Mais, pour concevoir une solution pertinente, susceptible de satisfaire ses utilisateurs, encore faut-il connaître et exploiter les particularités des tablettes, de leur fonctionnement, de leurs usages... Parmi de nombreux autres exemples, la sortie de l'application [lien iTunes] pour iPad d'Axa Banque donnne justement l'occasion d'illustrer les erreurs qui peuvent être commises lorsque ce principe élémentaire est ignoré.
Premier défaut de cette réalisation : Axa Banque a choisi de publier deux applications distinctes sur l'AppStore, pour l'iPhone et pour l'iPad, respectivement, alors qu'elles remplissent les mêmes fonctions. L'inconvénient est certes mineur, mais pourquoi ne pas profiter de la capacité qu'offre Apple de distribuer des applications "universelles", qui facilitent la vie des utilisateurs des deux types d'appareil (cas fréquent pour les propriétaires de tablettes) et peuvent éviter quelques confusions ?
Beaucoup plus "grave", la comparaison des deux applications (pour iPhone et pour iPad) démontre une confusion générale sur le concept même de tablette :
Application Axa Banque pour iPad
Application Axa Banque pour iPhone
A en croire ces captures d'écran (et le reste des applications est à l'avenant), la banque considère que l'iPad n'est rien d'autre qu'un téléphone avec un grand écran : la présentation des fonctions est rigoureusement identique, simplement agrandie pour la tablette ! Non seulement ce choix peut-il rendre l'utilisation inconfortable mais, surtout, cela ne correspond évidemment pas aux attentes des "tabletonautes", qui trouveront finalement plus de valeur dans le site web de la banque :
Services en ligne Axa Banque
C'est d'ailleurs sur cette dernière illustration que se révèle, en fait, le problème de fond des applications d'Axa Banque, aussi bien pour smartphone que pour tablette : elles sont calquées sur les services en ligne et ne sont résolument pas conçues pour le mobile. Ainsi, sur l'exemple du virement ci-dessus, le formulaire web est dupliqué sur iPhone et sur iPad, avec les mêmes types de contrôles. Le résultat est relativement fastidieux à utiliser, alors que les interfaces tactiles pourraient permettre des modes d'interaction plus rapides et intuitifs.
Naturellement, l'approche retenue par Axa Banque a l'immense avantage de réduire les coûts de conception de ses applications : les interfaces existantes et les services sous-jacents sont directement réutilisés et il ne reste plus qu'à "programmer" les logiciels sans plus d'effort.
Il s'agit pourtant d'un mauvais calcul. Les consommateurs utilisent désormais une multitude d'applications sur leurs téléphones et tablettes, et leurs exigences vont croissant. On perçoit déjà les premiers indices d'une génération qui fait des solutions mobiles offertes un critère de choix de leur banque et cette tendance va incontestablement prendre de l'ampleur très rapidement. Lorsque ce comportement sera devenu la norme, les institutions qui auront conçu de "vraies" applications mobiles auront pris une avance considérable.
Heureusement, avec ses APIs ouvertes, Axa Banque devrait pouvoir compter sur des développeurs tiers pour concevoir et réaliser des applications qui répondront mieux (peut-on espérer) aux attentes de ses clients. La publication des premières d'entre elles, qui était plus ou moins promise pour fin juin, semble hélas avoir pris du retard...