Magazine Culture

Le réac a toujours existé… et il a toujours été un moteur du monde !

Publié le 28 juillet 2012 par Tchekfou @Vivien_hoch

L’Eglise a ses hérétiques ; la société occidentale du XXIème a aussi ses hérétiques. Donc ses bûchers, ses vindictes populaires et ses institutions punitives. L’institution de la censure n’a pas disparu de nos pays, et elle demeure de manière bien plus efficace, omniprésente et invisible, imposant ses thèmes, son rythme, et récupérant sur son passage tous les grands concepts de l’histoire de la pensée pour les retourner contre ceux qu’elle a dans son viseur. Plus encore, elle s’insinue dans l’éducation, dans les mœurs, dans les arts, pour s’imprégner dans les esprits fragiles ou nonchalants, créant des mouvements de masse artificiels qui s’opposent ou s’indignent sur commande de quelques-uns.

On s’inquiète de savoir d’où viennent les ordres qui frappent comme la foudre les quelques électrons libres de la presse. Nul n’est dupe, lorsqu’une journaliste reste en poste dans son journal alors qu’elle est au plus près du pouvoir élyséen, et que ce dernier accorde des rabais fiscaux aux journalistes. Mais aujourd’hui, Zemmour, Ménard, Pierre Saviac – licencié pour un tweet sur le pouvoir, bientôt Rioufol, sans oublier la masse anonyme de jeunes intellectuels dont la carrière est stoppée par manquement à la bienpensance dans le monde médiatique ou universitaire, savent tous qu’il ne s’agit pas forcément d’ordres pris des cabinets de stars de la politique, mais de cette force invisible de la bienpensance qui plane au-dessus de la vie intellectuelle, et qui distribue les bons points, les avancements de carrière ou leur destruction…

À manipulation de masse d’un pouvoir invisible doit correspondre le héros du peuple, qui prend sur lui les errements de la masse pour dévoiler les soucis de l’individu. Soyez généreux, ouverts, pour la paix, le progrès, le respect, pour l’ « humanisation du monde » et la « justice sociale ». Mais qui est contre ? Personne. Encore moins le réac. Reste que sa vision de l’humanité est réaliste, et ne cherche pas à départiculariser l’homme dans l’idée générale d’humanité. Il sait que le fil fragile de la cohabitation entre les hommes – le vrai problème du politique – passe par les contre-finalités de l’histoire et le travail du négatif qui définit un en-commun, c’est-à-dire une identité collective. Le réac connaît parfaitement l’adage scolastique « Omnes determinatio est negatio – toute détermination est négation » : il faut nier pour définir, creuser pour bâtir, et parfois trancher vigoureusement plutôt que d’adopter des concensus mous. Savoir mener à terme des débats cruciaux, comme ceux sur l’identité française, et dire quelques vérités, comme celles qui concernent le type de population en prison…

En fait, c’est pour le monde et contre tout le monde que le réac se bat. C’est pour le progrès et contre le progressisme. Pour la liberté contre le libertarisme. Pour un monde habitable à plusieurs, plutôt que pour un monde habité par plusieurs. Toute l’œuvre du réac est celle d’un pionnier de la contre-idéologie, échappée solitaire vers l’Olympe du sacrifié, tel Socrate et Jésus parlant seuls au nom des hommes appeurés. La « majorité silencieuse » corrobore ses vues, mais ne peut le défendre. Elle observe la mise en croix sans pouvoir intervenir. Et boira la cigüe à sa place.

Toutefois, il faut être bien clair. La démocratie se nourrit de contradiction et meurt à petit feu des stratégies sophistiques de maintien du pouvoir. Si la bienpensance contemporaine étouffe ses contradicteurs, c’est bien elle-même qu’elle risque de tuer, parce qu’elle ne saura pas faire vivre ce qui la constitue : la suspicion permanente d’un pouvoir qui tente en permanence de s’asseoir sur elle.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Tchekfou 38994 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte