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273ème semaine politique: Si Hollande était Sarkozy, il serait déjà en vacances.

Publié le 28 juillet 2012 par Juan
273ème semaine politique: Si Hollande était Sarkozy, il serait déjà en vacances.
Lundi, la France médiatique et la France tout court étaient encore scotchées par l'hommage de François Hollande, la veille, aux 13.000 victimes de la rafle du Vel d'hiv, 70 ans plus tôt. Hollande était allé plus loin encore, au point d'énerver quelques souverainistes qui n'acceptaient pas que la France de Vichy soit la France. Hollande avait enfoncé, défoncé, déchiqueté l'héritage de la Collaboration, la France pétainiste, celle qui avait envoyé la police française rafler des enfants juifs pour les envoyer dans un camp de la mort un jour de juillet 1942.
Mardi, comme la veille et le lendemain, la zone euro tremblait encore. L'Espagne empruntait à des taux inédits dans son histoire. Moody's menaçait même le Triple A allemand. L'Allemagne de Mme Merkel était bien trop exposée sur le risque espagnol pour s'en sortir seule. En fin de semaine, comme un coup de nez contre l'éthique et l'histoire, la bourse de Madrid grimpait de 4% alors que le taux de chômage frôlait les 25%.
Acculée, la BCE préparait un plan de sauvetage de l'euro, mais en concertation avec quelques Etats-membres dont la France et l'Allemagne. Serait-ce la fin de l'autonomie politique de la BCE ? « Dans le cadre de mon mandat, depuis Londres, la BCE sera prête à tout pour préserver l'euro. Croyez-moi, ce sera suffisant. » a expliqué son patron, un ancien bankster de Goldman Sachs.  « Bruxelles pourrait-elle avoir un mois d'août tranquille ? » s'interrogeait un blogueur du Financial Times. Non, la BCE s'apprêtait à racheter des obligations (notamment espagnoles) sur le marché secondaire pour éviter une plongée des taux.

En France, Arnaud Montebourg avait d'autres soucis. Une à une, toutes les grandes entreprises du pays semblaient avoir attendu la victoire politique de François Hollande pour annoncer leurs plans sociaux. Alcatel suivait PSA. Les statistiques du chômage de juin, publiées mercredi, étaient encore désastreuses. L'héritage était lourd à payer.
Mercredi, le ministre du redressement productif avait pu annoncer son premier plan d'envergure, une réponse à l'urgence automobile. A droite, les critiques ont été ridicules. De son temps, Nicolas Sarkozy multipliait les effets d'annonces, et l'affaire PSA est également une belle manipulation médiatico-politique. L'état-major avait avoué avoir attendu l'élection pour annoncer son plan, tandis que les ténors de Sarkofrance répétaient à l'automne ou au printemps derniers que jamais - ô grand jamais - PSA ne supprimerait de postes cette année.
Du plan Montebourg, on retiendra qu'il se saisit des difficultés structurelles de la filière automobile pour encourager les véhicules propres: renforcement immédiat des bonus/malus pour favoriser l'acquisition de voitures électriques ou hybrides (4 à 7.000 euros de primes) et des facilités de trésorerie pour la sous-traitance. Les écologistes regretteront que le transport collectif, le recyclage ou les énergies alternatives soient oubliées. Quelques grincheux s'agaçaient qu'il n'y ait pas de plan européen. Et PSA réclamait des aides publique pour pérenniser son site de Sevelnord. On croyait rêver.
Au total, le premier chiffrage de ce dispositif plutôt large est de 1,8 milliard d'euros. A droite, les critiques étaient désordonnées, de mauvaise foi ou franchement ignobles. Christian Estrosi accusa le gouvernement de vouloir « assassiner l'industrie ». Valérie Pécresse expliquait que le plan « sera décevant s'il ne s'attaque pas au vrai sujet qui est la baisse du coût du travail ». Pourtant, la main d'oeuvre française n'est pas plus chère que sa consoeur allemande dans l'industrie, y compris automobile. Mais il y avait pire: d'autres accusèrent Hollande de préférer annuler la dette ivoirienne (4 milliards d'euros) au soutien de l'industrie nationale. On nageait en plein délire crypto-raciste.
Vendredi, Hollande visitait le le centre de recherche de l'équipementier automobile Valeo, à La Verrière dans les Yvelines: « nous devons aussi parler des entreprises françaises qui dégagent des résultats, qui exportent, innovent, entreprennent et permettent à la France de prendre de l'avance ». Le lendemain, il partait dans le Gers. A la même date, l'an dernier, comme les années précédentes, Nicolas Sarkozy était déjà au Cap Nègre.
Le second évènement de la semaine est la mise en cause d'une entreprise française dans la répression inouïe qui frappe la population syrienne. QOSMOS fabrique une technologie de surveillance informatique. Elle a vendu son système à la Syrie de Bachar el-Assad, comme elle l'avait fait au régime Kadhafi en Libye. Le site Reflets avait tweeté la chose en février 2011. Voici que la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) et la Ligue des droits de l’homme (LDH) vont porter plainte pour complicité. Le 24 mai dernier, les associations avaient également attaqué une autre entreprise française, AMESYS, en justice, pour « complicité d'actes de tortures en Libye ». Cette dernière est bien connue de la blogosphère vigilante.
En Syrie comme en Libye, Big Brother est un peu français. 
La troisième nouvelle de la semaine est le nouvel épisode du feuilleton de l'été, la prise de contrôle de l'UMP. Même la droitosphère finit par s'inquiéter de cet étalage d'égotismes. Samedi dernier, Nathalie Kosciusko-Morizet a finalement déclaré sa candidature. Jean-François Copé a préféré s'indigner de l'assurance tranquille affichée par son autre rival François Fillon. Il espérait que le scandale Takkiedine, du nom de l'un de ses anciens meilleurs amis, ne l'éclaboussera pas trop. Guillaume Peltier, un ancien du Front National de la Jeunesse et Geoffroy Didier, un protégé de Brice Hortefeux ont enfin lancé leur courant de la Droite Forte au sein de l'UMP. Avec pour « fondation non négociable le sarkozysme ». Et une première idée, première mesure, l'interdiction du syndicalisme au sein du corps judiciaire. Cette Droite forte-là refusait de choisir entre Fillon et Copé. Et elle devait trouver sa place contre la Droite Populaire (Mariani), les Humanistes (Raffarin), A Droite Toutes (Dati), et les libéraux (Novelli). Fichtre ! L'heure était grave.
Cette droitosphère a l'indignation facile, mais elle épargne les siens. La mise en examen du sénateur-maire UMP de Woippy en Moselle, François Grosdidier, pour « détournement de biens publics » et « prise illégale d’intérêts » par un juge d’instruction de Metz n'a pas suscité beaucoup de réactions. La plainte avait été déposé... il y a 8 ans! Quelle célérité de la Justice !
Bref, cette semaine de juillet fut riche, trop riche.
Si Hollande était Sarkozy, il serait déjà en vacances.


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