Magazine Politique

Cyber et arctique

Publié le 28 juillet 2012 par Egea

Pascal TH nous envoie ce billet qui évoque la pose de câbles pour l'industrie bancaire : mais alors qu'il insiste (à raison) sur l'Arctique, je vois en sus des enseignements sur le cyberespace.

Cyber et arctique
source

« Il y a une éternité, en mars 2011, je vous avais parlé du « High Frequency Trading », ces programmes automatiques, appelés également «bots» ou «algos», qui surveillent les transactions boursières en cours, détectent la bonne affaire et l’exécutent en quelques millisecondes. Les marges réalisées sont certes minuscules, parfois seulement quelques centimes par opération, mais elles s’additionnent avec le risque de créer un Flash-Crash comme le 6 mai 2010.

Le HFT est rendu possible par l’augmentation du nombre d’opérations à virgule flottante que peut réaliser les ordinateurs, nombre se chiffrant en Pétaflops. Toutefois pour engranger des bénéfices, il faut aller plus vite que les autres. L’une des méthodes pour y parvenir est de mettre les ordinateurs à proximité de la Bourse, car il faut conserver à l’esprit que 100 km est parcouru en 1 milliseconde par un paquet de données. Mais une banque ne peut pas se contenter ou avoir la possibilité de louer, ou d’entretenir des serveurs dans chaque capitale boursière avec les risques d’intrusions que cela comportent. L’autre alternative est de se rapprocher physiquement des centres financiers importants, de raccourcir les distances et, grâce au réchauffement de la planète, voilà qui est du domaine du possible. En effet, il existe beaucoup de projet de câbles optiques qui passeraient par l’Arctique dont Artic Fibre qui doit permettre de fournir le temps de latence le plus faible entre la Chine du Nord, la Corée, le Japon et le Royaume-Uni et l’Europe du Nord ainsi que des routes concurrentielles vers le Nord des États-Unis. (« Provide the lowest latency route from Northern China, Korea and Japan to the UK and Northern Europe and competitive routes to the US Northeast. »). Le gain de temps espéré est de 5 millisecondes soit des millions d’euros par journée boursière…

Donc, grâce au réchauffement de la planète, il devient plus aisé de poser des câbles dans cet océan glacial et, surtout, de les maintenir en condition. Mais le réchauffement va, également, permettre d’exploiter les gisements de pétroles, de terres rares et autres minerais utiles ce qui explique tous les mouvements de mentons que je signale depuis quelques temps (souvenez-vous en mai 2011 je vous parlais de la tentative danoise de déclarer le Pôle Nord danois ou encore de la création des brigades arctiques russes…)

Je vous le répète, nous n’avons pas fini de parler de l’Arctique dans les années à venir. » PTH

J'ajouterai quelques commentaires :

  • le rapport entre le temps et la distance : en effet, à force de dire que le cyber "va à la vitesse de la lumière" on ne s'aperçoit pas que même cette vitesse là est finie. Et que même sur une petite terre, cela peut avoir de l'effet. Ceci est un des exemples servant à relativiser la célérité du cyberespace : le rapport au temps est plus compliqué qu'il n'y paraît.
  • le rapport à l'économie : ce sont des motivations financières qui provoquent un projet économique, celui de la pose de câbles au fond de l’Arctique.
  • dès lors, cela illustre à quel point le cyberespace possède une dimension géographique, physique. Il a donc (et c'est ce que nous dit PTH) des conséquences géopotiliques. Le cyberespace est un espace.

O. Kempf


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Egea 3534 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines