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Porter plainte pour tout et n’importe quoi : « La vallée des singes » l’a fait !

Publié le 06 août 2012 par Kamizole

Porter plainte pour tout et n’importe quoi : « La vallée des singes » l’a fait !

En tant que toute petite juriste mais non dénuée d’intelligence je ne peux que constater les ravages d’une conception sans doute purement américaine de l’activité économique lato sensu. Tout doit être judiciarisé - de préférence au pénal ! Cette mentalité - purement punitive et dans un esprit de vengeance privée - me défrisant particulièrement lors même que le Code civil - les articles 1382 et suivants - permet autrement facilement d’obtenir satisfaction quand une faute non contractuelle est démontrée. D’autant plus ridicule que le pénal commandant le civil, les plaignants peuvent aller se faire brosser pour une éventuelle indemnisation si le tribunal correctionnel (et ensuite une Cour d’appel ainsi qu’éventuellement la Cour de cassation) constate qu’aucune faute caractérisée n’ayant été commise, il n’y a pas lieu d’accueillir la plainte des prétendues victimes.

Remarquons néanmoins que les choses seraient amplement facilitées si les compagnies d’assurance indemnisaient les victimes sans barguigner - les barèmes ne manquent pas - quitte à ce qu'elles se retournent ensuite s’il y a lieu contre l’assuré fautif, alors que la plupart du temps elles freinent des quatre fers et sont le plus souvent à l’origine des procédures interminables. Cela valant aussi bien pour les personnes privées que publiques, certaines d’entre ces dernières étant « leur propre assureur ». J’ai vu ce cas s’agissant d’hôpitaux.

Or, j’ai bien envie de mourir de dire (ce qui se traduirait paraît-il en langage SMS par Mdr) à la lecture d’un article de La Nouvelle République (une de mes inestimables provendes quotidiennes) qui m’apprend que "La vallée des singes" veut porter plainte contre Météo France  (5 août 2012). Le directeur du parc animalier se plaignant des alertes de Météo France annonçant de violents orages susceptibles de se produire le samedi 28 juillet 2012.

Bien évidemment, le parc animalier qui réalise 70 % de son chiffre d’affaires en juillet et août a très certainement de quoi de plaindre dans la mesure où ces orages n’ont pas eu lieu et d’affirmer que « Depuis la tempête de 99, ils ouvrent systématiquement le parapluie et cela a des conséquences terribles pour un parc comme le nôtre ». Faut peut-être pas pousser le bouchon trop loin : « À chaque fois, qu'ils annoncent de la pluie, nous avons 10 à 20 % de visiteurs en moins quoi qu'il arrive ».

D’abord, et comme le souligne Baptiste Bize, la météo est loin d’être une science exacte quand bien même aurait-elle fait d’insignes progrès en plusieurs décennies depuis ma lointaine enfance où, entre parenthèses j’apportais beaucoup plus de cas à la sagesse paysanne et un peu plus tard aux guides de haute montagne de La Grave auprès desquels nous nous informions avant d’envisager la moindre course ou une randonnée en altitude.

« Histoire belge » : l’article faisant allusion à la plainte envisagée par plusieurs stations balnéaires d’Outre-quiévrain contre des prévisions alarmistes de l’influent site Internet meteobelgique.be qui, « en prévoyant début juillet un été maussade sur le littoral aurait dissuadé les touristes d’y séjourner et provoqué une vague d’annulations ». Et alors ? Il ne me semble pas qu’ils se fussent trompés et les aléas climatiques font partie du tourisme. Et encore : aujourd’hui les stations touristiques et les professionnels du secteur peuvent-ils s’assurer contre des risques : manque de neige dans les stations de sports d’hiver, pluie ou manque de soleil pendant l’été.

J’ai le parfait souvenir d’un mois d’août particulièrement « pourri » dans les années 1960 pendant des vacances à Fécamp. Je crois même que c’est à cette occasion que l’expression « d’été pourri » fit son apparition chez les journalistes. Rien n’y manqua : pluies incessantes (sinon la « bruine ») et les tempêtes soulevant d’énormes vagues. L’une d’elles me submergea des pieds à la tête lorsque nous marchions sur une des jetées du port. Nous n’en fîmes pas pour autant une maladie. A ceci près que je contractai une sérieuse bronchite qui me valut, à mon retour à Orléans mes premiers antibiotiques.

Au lieu d’aller nous régaler comme d’habitude sur la plage de galets en dessous des falaises avec des kippers et pommes de terre rôtis sous la cendre d’un feu de bois (récolté sur la plage) nous allions déjeuner avec notre pique-nique dans ces charmants bistrots qui affichaient « Ici, on peut apporter son manger » équivalents des salles « hors sac » que je vis à La Grave pour les randonneurs faisant notamment le Tour de l’Oisans.

« cacher la merde au chat » : les services de la météo n’auraient donc pas le droit de faire de mauvaises prévisions. Cela me fait penser à Serge Dassault qui, un peu avant de reprendre Le Figaro avait émis l’idée d’un journal qui ne donnerait que de bonnes nouvelles… Ben ! Voyons. Je ne suis ni sado ni maso et ne prend aucun plaisir à lire, voir et écouter la relation du flot d’atrocités qui se déversent à jets continus d’un bout à l’autre de la planète.

Encore ce matin dès potron minet, alors qu’avant de reprendre cet article laissé inachevé en fin de soirée pour aller au dodo, j’ouvre ma boîte c’est pour y découvrir des « alertes » m’indiquant qu’une nouvelle fusillade aux Etats-Unis a fait au moins sept morts… en n’ayant garde d’oublier la Syrie et ses morts par dizaines de milliers non plus que la situation catastrophique de la France - merci Sarkozy - qui nous promet une rentrée placée sous le signe « du sang et des larmes »… Sarkozy aussi tenta de « cacher la merde au chat » !

C’est bien pour cette raison que chaque fois qu’il m’est possible je manque rarement de souligner les « bonnes nouvelles » dont j’ai connaissance. Des incidents qui se terminent mieux qu’ils avaient commencé et - surtout - quand des humains de bonne volonté n’hésitent pas à braver les dangers pour sauver leurs semblables d’un péril ou tout simplement leur viennent en aide.

Pour conclure et en revenir à « La vallée des singes », je ne pense pas que la justice puisse en toute logique donner raison à Emmanuel Le Grelle, son directeur général qui me semble par ailleurs du genre plutôt procédurier.

Les services de Météo-France n’ont pas pour seule mission de donner des prévisions météorologiques à plus ou moins long terme mais depuis plus de dix ans d’alerter la population et les pouvoirs publics des risques d’intempéries graves - tempêtes, pluies torrentielles pouvant entraîner des inondations, orages importants, avalanches en cas de redoux, etc. Cartes de vigilance (rouge ou orange) à l’appui. Dans le cas des orages l’expérience m’a appris qu’ils peuvent éclater alentour d’une zone mais épargner certains lieux pourtant proches, d’autant qu’il existe ce que l’on nomme « micro-climats » à l’intérieur d’une zone.

N’en déplaise à Emmanuel Le Grelle, il s’agit non pas « d’ouvrir systématiquement le parapluie » - on a suffisamment en quelques occasions critiqué Météo-France pour n’avoir pas suffisamment donné l’alerte - mais de respecter le « principe de précaution »

Imaginez qu’un gros orage eût éclaté au dessus de la « Vallée des singes » et que des visiteurs eussent été foudroyés ou blessés (voir tués) par la chute d’un arbre touché par la foudre. Quel tollé ! Et des "conséquences autrement terribles" qu'une baisse de fréquentation de 10 à 20 %...


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