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M. Hollande relance la polémique sur l'euthanasie

Publié le 19 juillet 2012 par Hermas

Comme il était malheureusement possible de s’y attendre, le débat sur l’euthanasie est relancé, directement par M. Hollande, ès qualités. Celui-ci, en effet, a confié au Professeur SICARD, le 17 juillet dernier, mission « d’évaluer l’application » de la loi n° 2005-370 du 22 avril 2005, dite loi Leonetti, du nom de son rapporteur, relative aux « droits des malades et à la fin de vie ».

La lettre de mission est nuancée et prudente. Elle n’utilise pas le terme d’euthanasie. A la lire rapidement, on pourrait penser que celle-ci lui est étrangère et qu’il ne s’agit, en effet, que d’évaluer l’application du droit positif. Ainsi, elle souligne que  « de plus en plus de personnes sont accompagnées pendant de longues périodes dans des conditions complexes », que « les familles ne sont plus toujours en capacité d'assister leur proche. Ainsi, 60 % de nos concitoyens décèdent dans un établissement de santé », et qu’enfin « les soins palliatifs, s'ils se sont développés, restent encore très insuffisants. »

En réalité, il n’en est rien. Le Président Hollande, qui emprunte ici un langage adapté aux risques qu’il sait attachés à tout débat sur cette question, ne fait qu’appliquer ce que le candidat Hollande avait promis explicitement dans sa campagne, à savoir que « toute personne majeure en phase avancée ou terminale d’une maladie incurable, provoquant une souffrance physique ou psychologique insupportable et qui ne peut être apaisée, puisse demander dans des conditions précises et strictes à bénéficier d’une assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité ».

La mission confiée au Professeur SICARD est d’ailleurs d’évaluer l’application de la loi Leonetti « dans le cadre d'une réflexion sur la fin de vie », ce qui, par hypothèse, étend la mission confiée bien au-delà d’une simple évaluation d’application. Au regard de l’engagement de campagne, cette réflexion est en réalité première. L’appel adressé au Professeur SICARD de tenir compte de « tous les points de vue », « des expériences des pays étrangers en ces domaines » et de « l'information de la population et (de) la formation des professionnels, en particulier les personnels de santé, y compris dans leur formation initiale », ne s’explique que par la volonté de sortir du cadre de la loi Leonetti et de l’ouvrir à la question de l’euthanasie, en vue de la faire entrer dans les catégories du droit.

Le discours prudent du politicien, quels que soient les bons sentiments qui l’animent, ne fait qu’aseptiser un énième projet “d’homicidation sociale” objective, qui constitue le pendant sinistre, au terme de la vie, de ce que l’avortement provoqué est à son commencement.

Car ce qui nous parait au fond le plus tragique, en l’histoire, ce n’est pas que la sincérité des inquiétudes ou des pitiés prenne le pas sur le sens de la sacralité de la vie ; c’est que cette perte de sens ait atteint un tel degré qu’il soit devenu évident pour la plupart, apparemment, qu’une telle question de vie ou de mort puisse et doive être tranchée par le débat des opinions. Tandis que d’aucuns réclament un référendum en ce domaine, le Professeur SICARD lui-même, soulignant dans les colonnes du journal Le Monde que « la question de la fin de vie n’appartient pas aux médecins », ce qui paraît enterrer leur rôle éminemment prudentiel en ce domaine, indique qu’il allait « chercher à tout prix », pour la réalisation de sa mission, « à (se) tourner vers les citoyens. Je veux comprendre – dit-il – ce que les cadres, les ouvriers, les paysans pensent. Cela permettra aussi de parler de façon plus large, et d'éviter une discussion figée par les positions pro ou anti-euthanasie. »

Ainsi, ce qui détermine le choix de savoir s’il peut être légal – et donc moral, dans la conception inversée de notre société – de commettre un homicide sur une personne souffrante, avec ou sans son consentement, c’est le “moi je pense que” de tout un chacun et préférentiellement, à ce qu’il paraît, du caissier de notre banque, de notre garagiste et de notre laitière.

Le Président très minoritaire de ce pays, M. Hollande, qui ne sera pas à cours en son quinquennat, gageons-le, d’initiatives de ce genre, offre ici une illustration parfaite de ce peut constituer l’effondrement de la morale humaine dans le démocratisme décadent.


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