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Finalement, Sarko, c'était la droite forte.

Publié le 26 juillet 2012 par Juan
Finalement, Sarko, c'était la droite forte. Il a fait perdre son camp à toutes les élections intermédiaires depuis 2007 (municipales, régionales, européennes, sénatoriales). Il a lui-même détricoté les « réformes » les plus emblématiques de son programme. Il a revigoré le Front national à des hauteurs inégalées en France au point de déboussoler une large frange de ses soutiens.
De Sarkozy...
Et pourtant, certains persistent à croire en lui. Guillaume Peltier et Geoffroy Didier, deux (plus si) jeunes pousses de l'UMP viennent de lancer le courant de la Droite Forte au sein de l'UMP. Leur compte Twitter a été rapidement hacké par le Front national: « rien ne vaut l'original » justifiaient les frontistes.
Leur perspective est d'abord le congrès de l'automne et l'élection du président du parti. « Nous avons pour fondation non négociable le sarkozysme. Sous Chirac, la droite n'assumait pas assez ses valeurs. Avec Sarkozy, la droite les a assumées » a expliqué Peltier au Figaro. Fichtre ! L'ancien frontiste est toujours habile à décrocher des formules qui claquent: « La Droite forte, c'est une droite qui a pour fondation le sarkozysme, la France pour espérance, l'Europe pour horizon et le peuple pour boussole. »
Et il a même de brillantes idées, si brillantes qu'on ne sait pourquoi elles n'ont pu être adoptées plus tôt quand son mentor gouvernait l'Elysée, l'Assemblée, le Sénat et l'UMP:  « Il faut, par exemple, rendre obligatoire la redistribution de 10% des bénéfices à tous les salariés dans les entreprises ». Ou encore : « Il faut aussi un protectionnisme économique aux frontières de l'Europe, supprimer les remises de peine automatiques, interdire la syndicalisation des juges et magistrats, supprimer complètement les 35 heures et réformer intégralement le Code du travail. » Ces titulaires de la Droite forte s'estiment à mi-chemin entre les « Humanistes » et la « Droite Populaire » de l'UMP... Un vrai parc d'attractions !
L'interview est proprement incroyable. Guillaume Peltier dérive ou dérape, les deux peut-être. Il poursuit: « On a déversé des milliards dans les quartiers populaires en donnant comme seule perspective aux jeunes: le chômage ou le football. » Pensait-il au Plan Marshall pour les banlieues du couple Amara/Sarkozy ?
Interdire les syndicats dans la Justice ? On sera curieux d'entendre la réaction de Nicolas Sarkozy sur le sujet. Pour l'instant, il paraît qu'il chasse l'ennui au Cap Nègre, après son séjour canadien dans un chalet prêté par son ami le milliardaire Paul Desmarais.
Dans le combat (à mort) entre Copé et Fillon, la Droite forte ne choisit pas. Elle est forte... « En tant que mouvement, La Droite forte ne soutiendra ni François Fillon ni Jean-François Copé, ce qui n'empêchera pas ses membres de choisir, eux, un candidat. »
...à Woerth
La droite forte, c'était celle de la République irréprochable, du Karachigate à l'affaire Woerth/Bettencourt. L'ancien trésorier de l'UMP, animateur du Premier cercle et éphémère ministre du travail pour la réforme des retraites en 2010 s'est dit soulagé, mardi 24 juillet. L'expert indépendant nommé par le ministre du budget Jérôme Cahuzac sur l'affaire de la vente de l'hippodrome de Compiègne. Le secrétaire général du syndicat national unifié des personnels des forêts et de l'espace naturel avait demandé un recours gracieux pour annuler cette cession de 57 hectares à la Société des courses de Compiègne (SCC) pour 2,5 millions d'euros, jugée trop bon marché, réalisée sans mise en concurrence ni l'aval du ministère de l'agriculture. Eric Woerth, ministre du budget et maire de Chantilly, avait validé seul cette vente.
L'expert indépendant a finalement jugé que « la vente pouvait être réalisée de gré à gré ». Ce rapport est donc favorable à l'ancien ministre, mais il ne résout pas tout. Eric Woerth est soulagé, mais son soulagement ne sera complet que lorsque les autres points de cette affaire seront clos. Les enquêteurs de la la Cour de justice de la Républiqueont encore du pain sur la planche.
... ou le Fouquet's ?
La Droite forte, c'est cette UMP qui saisit le Conseil Constitutionnel (où siège désormais son ancien mentor aux côtés de Bernard Debré et Valéry Giscard d'Estaing) contre la contribution exceptionnelle de 3% sur les fortunes.
Elle doit rapporter 2,3 milliards d'euros dès 2012, sur les 7 milliards que le gouvernement Ayrault cherche à récupérer pour limiter le déficit budgétaire à moins de 4,5% du PIB.
L'argument de l'UMP, développé par Gilles Carrez, l'ancien rapporteur du budget sous la majorité Sarkozy, est que cette contribution exceptionnelle n'est pas exceptionnelle. A gauche, on espère bien qu'elle n'est pas exceptionnelle !
«Dès lors que vous estimez que ce n’est pas une vraie contribution exceptionnelle puisque c’est une préfiguration de ce qui viendra après, vous ne pouvez pas tenir l’argument qu’il n’y a pas besoin de plafonnement» (Carrez)
Les anciens du club du Fouquet's sont malicieux: si cette contribution n'est pas exceptionnelle, il faudrait la plafonner pour éviter des prélèvements confiscatoires pour ces fameux contribuables qui cumulent un gros patrimoine et de faibles revenus. C'est la grande obsession de la Droite Forte. Rappelons qu'environ moins de 10.000 bénéficiaires de l'ancien bouclier fiscal récupéraient 0,8% du montant global pour ces motifs.
«Il y a une considération beaucoup plus importante, c’est que nous aurons au moins quelques milliers de contribuables qui vont être dans une situation impossible» (Carrez)
 Une situation impossible ?
Créons un bouclier fiscal plafonné en valeur à 600 euros de remboursement.
Et tout sera réglé.
Sauf pour la Droite Forte.
Ami sarkozyste, reviens. Ils ont besoin de toi.
La Droite forte, c'est la Droite d'avant-hier.


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