Est-il possible de se tromper à tous les coups ? Oui !
C'est exactement ce qui arrive à la BCE depuis qu'elle existe. Depuis sa création, en 1999, elle n'a cessé de gérer les taux d'intérêts en fonction de l'inflation. Mais le monde a changé !
L'inflation n'a pas eu lieu dans les années 2000, en plein boom économique.
Dans le passé, le plein emploi signifiait toujours une tension au niveau des salaires et des produits
Et effectivement, il est très difficile de se sortir de cette spirale inflationniste: les hausses des salaires font renchérir le prix des produits, qui poussent ensuite les salariés à demander
une nouvelle hausse. Celle-ci induit une nouvelle hausse des prix de productions.
Pour tenter de se sortir de cette spirale inflationniste, il n'y a qu'un moyen: renchérir le coût de l'argent. Quand vous augmentez les taux d'intérêts, vous diminuer la demande
de prêts des agents économiques: Il existe toujours un seuil au dessus duquel il vaut mieux épargner que produire. La baisse de production commence alors, envoyant des personnes au chomage
puisqu'il y a moins de production. Le contexte devient alors morose, moins propice aux demandes de réévaluations salariales, car chacun sait alors qu'il peut être remplacé par un chomeur. Les
prix n'augmentent plus, et on tombe alors dans le risque inverse, de récession, qui est au moins aussi grave, sinon plus grave. En effet, si les prix baissent, les agents économiques se disent
qu'il ne faut pas se presser pour acheter, et retardent donc les commandes. La production ralentit en conséquence, et si la demande n'est toujours pas assez forte, on baisse encore les prix, et
on réduit la production, envoyant de fait au chomage un nouveau wagon de salariés. Pour pousser les agents à investir, il n'y a qu'un moyen: baisser le coût de l'argent. En
effet, si les taux baissent, il vaut mieux produire avec son argent que de le laisser dormir. Le méchanisme est alors inverse à celui présenté ci-dessus: On voit des demandes de prêts affluer,
l'économie repart, les embauches reprennent, etc...
La hausse des salaires et des produits n'a pas eu lieu en 2000, contrairement au méchanisme présenté ci-dessus. Pourquoi ? Qu'est-ce qui a changé ?
Une seule réponse: mondialisation ! C'est elle qui a bloqué les salaires et véliités de hausse. En effet, à la moindre plainte des salariés, cela s'est traduit par des délocalisations
supplémentaires. Le raisonnement est le suivant: "vous, européens, vous me coûtez cher. Alors on continue comme ça, ou sinon, tout part en Chine". Certes, c'est un peu plus complexe, mais la
menace a planné, et des délocalisations, de production d'abord, de recherche ensuite, ont eu lieu en masse, depuis les années 1990. La hausse des salaires n'a donc pas eu lieu, malgré une
croissance forte. Les produits non plus n'ont pas augmenté. Dès que la production était plus rentable dans les pays à bas coût, celle-ci a été délocalisée, maintenant les prix bas à cause de la
concurence mondiale. Voilà pourquoi nous n'avons pas eu d'inflation, alors que tout poussait à penser le contraire. On peut donc utiliser les taux pour relancer l'économie locale, sans
crainte d'inflation, puisque celle-ci n'est pas produite localement.
Oui, mais l'inflation a repris ces derniers temps ? Pourquoi ?
Suite à la forte production mondiale (on est en croissance de 5%/an jusuqe 2007 tout de même !), la demande en matières première a explosé. Il arrive un moment où on ne peut plus produire
autant. Les fournisseurs de matières premières ont alors un pouvoir de fixation de prix: Ils ont monté les prix, pour équilibrer l'offre à la demande. Tant que la demande est supérieure à
l'offre, on peut augmenter les prix, jusqu'à ce que ce soit trop cher (pour certains) d'acheter, et que la demande diminue pour "coller" à l'offre. C'est ce qui arrive en ce moment. Et la
BCE ne peut rien faire contre cela. Ce n'est pas en maintenant les taux élevés qu'elle jugulera cette inflation "mondiale".
Quelle sont les conséquences sur les taux européens élevés ?
La monnaie est attractive. On place donc son argent en Euros !! Comme le dollar est moins rémunéré - 2,25% après la dernière baisse de la FED, contre 4% pour l'Euro -, il est tantant de
convertir ses $ contre des €. Ainsi, on place dans une monnaie qui rétribue mieux. Mais cela fait chuter le dollar, et monter l'euro, puisque l'on vend des dollars pour acheter de
l'euro. Ainsi, nous sommes doublement pénalisés:
1/ Les taux élevés ne poussent pas à produire mais à épargner;
2/ Le taux de change défavorable à l'euro pousse à délocaliser dans une région moins chère: la zone dollar ! On voit ainsi des entreprises, comme EADS délocaliser la production aux USA.
La conséquence de maintient des taux élevés en europe est désastreuse:
Non seulement elle ne jugulera pas l'inflation, qui est une inflation "importée", mais en plus elle détruit des emplois.
Nous allons revivre ce qui s'est passé après la bulle internet: Une forte reprise aux USA, et une croissance molle en Europe, par la faute de la BCE qui n'a pas encore compris que le monde était
"ouvert".
Et la Chine dans tout ça ?
Elle continue à produire... Vu que les taux américains baissent, les délocalisations européennes se tourneront peut-être plus vers les USA que la Chine. Mais ce pays n'a pas de soucis à se faire:
Songez que les réserves chinnoises sont de 1500 milliards, et croissent de 20 milliards par mois ! En cas de chute de la croissance, ces réserves, qui représente plus d'une demi-année de PIB
permettront au gouvernement chinois de réagir pour soutenir la croissance. Ces énormes réserves sont également une menace pour nos pays industrialisés, que l'on ne mesure pas encore: Cela donne
un fort pouvoir d'achat à ceux qui détiennent des liquidités, et des rachats d'entreprises par les Chinois ne sont pas à écarter, surtout aux prix des actions actuellement qui sont extrêmement
bas. Cela fera remonter les prix des actifs financiers, mais le pouvoir sera transféré. C'est la conséquence de ce qu'on a semé. Si on veut éviter cela, il n'y aura qu'une solution
extrême: le "patriotisme économique", retour à la fermeture des frontières. Ce sera alors pire: on connaitra alors un brusque crack si c'est la décision qui est adoptée, car se refermer sur soi
est toujours néfaste. Aujourd'hui, on ne peut donc plus revenir en arrière: il faudra donc accepter un jour ou l'autre, que la Chine prenne une part de responsabilité dans nos économies. Car
à n'en pas douter, s'ils achètent des entreprises, ce ne sera pas pour "faire joli", mais bien pour influer.
Conclusion: Aujourd'hui, la BCE ne fait pas son travail correctement. Les conséquences des taux élevés sont graves:
1/ Elle provoque directement la hausse de l'euro;
2/ Elle pousse les entreprises à délocaliser;
3/ Elle provoque en conséquence une hausse du chomage;
4/ A terme, elle met les entreprises en difficultés, et en situation de se faire racheter par ceux qui ont des liquidités: les pays émergeants
... et en plus, cela ne combat pas l'inflation, qui est importée !!
Messieurs de la BCE, il est urgent de baisser les taux !!