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Si tu m’aimes, tu pleures…

Publié le 29 juillet 2012 par Magadit

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Si on y pense, on apprend jamais vraiment à aimer. on apprend à mentir, à jouer, à parler, à tricher à tout ce qu’on veut mais jamais à aimer. En même temps vous imaginez une méthode Assimil ou un Bescherelle pour apprendre à aimer ? Leçon N°1 : ressentez de l’amour. Travaux pratiques : fermez les yeux bien fort, pensez à votre glace préférée, multipliez par 10, rajoutez la chaleur d’un feu de cheminée, la joie d’un jour sans école et une pincée de montagne russes. Secouez, respirez, aimez. Recommencez. Hop hop hop, et un peu plus d’entrain cette fois-ci.

En ce qui me concerne la première fois que c’est arrivé, je jouais à un jeu débile avec mon frangin quasi majeur du haut de ses 9 ans. Nous étions les aventuriers de l’arche perdue, Superman et Candy vautrés sur le lit des parents, sautant pour apercevoir les cadeaux de Noël planqués sur les placards et naviguant entre les cro-crodiles et autres monstres qui se cachent sous le lit. Mon frère tombait toujours en hurlant sa comptine “ahhh je tombe, je meurs, si tu m’aimes tu pleures”.

Mort de rire, la bonne blague. Et tandis qu’il se tordait en gloussant, je fondais instantanément en larmes jusqu’à l’arrivée de la reine mère qui à cette époque là s’appelait encore moman. C’est là, les joues trempées de larmes que j’aimais pour la première fois, que je souffrais pour la première fois. Grosso merdo, j’avais 4 ans.

Ce n’était plus un amour programmé dans ma matrice, élevé au sein nourricier. Je comprenais pour la première fois que l’amour pouvait ne pas être réciproque, qu’on pouvait le trouver et le perdre. Je ressentais l’impuissance et l’angoisse, la peur d’être laissée tombée. Je comprenais sur mon radeau de plumes en regardant  mon frère, que l’amour faisait pleurer.

Trente cinq ans plus tard je n’en sais pas beaucoup plus, mais j’ai développé la méthode. J’ai arrêté de jouer à Indiana Jones mais je ne suis pas sortie du jeu. On aime toujours aussi fort en devenant grand mais on apprend à tort ou à raison à le cacher. On flippe toujours mais on apprend à se mentir aux autres comme à soi même pour se protéger, on souffre, mais plutôt chez le thérapeute, on pleure mais de moins en moins chez moman, on se met en colère, on prend des risques on joue, parfois on perd… On apprend surtout que souffrir est un bien maigre tribu.

Moi je constate que malgré tous mes efforts, malgré l’expérience et ma soit disant maturité, je suis toujours sur mon radeau de plumes. Les cro-crodiles et les méchant sont toujours là. Maintenant il y a du monde à mes cotés, beaucoup de gens que je ne veux pas voir tomber. Tellement de personnes à aimer. Je sais aussi que si un jour l’un deux venait à tomber sur la moquette, ce jour là instantanément j’aurai de nouveau 4 ans et je recommencerai à pleurer.



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