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Ohlala, ça c’est Paris!

Publié le 25 mars 2008 par Chondre

Ohlala, ça c’est Paris!J’ai mis de nombreuses années à connaître Paris. Je suis né dans le quinzième arrondissement et ai vécu ma petite enfance près de la rue d’Alésia. Mon père possédait un cabinet à Saint-Maure et ma mère travaillait à l’hôpital Broussais. Après une brève et laborieuse escapade en province, nous nous sommes installés dans les hauteurs du dix-neuvième arrondissement, avenue Simon Bolivar. L’appartement était magique. Nous avions une vue imprenable sur les toits de la capitale, du Sacré-Coeur au cimetière du Père Lachaise. Deux cents degrés de zinc, de tuiles, de cheminées et de monuments. C’est en rentrant au collège que j’ai commencé à m’affranchir de mon quartier. J’étais élève dans une école catholique de la rue de Chabrol, près de l’église Saint-Vincent de Paul. Le quartier était populaire. Le soir, nous parcourions souvent les petites rues situées entre Poissonnière et les grands boulevards.

Ohlala, ça c’est Paris!
J’ai curieusement mis du temps à explorer mon quartier. Nous habitions à quelques mètres des Buttes chaumont mais je n’ai jamais éprouvé l’envie de parcourir le parc. J’accompagnais parfois ma mère qui avait retrouvé un nouveau poste à l’hôpital Tenon puis à la pitié Salpétrière près de la gare d’Austerlitz. Ce n’est finalement qu’en terminale que j’ai véritablement commencé à apprécier ma ville. J’avais fait la connaissance d’Anthony. Nous passions nos soirées à sortir. Il possédait une Mini Cooper et me faisait découvrir le Paris nocturne. Nous passions notre temps dans les pubs du quartier saint-Germain. Ma mère passait le sien à me laisser des mots dans ma chambre: “Mickey, il va vraiment falloir choisir entre les sorties et le baccalauréat.”

Ohlala, ça c’est Paris!
Le quartier latin fut mon quartier pendant de nombreuses années. Nous étions alors étudiants à la faculté de pharmacie rue de l’observatoire. Nous séchions fréquemment pour lézarder dans le Luco ou nous faire une toile à Odéon ou à Montparnasse. D’après ce que l’on disait, Paris était la plus belle ville du monde. J’ai ensuite commencé à voyager et à découvrir, explorer et connaître comme ma poche de nombreuses capitales ou grandes villes. Lors de chaque retour, ma ville me semblait et me semble encore ravissante, mais totalement endormie. Paris est un peu comme la belle au bois dormant et attend le prince charmant qui la réveillera. Car depuis une trentaine d’années, c’est plutôt le vide intersidéral côté innovation. Georges Pompidou souhaitait bâtir en plein cœur de la ville des dizaines de tours. La période Chirac-Tibéri fut pourtant anesthésiante, même si chaque président à souhaité laisser une trace de son passage. Un opéra, une pyramide, une bibliothèque ou un musée.

Ohlala, ça c’est Paris!
En attendant, Paris sent le pipi. Le forum des Halles est une monstruosité, les putes de luxe tapinent sur les Champs Elysées, les classes pauvres et moyennes sont petit à petit obligées de s’exiler en banlieue. Il n’existe pas vraiment de mixité sociale ni culturelle. Il y a un quartier chinois, un quartier juif, un quartier noir, un quartier arable, et même un quartier très pédé. La ville crève a petit feu par manque d’audace ou d’innovation. Les rues sont belles mais on s’y fait chier. Certaines manifestations tentent bien entendu de donner un nouveau souffle à la capitale. Les nuits blanches, Paris plage ou même l’opération Vélib. Cependant, contrairement à des métropoles comme Londres, ça fait un peu pauvresse. Mais la ville semble frétiller depuis quelques années. Nous sommes certainement très nombreux à espérer que le prochain mandat sera celui du renouveau et permettra à Paris de sortir de sa torpeur. Trente longues années à attraper, c’est beaucoup.

Ohlala, ça c’est Paris!
Heureusement, depuis jeudi dernier, Paris possède son propre bouquet de télévision sur la TNT. Le Groupe AB a obtenu un canal régional et nous ressort de ses cartons la naphtaline la bande à Dorothée et ses millions de copains. Si Paris sent le pipi, cette nouvelle chaîne, nommée IDF1, sent un peu le vomi réchauffé. Des anciens comédiens des séries AB ont été recyclés en animateurs. La chanson de la chaîne vaut son pesant de cacahuètes: Des paroles un peu pourries chantées par les mêmes choristes sur la musique de feu le club Dorothée, à écouter absolument sur le site internet de la chaîne (c’est toujours les vacaaaances, sur IDFheiiiiiin, en île de France, la chaîne numéro heinnnnn…/…des millions de copheiiinn, IDF1 la plus belle des téléééés).

Le lancement à été effectué depuis l’Aquaboulevard (actionnaire minoritaire). Les couleurs, les logos, la musique, tout semble avoir été figé il y a plus de dix ans. Des émissions de service ou des talk shows alternent avec de vieilles séries produites par le groupe. Oui, tout cela est vieux et moche, mais on ne peut cependant pas s’empêcher d’y jeter un coup d’œil nostalgique car leur amateurisme est finalement assez touchant. On leur souhaite beaucoup de courage pour la suite.

C’est ça aussi Paris.


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