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40 - Haute surveillance (1ère partie)

Publié le 24 mars 2008 par Theophile

Hautesurveillance     - Allô ?
    - ...
    - Allô ?!
    - ...
    - ...
    - ...
    - Ca commence à bien faire !

Ma grand-mère raccroche. Elle revient à table. Elle regarde mon grand-père :

    - Je vais faire changer la ligne téléphonique !
    - Je suis désolée maman.

Pendant les jours qui ont suivis, le téléphone ne cessait de téléphoner avec un silence comme seul interlocuteur. Tous savions que c'était "l'autre" qui espérait à chaque appel, tomber sur ma mère ou sur ma soeur et moi. Nous ne pouvions rien faire. La terreur nous habitait encore.

Aujourd'hui, nous sommes dimanche. Je rentre à l'école primaire du village de Hannéssy le lendemain. Ce qui est amusant, c'est que nous serons seulement deux en section CM2. Bénédicte, qui était jusqu'à maintenant la seule élève de ce niveau, est très contente qu'un nouveau camarade vienne à ses côtés, selon l'institutrice madame Garnier. Ecole de petit village, je vais rejoindre une classe de vingt-cinq élèves dans laquelle toutes les sections du CP au CM2 sont confondues. Joséphine, elle, entrera au collège de Saint-Velin. Le même que notre cousin Yannick, le fils aîné de Sylvia.
L'organisation est déjà mise en place. Ma grand-mère m'accompagnera à l'école, et viendra me chercher chaque jour à la sortie. Je ne dois jamais rester seul. L'institutrice, Madame Garnier, est au courant de la situation et a pour instruction de ne jamais laisser quelqu'un d'autre venir me chercher si ce n'est ma grand-mère, qui s'improvisera comme escorte et garde du corps. Joséphine, elle, sera emmenée en voiture, soit par mon grand-père, soit par ma mère. Hors de question pour elle de prendre le car. Seule.

Aujourd'hui, nous sommes dimanche, et nous regardons la télévision, tous ensemble.
Seule Joséphine est en haut, dans la chambre. Isolée. Malheureuse. Absente. Eloignée de Samuel. Elle pense à lui. Le casque de son Walkman sur les oreilles.
Blotti dans les bras de ma mère, allongé sur le grand canapé en cuir du salon, je regarde la télévision en famille. Absorbés par le programme de ce dimanche après-midi, le téléphone décroché pour ne pas être encore dérangés par les pénibles sonneries du vieux téléphone harceleur, nous écoutons attentivement chaque enfant chanter les chansons de monsieur Charles Aznavour.

Soudainement, le klaxon d'une voiture retentit, troublant la chanson de la petite Elodie. Ma mère et ma grand-mère se regardent. Elles craignent le pire. Ma grand-mère se précipite à la fenêtre, suivie de ma mère.

    - J'appelle la police.
    - Non. Maman.
    - Je ne veux pas de scandale devant chez moi, Myriam !
    - Oui...

Je rejoins ma mère avec mon grand-père qui jette un coup d'oeil à travers le rideau.

    - C'est lui ?
    - Oui...
    - Maman , je ne veux pas qu'il vienne nous chercher.
    - Non Théo... Ne t'inquiète pas... Je vais aller le voir.
    - Non, Myriam...
    - Non maman !
    - Il faut qu'on parle... sinon, on peut avoir des problèmes par la suite.
    - Maman, je veux pas...
    - Myriam, fais attention. On reste là derrière la fenêtre, tu ne t'approches pas de lui.
    - Je viens avec toi.
    - Non Théo, tu restes avec mamie.
    - Non !
    - S'il te plait, Théo.

Ma mère ouvre la porte. Et la referme aussitôt pour être bien certaine que je ne la suive pas. Je fonds en larmes. Ma grand-mère essaye de me calmer tout en surveillant attentivement le moindre geste de "l'autre". Il est debout près de la voiture. Il attend. Les bras croisés.

Ma mère, traverse la cour lentement. Les bras croisés, elle aussi. Il ne bouge pas. Il la regarde. Il l'attend.
Ma mère se rapproche de plus en plus. Puis elle s'arrête. Deux mètres cinquante les séparent.

    - Bonjour, Myriam.

(A suivre)

Bannirefestivalromans2


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