PARIS (Reuters) – La Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) et la Confédération française de l’aviculture (CFA) demandent une revalorisation des prix de vente de la volaille et du porc face à la flambée des cours des céréales qui pèse de plus en plus sur les coûts des éleveurs.
La sécheresse qui frappe la majeure partie des régions agricoles aux Etats-Unis, la plus grave depuis 1956, et les incertitudes pesant sur les récoltes des pays du pourtour de la Mer Noire ont engendré ces derniers mois une augmentation vertigineuse des prix. Depuis début juin, les cours mondiaux du blé et du maïs ont crû de 50%, ceux du soja de 20%.
Cette explosion touche directement les éleveurs français, notamment dans le secteur de l’aviculture.
« (Les volailles) sont des céréales sur pattes, dans le coût de production, l’alimentaire représente près de 65% de la dépense », fait valoir Christiane Lambert, première vice-présidente de la FNSEA.
Dans le cas de l’élevage porcin, ajoute-t-elle, la part de l’alimentation du bétail dans le prix de revient, également très élevée, est passée de 60% à 70% ces derniers mois.
Malgré une hausse de leur prix de vente, les éleveurs de porc restent sous pression. « L’aliment a plus augmenté que le prix du porc, donc cela ne solutionne rien », affirme Christiane Lambert. « Le risque, ce sont des faillites chez un certain nombre de producteurs. »
Pour faire face, la première fédération syndicale agricole française réclame un geste de la grande distribution, notamment dans le cadre des accords sur la répercussion de la volatilité du prix des matières premières signés le 3 mai 2011 sous l’égide du ministre de l’Agriculture de l’époque, Bruno Le Maire.
LE GOUVERNEMENT « JUGE DE PAIX »
« La gravité de la situation impose que les négociations commerciales aboutissent au plus vite. Sans cela, la contractualisation entre la production et les usines d’abattage va exploser », prévenait Michel Prugue, président de la CFA, syndicat affilié à la FNSEA, dans un communiqué diffusé fin juillet.
D’après la FNSEA, pour retrouver un niveau de rentabilité suffisant, il faudrait par exemple que le prix du kilo de rôti de porc augmente pour le consommateur de 56 centimes, soit une hausse de près de 9% par rapport au prix actuel. Pour le poulet, il faudrait une hausse de 25 centimes par kilo, soit un peu plus de 6% d’augmentation.
Début juillet, le président de la FNSEA Xavier Beulin a écrit aux acteurs de la grande distribution pour leur demander d’engager des négociations. Sans réponse jusqu’ici, selon Christiane Lambert, qui pense donc que l’Etat doit prendre ses responsabilités pour faire aboutir les négociations.
« A un moment donné, le gouvernement devra jouer le rôle de juge de paix », renchérit Christian Marinov, directeur de la CFA.
Le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll, se disant préoccupé par la flambée des cours des céréales, a fait savoir le 28 juillet qu’il saisissait le Système d’information sur les marchés agricoles (AMIS), une instance issue du G20 dont la France assure actuellement la présidence.
L’AMIS n’a pas autorité pour imposer des baisses de prix et il n’existe pas actuellement d’instance internationale en mesure de contrôler directement l’évolution des cours des matières premières agricoles.
Edité par Dominique Rodriguez
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