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Les socialos au boulot

Publié le 24 mars 2008 par Marc Vasseur
Les socialos au boulot.   Le texte qui suit émane du groupe Left_blogs, il regroupe des bloggeurs de gauche dont quelque uns d’entre eux se sentent proches des idées défendues par Ségolène Royal lors de la présidentielle de 2007.

Ce texte veut interpeller Ségolène Royal et ses proches sur la nécessité de continuer à construire un projet cohérent. A titre personnel, j’avoue ne pas comprendre la nouvelle démarche d’un tout sauf Ségo et je m’interroge sur la réelle volonté de ceux-ci de débattre sur le fond…

Ce texte est également en ligne chez Intox2007

Les socialos au boulot.

Nous devons convoquer des conventions thématiques, cela est prévu par les statuts du PS. Et pourtant aucune n'a été convoquée depuis 2002. Ceci est à mettre en relation directe avec l'état du PS depuis 2002: Aucune discussion de fond n'a été commencée, aucun travail collectif n'a été initié ailleurs que dans les bureaux de Solferino. Quelle Europe voulons-nous ? Quelle redistribution des richesses ? Quel rapport à la Mondialisation ? Comment exporter la démocratie vers les dictatures en tout genre ? Quelle collaboration internationale avec les autres partis socialistes ? Quel projet de société ? Quelle démocratie économique et sociale voulons nous ?

Même le projet présidentiel de 2006 n'a pas fait l'objet de débats intenses. Chère Ségolène, on comprend alors que le coté participatif de ta campagne ait peu effrayer les tenants d'un ordre datant du siècle dernier. Combien de cumulards par exemple à s'agiter contre toute personne te soutenant?


Alors certains militants ont pris l'initiative de
pétitionner pour obtenir la convocation de conventions thématiques. Espérant par là que les militants et experts du PS pourront répondre à des questions restées sans réponses, et participer à la construction d'un nouveau projet socialiste. Tout cela peut et devra se faire avec l'aide de tous les think-thank du PS, De Désirs d'Avenirs, et pourquoi pas avec d'autres, ou avec l'apport de travaux extérieurs au PS. Ce processus peut d'ailleurs très bien se continuer après le congrès, pour consolider au maximum nos chances en 2012 ou avant.

Bien sûr cette initiative vient de/ou comporte des gens qui ont eu des petites phrases contre Ségolène pendant la campagne. Mais le temps est désormais aux débats, à la consolidation des idées. Et cela est plus important que tout le reste. Nous avons deux ans pour concevoir un projet, le documenter pour rendre les concepts "macro" adaptables à la vie de tous les jours et donc répondre aux inquiétudes des citoyens: Précarité, paupérisation. Ces mots sont d"ailleurs étrangement absents du vocabulaire de notre direction. Qui d'autre à part Ségolène Royal a prononcé le mot " précarité " au soir du 2nd tour des municipales ?

Personne. Certains se moquent d'elle, mais ces moqueurs n'admettent pas de la voir tenir un discours qui est compris par 80% des électeurs. On l'accuse même d'être de droite, mais qui parle de précarité et de paupérisation quand les autres tiennent des discours en pure langue de bois? Toute ces critiques sont des réflexes d'une autre époque, celle de la confiscation du pouvoir par des petites équipes avec mépris du militant qui n'était considéré que comme de la chair à canon qu'on pouvait lancer dans des campagnes électorales après avoir produit quelques poncifs technocratiques.

Le congrès ce sera un combat avec petites phrases pour le JT de 20 H
: Nous ne voulons pas de ce spectacle, ni de la prolongation des schémas intellectuels à l'oeuvre depuis 2002. Cela conduirait forcément à un PS inadapté aux nouvelles conditions. La société de 2008 n'est pas celle de 1981, ni celle de 1997.

Les conventions thématiques ce sont des débats
, des militants qui s'investissent, les travaux de DDA qui peuvent venir comme sources: Là les militants s'investissent plus que dans un congrès où seuls les jeux de pouvoir comptent. Ce sera l'occasion de discuter du fond, du projet de société , de donner du sens aux concepts de type " donnant-donnant ", de redéfinir notre relation au capitalisme, de savoir si nous sommes toujours un parti de transformation sociale ou un simple rassemblement de gestionnaires " bon père de famille ".... Et de mettre fin à la logique binaire qui fait qu'on est vu comme gauchiste au sein du PS dès qu'on parle d'autre chose que d'une gestion des urgences sans envisager transformer les choses ou défaire évoluer les mécanismes.

L'intelligence collective du PS doit s'atteler à une chose essentielle:
Mettre fin aux cycles produisant de la précarité
et dès que possible la réduire: 80% des " créations " d'emplois sont précaires et à courte durée et ce sans aucune protection des victimes volontaires ou non. Il faut casser cette évolution qui fait que les relations sociales sont basées sur la peur et les menaces plutôt que l'intelligence et le partage du pouvoir. Cela donne un capitalisme d'héritiers qui bride la créativité et transforme la société en oligarchie. Il y a du travail à faire pour lutter contre l'absence de culture démocratique forte dans ce pays, pour casser les mécanismes qui font que des néo-conservatismes de plus en plus puissants contrôlent la société.

Sur le donnant-donnant , nous en avons parlé entre nous, et ça fait mouche quand nous expliquons qu'une entreprise faisant 500 millions d'euros de profits ne doit pas toucher 120 millions de subventions ou d'abattement de cotisations sociales qui se transforment alors en gain pour le capital et favorisent en même temps les emplois précaires.
L'argent public ne doit pas servir à augmenter les profits et les dividendes des actionnaires. Il doit être affecté au soutien de l'activité créatrice, de la formation à tout âge de la vie.

Que
dire quand tout cela se passe dans un secteur bien à l'abri de la concurrence internationale et qui stresse ses fournisseurs et exploite les PME! Dans ce genre de cas, le donnant-donnant prend du sens et permet de faire taire certaines critiques. Pendant que les entreprises du CAC 40 distribuent 40 milliards de dividendes à leurs actionnaires, quelle est la part de financement public dans ces profits ? Même s'il n'est que faible, c'est déjà trop. Et ce n'est là qu'un exemple, d'autres sujets méritent qu'on les travaille et qu'on arrive ainsi à un projet cohérent qui ne soit ni un renoncement et une soumission à l'ordre néo-capitalisme ni un culte de vielles lunes sans sens.

Il faudra ré-inventer l'Etat
, qui est devenu plus décentralisé, mais toujours aussi distant de ses citoyens et au fonctionnement de plus en plus opaque, voire confondu avec des intérêts privés. Les citoyens doivent se l'approprier, des contre-pouvoirs doivent se mettre en place. Il ne s'agit pas de le désintégrer mais de le-intégrer et de lui donner son vrai rôle de protecteur et de soutien de l'intelligence et à l'activité de tous et de lutte contre toutes les rentes de situation. Tout cela est de plus en plus évident, mais est ce que le PS a réfléchi à tout ça ? S'il l'a fait ça doit pourrir dans une cave!

Tordre le cou à TINA!

Il faudra aussi cher Ségolène, que tu explique en langage clair qu'il n'y a pas qu'une seule réforme, et que nous pouvons tordre le coup à TINA ( There is no Alternative ) que la droite nous oppose par la voix de François Fillon qui se prend subitement pour Margareth Thatcher. Et cela, c'est attendu par une grande partie de la population de notre pays, celle qui sert de variable d'ajustement à l'oligarchie. La droite explique que c'est ainsi, qu'il faut faire comme tout le monde, même ce qui ne fonctionne pas ou est masqué par des statistiques tordues. On pourrait par exemple parler des magouilles qui permettent à certains membres de l'UE d'afficher 5% de taux de chômage. Tout cela doit être décortiqué et expliqué avec pédagogie. Il nous appartiendra alors de décider de quel genre de réformes nous voulons et ce lors de débats internes.

Comme tu le dis, tout se tient, alors toute cette bille versée gouvernementale peut se démonter sans trop de soucis. On voit désormais des libéraux oser réclamer l'intervention de la puissance publique pour combler leurs dettes, et cela sans scrupules, tant que cela sert leurs intérêts cela ne les gène pas. Cela montre qu'il faut désormais s'attendre a tout au nom du cynisme néo-capitaliste.

Dans ce cas, Ségolène, tu peux alors tenir un discours qui parle aux militants et sympathisants ainsi qu'aux citoyens non encartés. C'est bien plus que les éventuels combats de chef et rassemblements de contraires en tout genre dans la presse. Et tout cela se ferait en rassemblant les intelligences dans un truc collectif, plutôt que dans des chapelles se découvrant subitement un nouveau pape lors d'un sinistre vaudeville.

Alors, Ségolène, voilà le conseil que nous te donnons: Signe
la pétition de la nouvelle gauche
et appelle les militants et sympathisants à faire de même. Il en manque 2000. Une fois le chiffre atteint, utilise tes accès aux médias pour appeler à la convocation de conventions thématiques avant la tenue du congrès. Tout cela est parfaitement possible en quelques semaines!

Si on nous refuse ces conventions, la situation sera simple : On trouvera d'un coté ceux qui veulent faire participer les militants et de l'autre les tenant d'une pseudo-réformation qui n'est là que pour satisfaire des comportements individualistes.

C'est là, l'application d'une thématique qui nous est chère :
la démocratie participative. Le PS en a besoin tout comme la république. Commençons par notre parti. Redécouvrons la démocratie si mal en point en ce moment. Il serait peut être temps de consulter les militants plus souvent, la chair à canon exige le droit de parler.

Les militants 2.0 ont eux réussi à évoluer et à changer leur logiciel, il serait peut être temps qu'on tienne compte de cette évolution. A première vue, tu es la seule à avoir compris cela.


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