Tissu en fleur de lotus

Le lotus, une plante qui a de l’étoffe !

C’est le défi que s’est lancé Awen Delaval, un Breton de 35 ans expatrié au Cambodge.

Son entreprise Samatoa réalise depuis trois ans du tissu à partir de plantes de lotus. Cela ressemble à du lin mélangé avec de la soie. La texture du tissu est très fine et agréable au toucher. Il ne se froisse pas et laisse mieux passer l’air que le coton ou la soie.

Mais tisser le lotus n’est pas une mince affaire ! 

Il faut extraire à la main les fibres de la tige de la plante. Cela demande un coup de main très précis que possèdent les tisserandes cambodgiennes.

A l’exemple de Channa qui tissait dans son village depuis toute petite. 

Elle a tout appris de sa grand-mère, véritable mémoire du tissage au Cambodge. Channa teste désormais les procédés de fabrication dans l’atelier d’Awen Delaval, à Battambang.  Grâce à son métier Channa âgée 23 ans, a pu se scolariser. En effet, l’entreprise du Breton  finance la scolarité de la jeune tisseuse qui passera bientôt son bac.

C’est l’un des points forts de Samatoa que d’être une entreprise de commerce équitable. C’était aussi l’objectif d’Awen Delaval en venant il y a dix ans, au Cambodge. Auparavant il travaillait dans les télécommunications. Il a peaufiné son projet en Bretagne et à Paris avant de faire le grand saut au Cambodge. Son but : créer de l’activité afin d’améliorer les conditions de vie dans les villages de tisserands cambodgiens.

Aujourd’hui, Samatoa emploie une septantaine de personnes qui s’activent au filage, au tissage et à la couture, sans compter les saisonniers qui récoltent les lotus dans les plantations sur le lac de Kamping Poy, situé à 45 Km de Battambang. De plus, deux boutiques ont été ouvertes à Battambang et l’autre à Siam Reap.
En parallèle à la soie, Samatoa s’est diversifié avec le lotus ainsi qu’avec d’autres plantes telles que le bananier, le cocotier ou encore le kapok. Les recherches sont axées sur une trentaine de plantes. C’est un marché de niche de haut de gamme. On entre dans le sur-mesure.
Le tissu de lotus est fabriqué à la main. Il faut 9’000 tiges de lotus pour un mètre de tissu. Ce qui explique son prix vingt fois plus élevé que celui de la soie. Il faut savoir qu’une veste en tissu de lotus donne du travail à quatre personnes durant un mois. Un produit qui n’est certes pas à porter de toutes les bourses, mais exclusif et issu du savoir-faire ancestral cambodgien.