sur le secteur. Sur sa parcelle de prairie de 1 800 m² exploitables, elle structure son jardin sur une petite surface. Sa technique ? La culture sur buttes autofertiles : « Cela consiste à augmenter le niveau de terre végétale pour que l’enracinement soit plus profond afin de cultiver davantage de légumes. Mon jardin de 120 m² représente au final 1 000 m² de culture en terme de rendement. »
De la roulotte… aux toilettes sèches
Dans la foulée, Martine songe déjà, six mois dans l’année, à proposer chaque matin sa production en vente directe et une petite restauration paysanne de midi au coucher du soleil.
Mais qui dit accueil, dit cuisine, toilettes… « Ce n’est pas parce que l’on est dans le bio et la culture naturelle qu’il faut négliger les gens. Au contraire ! », rétorque-t-elle. Dans le prolongement de son activité agricole, elle crée alors son auto-entreprise sur la partie restauration. Après moult tracasseries administratives, le projet se concrétise enfin. Coût total de l’investissement : 40 000 €. Aujourd’hui, sa cuisine, parfaitement équipée avec eau et électricité, a pris place dans une jolie roulotte fleurie réalisée par un ébéniste. Un site agréable doté du doux bruit du ruisseau voisin, le Mont Maillot. Dans la verte campagne, près du poulailler et des clapiers, trônent tables et chaises de récupération. Y compris, au fond du jardin, les indispensables toilettes sèches, alternative écologique oblige. « Je ne cherche pas à gagner de l’argent, assure Martine, juste à remettre les gens en lien avec la terre en leur proposant des produits basiques mais frais. ».