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Bolt/Lewis : Rase ta roquette

Publié le 11 août 2012 par Levestiaire @levestiaire_net

A l’occasion des surprenantes accusations de Carl Lewis à l’encontre des Jamaïcains et de la réponse très argumentée d’Usain Bolt, le Vestiaire s’est souvenu qu’il a été le seul à livrer une enquête digne de ce nom et très controversée sur les performances de la foudre. D’ailleurs la foudre ne devrait même pas être autorisée à participer c’est pas un être humain. Sinon on pourrait aussi  faire participer la lumière, le vent, le soleil et pourquoi pas la marée. Alors pour le plaisir republions les deux volets de ce travail et rappelons que Lewis s’y connaît en la matière comme nous le racontions il y a quelques années. Précisons également que c’est pour lutter contre ce genre d’escroquerie et contre les conneries qu’on essaye de nous faire ingérer, digérer et chier que le Vestiaire existe. Mais cela n’expliquera pas pourquoi la moitié des sprinters jamaïcains ont été contrôlés positifs depuis 5 ans et que les autres courent le 100 et le 200 en moins de temps qu’il  en a fallu à Armstrong pour remporter 30 Tours de France avec la bénédiction de chacun. Amen.

Bolt/Lewis : Rase ta roquette

Article publié le 15 septembre 2008 sous le titre Rasta Rocket : la vérité.

« Rarement un athlète n’aura suscité autant de commentaires, de débats. C’est bien légitime, personne n’avait jamais fait ce qu’Usain Bolt a fait. Le Vestiaire vous livre l’analyse vérité sur le parcours d’Usain Bolt, surdoué et un peu plus que ça.

Patrick Montel est rassuré, beaucoup le sont avec lui : la progression de Bolt est régulière. Un gars qui approchait les 20 secondes à 15 ans atteint logiquement 19″30 à 22 ans. Deux arguments solides qui expliqueraient le naturel des performances du Jamaïcain. Encore faudrait-il que ces affirmations soient vraies. Ce n’est pas le cas, nous allons y revenir. Devant une telle difficulté apparente pour expliquer son talent autrement que par le dopage, certains préfèrent y croire tout simplement, croire à l’exception, même si cette exception ressemble à tellement d’autres exceptions sales. Mais Bolt ce n’est pas pareil, il est sympa, pas trop musclé, grand, parfait techniquement, avantagé physiologiquement, un peu dilettante, mange des nuggets, a très jeune couru vite, plus vite que tout le monde à son âge, plus vite que ses aînés au même moment. Bref, au format adulte, il sera le meilleur, et courra très très vite. Mais voilà, il court tellement vite, qu’il est encore plus rapide que tous les gars dopé d’hier et d’aujourd’hui et efface tous les records précédents à chacune de ses courses. Est-ce si normal ?

Pour répondre, il est inutile d’aller chercher dans les études biomécaniques qui se contredisent les unes les autres et qui ne sont ni unanimes ni objectives car fondées sur de l’abstrait. Il convient davantage de se pencher en détail sur son parcours et de le mettre en perspective avec celui d’autres athlètes, qu’ils soient propres ou non. Cela s’appelle une enquête, la voici.

Bolt a-t-il explosé du jour au lendemain ?

La réponse ne peut être aussi simple. Bolt réalise depuis ses 15 ans (âge de ses premiers temps officiels) des performances exceptionnelles. Cela exclut l’hypothèse de l’athlète limité qui explose subitement. Sa progression, jusqu’à cette fameuse année 2008, n’est elle non plus pas plus suspecte que ça, dans tout ce qu’elle a d’extraordinaire, si l’on tient compte du fait qu’il a été supérieur très jeune au commun des coureurs, même plus âgés que lui. Cependant, l’analyse de l’année en cours est, si ce n’est beaucoup plus cruelle pour la santé d’Usain Bolt, en tout cas plutôt intrigante.

Mythodologie

Avant d’entamer le passage en revue de ses performances, il est utile de préciser que cette évolution, depuis les 15 ans de Bolt, part du principe subjectif et stupide qu’à 15 ans on n’est pas chargé, comme veulent le faire croire certains. Hors, en principe, à 15 ans, on ne dispute pas non plus des championnats du monde ou alors c’est que l’on fait du sport de haut niveau. Et déjà chez les juniors, il y a des contrôles, et déjà, il y a des athlètes positifs et exclus. Bolt, à 15 ans, était déjà athlète de haut niveau. Il a très bien pu se doper dès cette époque, ce qui justifierait ses temps. Soyons indulgent, laissons cette part de rêve, qui veut qu’il soit né avec un don pour le sprint. Ce qui est possible.

Analyse du rythme : Bolt/face

A 16 ans, son meilleur temps sur 200m était de 20″58 (+1,40 m de vent favorable), il avait réalisé 20″61 en finale des Mondiaux juniors. Ce temps est un très bon temps de juniors, un temps presque surhumain à 16 ans, mais un temps qui reste crédible si on admet une supériorité naturelle. Sans ajout, on peut donc considérer qu’il a deux ans d’avance sur sa classe d’âge. Ses temps seraient encore les meilleurs s’il avait 18 ans. En comparaison, Christophe Lemaître, champion du monde en juillet dernier, a couru 20″83 avec 0,9 m de vent négatif, ce qui l’envoie à environ un dixième du Jamaïcain, il a 18 ans. Il a gagné deux dixièmes en un an par rapport à son record de France cadets. Ces deux dixièmes, qui après étude de dizaines d’athlètes moyens, semblent être, compte tenu du vent, la progression maximale d’un sprinter adulte par année. C’est ce que l’on peut objectivement appeler la norme. Mais Bolt n’a pas encore son morphotype d’adulte et il est explicable qu’il puisse exploser cette norme l’année suivante, il a 17 ans et passe à 20″13 (vent nul). Gagner entre quatre et cinq dixièmes est énorme, mais possible à cet âge là, et déjà vu, nous allons y revenir.

Ce n’est pas fini. Si l’on admet qu’il a trouvé la bonne technique et qu’il évolue encore physiquement, on n’est guère surpris par ses 19″93 (+1,4) de l’année suivante. Il a 18 ans et semble atteindre son meilleur niveau. En effet, jusqu’en 2007, c’est à dire pendant 3 ans, finies les progressions annuelles météoriques, la croissance semble terminée, il reste constant à presque deux dixièmes de secondes près, la nuance de la progression logique peut-on penser. Il a pris le temps pour corriger ses imperfections techniques et de s’entraîner un peu plus sérieusement. Il démarre donc l’année 2008 avec 19″75 dans la musette. Un record exceptionnel que seuls dix coureurs, pas forcément des exemples, ont au moins égalé, mais un record peu choquant encore une fois au regard de ses qualités naturelles, de ses performances antérieures, de sa technique et de ses 17 ans.

Il y a aussi une partie 2 à lire ici et encore depuis, il y a eu l’année 2009 et ce n’est pas fini. C’est quand même cool de pouvoir donner une amplitude de près d’une seconde sur 200 et de 50 centièmes sur 100 d’une semaine sur l’autre, d’un mois sur l’autre ou d’une année sur l’autre c’est au choix. Lemaître aimerait bien aussi mais il arrive pas à faire autre chose qu’être régulier, genre 10 centièmes sur 100, 40 centièmes sur 200. C’est bizarre. Ou il s’entraîne très mal ou il est juste nul. Ou alors… non rien.


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