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Les pies et l’écureuil

Publié le 01 août 2012 par Corboland78

Les pies et l’écureuil, on croirait une fable de La Fontaine, ce n’est qu’un court moment de vie volé à la nature, aperçu de ma fenêtre.

Depuis de longues minutes des pies braillardes me cassaient les oreilles. Au début mon cerveau a fait l’impasse sur ce bruit agaçant, se concentrant plus intensément sur le texte que je lisais mais ces satanés oiseaux sont particulièrement bruyants quand ils s’y mettent. Et là, pas de doute, elles étaient plusieurs et leurs babillages incitaient à aller voir ce qui se passait, je devinais à les entendre que mes commères ne jacassaient pas entre elles tout bonnement, mais qu’au contraire elles devaient s’en prendre à un tiers.

Je les ai déjà vues s’attaquer à un chat trop pressant à leur goût, et je peux vous dire que le matou n’en menait pas large après quelques minutes de leurs harcèlements. Profil bas, la queue collée au train il s’est esquivé dès que la route s’est libérée et depuis, il a compris qu’on ne s’attaquait pas impunément à ces drôles d’oiseaux. Je m’attendais à ce genre de scénario en me penchant à la fenêtre.  

Ma bande de délinquantes en tenue de soirée s’agitait près d’un arbre, mais nulle trace de chat, j’avais beau scruter la pelouse et les branches basses de l’acacia, rien n’expliquait l’agitation dela meute. J’emploie le mot sciemment, car elles opéraient comme une meute de chiens ayant forcé un cerf, encerclant une zone et jacassant fort. Enfin, je l’ai aperçu, furtivement tout d’abord, comme un éclair de feu dégringolant du tronc. Un écureuil roux.

Immobilisé au pied de l’arbre, les yeux écarquillés de terreur ses petites pattes griffues plantées dans le sol tous muscles tendus, prêt à bondir et s’enfuir si l’opportunité s’offrait. Mais les chipies ne s’en laissaient pas compter, blouson noir ou blouson doré, le voyou reste un voyou. Le gentil animal qu’on eut pris pour une peluche en d’autres lieux, attaqué par les airs et par la terre, ne savait plus que faire. Remonter dans l’arbre ? Les oiseaux de malheur l’assaillaient sur sa branche. Redescendre vers la pelouse ? Les attaques en piqué de l’escadrille bleue et noire étaient pires encore.

A sa fenêtre le reporter photo, mitraillait la scène, pris entre le plaisir de saisir cet instant de vie animale et le désir d’intervenir pour sauver l’écureuil vers lequel allait toute sa sympathie. Ici se jouait – dans une moindre mesure - le même cas de conscience que dans les rues de Damas ou d’Alep.

Finalement, après maints allers et retours du bas en haut de l’acacia, la bête à fourrure trouva l’ouverture pour filer sous un gros buisson et de là, s’enfuir vers un autre, sous les vociférations dépitées mais s’amoindrissant des corvidés batailleurs.

Il se passe toujours quelque chose à côté de chez moi.   

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