Damian Lillard le chaînon manquant ?

Portland cherchait un meneur ou plutôt cherche un meneur depuis maintenant plusieurs années c'est donc en toute logique que le coaching staff utilisa l'un de ses derniers choix de draft pour sélectionner un meneur de jeu. Drafté en 6ème position, Damian Lillard devrait donc se voir remettre les clefs de la boutique la saison prochaine.
Lors des summer league, la seule chose que Lillard n'a pas réussi à faire c'est décevoir avec 26.5 pts, 5.6 pds et 4 rbds soit le second meilleur marqueur et passeur de l'observatoire de Las Vegas. A 22 ans, Damian arrive en NBA après quatre saisons à Weber State. L'intéressé évoluait au sein de la conférence Big Sky qui est loin d'être la plus prestigieuse en NCAA. Lillard s'est donc réjouit de pouvoir se confronter à des joueurs d'un niveau supérieur durant cette summer league :

"Le fait de venir d'une fac moyennement importante ne vous permet pas de jouer contre d'excellents athlètes ainsi vous ne jouez pas contre des joueurs capables de réaliser tout ce que vous savez faire. Lors des summer league, je suis parvenu à jouer face à des joueurs qui ont le talent pour jouer en NBA, à tenir le coup sur le terrain et à développer une entente avec mes coéquipiers. J'ai toujours été en confiance mais c'est entre ma première et ma seconde année de high school que j'ai acquis cette confiance puisque j'ai commencé à travailler dur. J'ai compris ce que je devais accomplir pour obtenir une chance. Je pense que c'est dû au fait d'avoir compris ce que je devais faire pour avoir une meilleure chance - travailler dur, prendre soin de mon corps et avoir du caractère - que j'en suis arrivé à ce point."

Plutôt posée et mature comme réflexion qu'en pensez-vous ? Un jeune meneur ayant effectué la totalité de son cursus universitaire a-t-il plus de chance de s'adapter rapidement à l'environnement de la grande ligue ? Les summer league constituent-elles un gage d'assurance ? Non lorsqu'on sait que Marcus Banks et Quyntel Woods furent eux aussi élus MVP lors d'une summer league. Mieux encore, Jeryd Bayless avait ébloui par sa capacité à marquer durant les summer league 2008 sans pouvoir s'imposer par la suite au poste de meneur de jeu alors occupé par Steve Blake et Sergio Rodriguez...
A l'heure actuelle, l'effectif des Blazers reste dépourvu de meneur de jeu, Lillard n'aura donc pas de concurrence à ce poste. Il y a un monde entre les summer league et la NBA mais il sera intéressant de voir comment le young guy se comportera face à des adversaires qui ont disséqué son jeu au préalable. Par exemple, Lillard a une tendance évidente à dribbler sur sa gauche lorsqu'il entreprend d'aller au panier. Une habitude que les défenseurs NBA auront vite fait de saisir ce qui n'était pas le cas en summer league.
Lillard a bien conscience que certains doutent encore de sa capacité à trouver les joueurs libres, à créer du jeu pour les autres. Selon lui, le niveau des joueurs NBA lui permettra justement de prouver le contraire :

"Je pense que mon habileté à créer du jeu est sous-éstimée. Je pense qu'avec les talents présents autour de moi, j'aurai la capacité de le démontrer. Je souhaite que les gens puissent constater que je suis capable d'être efficace à la marque en nba tel que je l'étais en université et je veux leur montrer que je peux être un meilleur gestionnaire qu'ils ne le pensent."

Un challenge qui lui tient visiblement à cœur, Lillard souhaite faire tomber les préjugés et prouver qu'il n'est pas seulement un meneur qui va chercher à inscrire des points. Effectivement, les joueurs avec qui il évoluera seront sans doute beaucoup plus adroits, meilleurs finisseurs que les joueurs avec qui il a pu évoluer par le passé. Batum, Aldridge ou encore Matthews disposent de ces qualités toutefois, la pression défensive et la lecture des défenseurs adverses en NBA n'a également rien de comparable avec ce à quoi il a pu être confronté jusqu'à présent. Et c'est justement de ce point vue qu'il va être intéressant de suivre Lillard.
Jouer au poste de meneur de jeu est incontestablement une position à laquelle il est difficile de prendre ses marques, en ce sens Lillard explique que les summer league lui ont permis d'établir une relation avec ses futurs coéquipiers qui lui sera bénéfique pour les training camp :

"C'est juste le fait d'être plus à l'aise avec mes coéquipiers. Développer une entente de façon à ce que lorsque nous arriverons au training camp, il ne nous restera plus qu'à jouer avec quelques vétérans avec qui je n'ai pas encore joué. Cette expérience en summer league me permettra de m'adapter plus facilement à leur rythme."

Lillard dispose déjà d'un incroyable sens du timing sur le terrain, en effet la plupart des jeunes meneurs de jeu n'ont pas cette capacité à gérer le tempo et jouent souvent à la même vitesse comme l'expliquait Jason Kidd à propos de Jeremy Lin. Lillard lui semble déjà disposer de cette aptitude à gérer le tempo d'un match, à ralentir lorsqu'il le faut tout en ayant la capacité d'exploser à tout moment.
Preuve en est, à Las Vegas, il n'a pas été épargné par les défenses adverses qui ont cherché à l'isoler à plusieurs reprises notamment face à Denver. Lillard n'a pas paniqué et au lieu de trop dribbler et s'enfermer, il est parvenu à se sortir de ces pièges en utilisant sa rapidité puis a attendu patiemment de trouver l'ouverture pour ses coéquipiers sans forcer son jeu. Ce sont des qualités de gestionnaire non négligeables pour un jeune joueur puisque bon nombre de meneurs mettent un certains temps à les acquérir. Lillard, malgré le fait d'être un meneur-scoreur, les possèdent déjà.
Il nous tarde donc de voir à l’œuvre le kid en NBA, les Blazers ont misé sur la jeunesse et espèrent avoir trouvé en Lillard un meneur pour les années à venir. Aldridge se réjouissait dernièrement de la tournure des événements et notamment de la présence d'un certain Lillard :

"Ils ont l'air vraiment bons. Lillard est vraiment, vraiment bon et Leonard va le devenir. Notre avenir semble radieux. Nous avons de nouveaux joueurs qui sont de véritables compétiteurs, qui peuvent nous aider à gagner maintenant. Désormais nous devons travailler ensemble."

Un optimisme qui pourrait s'avérer contagieux et permettre aux Blazers de gravir les échelons au sein de la conférence Ouest lors des prochaines saisons. Le front-office a décidé de tourner la page et de repartir à zéro. Aldridge (27 ans) et Batum (23 ans) sont dorénavant les leaders de cette jeune garde composée de Clavert (23), Freeland (25), Leonard (20), Lillard (22), Smith (24) ou encore Babitt (23).
Souvent attendu comme l'un des futurs grands de la ligue, Portland n'a pas su confirmer. Les blessures de joueurs tels que Brandon Roy ou Greg Oden sont en partie responsables de cette désillusion. Cependant, tomber de haut est une chose qui parfois en vaut la peine, et lorsqu'on sait que la moyenne d'âge de l'effectif des Blazers est de moins de 24 ans, nous sommes amenés à penser que les dirigeants ont vu juste. Le fait de savoir que Batum sera l'un des principaux artisans de cette reconstruction nous réjouit d'autant plus. Nous suivrons donc avec attention les performances de Lillard et de cette youg generation la saison prochaine !