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Spiritualité laïque. Foi et religion. Question. Tout est question.

Publié le 23 mars 2008 par Sarah Oling
En ce dimanche de Pâques, jour saint pour les Chrétiens, il m’est venu le désir de partager avec vous un questionnement existentiel , du moins à l’aune de ma propre réflexion. Être croyant, sans étayer sa croyance par une pratique religieuse « conventionnelle ». Se revendiquer comme athée et habiter le monde, en actes et en paroles, comme un homme adepte incarné de tous les Livres sacrés. Être intimement persuadé d’être dans un cycle de réincarnation et à chaque jour renouvelé, travailler à l’éveil de sa conscience pour, au moment de l’ultime passage, vibrer dans l’harmonie d’une éternité espérée.  Dans le ici et maintenant de notre évolution, libres de croire ou de ne pas croire, libres d’espérer follement qu’il y ait un « après » le chaos, qui ne serait peut-être pas l’ordre, mais un autre espace à inventer, que nos perceptions humaines n’auraient pas encore approché. Libres d’imaginer avec soulagement qu’il n’y a plus d’après. Que le voyage se termine. Qu’il n’y a aucun passeur pour nous attendre avec sa barque ivre de nos émerveillements attendus, pour nous déposer de l’autre côté du rideau pourpre de nos morts terrestres. Montaigne affirmait « C’est une sotte présomption d’aller dédaignant et condamnant pour faux ce qui ne nous semble pas vraisemblable » Qu’y a-t-il de plus « invraisemblable » que d’imaginer ce qui pourrait exister après notre vie terrestre ?  Puisque nous n’avons là que notre « foi du charbonnier » pour étayer cet imaginaire, le parer de possibles, à défaut de probables. Est-ce plus vraisemblable de ne pas vouloir abréger l’existence, ne serait-ce que d’un insecte, pensant arrêter là le cycle d’une réincarnation en devenir d’éveil ?  Ce chemin vers l’éveil, à l’hindouisme, puis au bouddhisme tibétain un peu plus tard me sont venus par des lectures, entre autres, de la Bhagavad-Gîta par Sri Aurobindo. Sri Aurobindo, un des maitres qui m’ont fait grandir en questionnements, qui ont étayé ma faim de comprendre le monde, de l’appréhender dans ses  éruptions violentes qui m’avaient  laissé dans mon jeune âge si souvent sur l’autre rive, celle d’un doute  oppressant. Sri Aurobindo, que j’ai lu et relu, jusqu’au jour où j’ai réussi à comprendre que  lire tous les grands textes fondateurs de l’Humanité, ne nous donnent cependant aucune légitimité à se revendiquer comme Connaissants, à défaut de croyants.  Chaque épreuve de notre vie nous donne le libre choix d’en éprouver la quintessence, d’en être ébranlés dans nos fondations les plus intimes et, porteurs d’une germination nouvelle, de faire de ce fruit en devenir un acte dit « religieux », ou non. Religieux. Mais quel sens mettre derrière ce mot si lourd, si puissamment connoté ? Se relier à quoi, à qui et pourquoi ? Je me souviens encore de longues conversations avec mon père. Lui qui avait été élevé en Pologne dans un milieu de rabbins, ultra-orthodoxes, avait perdu le son même du nom de Dieu après trois années passées à Auschwitz. J’ai grandi sans aucune conscience religieuse étayée.  Et pourtant… Et pourtant c’est sur ce désert divin que je me suis mise à construire un espace que certains qualifieraient de syncrétiste. Qu’est ce qui fait que l’on éprouve parfois au cours de sa vie, si l’on avait évolué sans cela avant, le besoin impérieux, puissant et sans rémission, de se rattacher à ce que je nommerai dans l’instant, faute d’avoir trouvé un  terme plus approprié,  un sens du sacré ? Pourquoi vouloir se créer une appartenance à une église, une mosquée, un temple ou une synagogue ?  Au fil du temps et de mes rencontres avec des maitres éclairés, Lama Teundsang, qui dirige le monastère bouddhiste de Montchardon, André Chouraqui qui me fit l’honneur de longues conversations inspirantes, dans son bureau à Jérusalem, entre tant d’autres, j’ai trouvé un chemin de foi qui me correspond, plus humaniste que fondamentalement religieux. Je me sens désormais plus résonante, parce qu’habitée, dans le doute, mais plus dans le désert. A l’inverse, peut-on affirmer, comme Nietzsche  que « Dieu est mort » » et qu’ainsi, nous, pauvres humains, sommes laissés à nous-mêmes, sans espérer, ni penser découvrir une vérité cachée, une transcendance ? Gloser sur l’immanence-transcendance, à l’instar de Sartre, dans sa « Critique de la Raison Dialectique » ?  Si tout est intérieur à tout, alors quel est cet intérieur matriciel au sein duquel je pourrais trouver une forme d’apaisement existentiel ? Questions, tout n’est que questions, plus ou moins « spirituelles ». Mais la spiritualité est-elle assimilable à la religion ? Qu’entend-on par « Vie Spirituelle » ? Serait-ce au sens mystique du terme, une expérience de l’ordre de l’indicible, de l’irraisonné ? Je suis allée à Châteauneuf de Galaure,  dans la  Drôme, à la rencontre de Marthe Robin, décédée en 1981, après avoir vécu paralysée, presque sans s’alimenter, stigmatisée au sens christique du terme, pendant près de 50 ans. J’ai souhaité, à défaut de comprendre, partager un instant les vibrations d’un lieu chargé de ce que l’on peut nommer une expérience spirituelle hors du champ du raisonné. Assise, seule, dans la chambre de Marthe, j’ai réfléchi longuement au sens de l’engagement religieux. Cette chambre devenue source et espoir pour des milliers de gens chaque année à travers le monde. L’éternité de la vie spirituelle de Marthe Robin m’apparaît là,  incontestable à chacune de ces rencontres qui se vivent encore en ce lieu, au-delà de sa mort physique. Il ne prouve ni ne définit cependant rien pour celui qui ne croit ni à un principe divin, ni à la vie spirituelle.

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