Au pouvoir, la CAQ inciterait les Québécois à investir dans leurs ressources. Québec Solidaire mettrait la hache dans le fonds de la FTQ. Jean-Martin Aussant limitera les taux d’intérêt sur les cartes de crédit et le PQ aura le nouveau RVER (Régime volontaire d’Épargne Retraite) à l’oeil.
Profitant de la campagne électorale, j’ai fait le tour des principaux partis politiques et je me suis entretenu avec les chefs ou leur porte-parole en matière de finance. Je leur ai demandé ce qu’ils comptent faire avec l’épargne des Québécois.
Le ministre des Finances Raymond Bachand considère que les REER, CELI et REEE sont parfaitement harmonisés avec Québec. Cependant, il se dit impatient de lire les conclusions que tirera bientôt le comité présidé par Alban D’Amours sur les nombreux défis qui attendent les caisses de retraite.
Le porte-parole en matière de finances et député de Rousseau, Nicolas Marceau compte beaucoup sur le RVER. Le PQ a été le premier parti à proposer un régime volontaire d’épargne pour les travailleurs, rappelle t’il. «Les sommes versées par la RRQ sont insuffisantes et un régime de prélèvements automatiques à faible coût obligera les travailleurs à penser à leurs vieux jours.» Si le PQ reprend le pouvoir, il verra à ce que le RVER soit moins coûteux à administrer que les fonds communs. «Il faut s’assurer que les frais de gestion soient le plus bas possible. On ne sait pas grand-chose de la proposition du gouvernement libéral. C’est assez flou. Nous, on fonctionnerait par appel d’offres».
Pour sa part le chef de l’Option Nationale Jean-Martin Aussant ne fait pas confiance aux banques et compagnies d’assurance pour la gestion des RVER. «On n’a pas à faire de cadeaux aux institutions financières. C’est une des branches de la Caisse de Dépôt de Placement qui devrait en avoir le mandat de gestion.»
Tout comme le PQ et Option Nationale le ferait, à la tête d’un Québec indépendant, Québec Solidaire entend rapatrier les REER et CELI. Une cagnotte qui frôlerait les 400 milliards. La gestion des crédits d’impôts et autres se ferait sous le modèle prôné par Jacques Parizeau. Il faudra négocier diverses ententes avec le fédéral.
UN RÉA EN RESSOURCES
Pour protéger et faire croître le bas de laine des Québécois, Québec Solidaire compte nationaliser les mines d’or. « Les investissements standards dans les actions et obligations de la Caisse de dépôt rapportent en moyenne 5%. Saviez-vous que le retour moyen annuel sur investissement des actionnaires d’Osisko est de 20%! » Monsieur Khadir devrait revoir ses cours d’économie. Les métaux précieux sont extrêmement volatils. L’or ne sera pas toujours à 1600$ l’once.
Plus stratégique, Jean-Martin Aussant nationaliserait TOUT ce qui touche aux ressources naturelles. «René Lévesque a enrichi les Québécois en nationalisant l’hydro-électricité. On doit faire de même avec nos richesses naturelles. Ce qui n’a pas été inventé par personne, n’appartient à personne en particulier, mais à TOUS les Québécois. Nous pourrions créer l’organisme Ressources Québec et retenir l’expertise des entreprises privées. Actuellement Jean Charest, considère que les ressources c’est l’affaire du privée, mais il DONNE des privilèges d’exploitation à des organismes GOUVERNEMENTAUX chinois!»Dans l’équipe de François Legault, l’ancien VP aux finances de Cascades Christian Dubé, voit aussi les ressources dans sa soupe. En réponse à ma question: -Est-ce qu’un gouvernement de la CAQ entend lancer un RÉA en ressources naturelles?«On va dévoiler un plan de ce côté. Il est clair qu’on veut proposer des incitatifs aux entreprises québécoises qui souhaitent investir dans nos richesses naturelles. Mais, les citoyens aussi seront invités à y contribuer. Nous voulons que toutes les étapes, de la recherche, à l’exploitation et la transformation soient l’affaire des québécois.»
LES FONDS DE SYNDICATS REVUS ET CORRIGÉS
Des 3 partis souverainistes, l’équipe d’Amir Khadir est la plus radicale face au Fonds de la FTQ. Pour continuer à offrir le généreux crédit, ce célèbre fonds de travailleurs devra cesser d’investir dans « des entreprises qui polluent nos cours d’eau et empoisonnent nos enfants». Il est clair selon lui que l’énorme portion investie HORS QUEBEC ou dans des sociétés à l’éthique discutable (comme les cigarettiers, les banques d’affaires de Wall Street et l’industrie du gaz de schiste) perdrait sa part du généreux crédit d’impôt de 30%. «C’est bien regrettable, mais il y aura des conséquences. Nous privilégions l’investissement responsable».
Jean-Martin Aussant, est moins pointilleux sur les titres spécifiques, mais exigerait que les fonds de syndicats reviennent à la base. Le crédit d’impôt du Québec doit servir d’encouragement à l’économie québécoise. «S’il le faut, nous ramènerons ces fonds à l’ordre, et nous leur retirerons leurs avantages. Nous accordons des crédits d’impôt spécifiquement pour aider la création d’emplois chez nous.»
Raymond Bachand (président du Fonds FTQ de 1997 à 2001) n’est pas d’accord. «Le Fonds a rendu de fiers services aux Québécois. La diversification est un principe de base en finance. On ne touchera pas aux crédits d’impôt, car à moyen terme, on entre dans notre argent. Nos études confirment qu’on récupère les sommes alloués en 2-3 ans». Si parfois le fonds a plus de la moitié de sa valeur dans le portefeuille placement qui touche les grandes sociétés en bourse et les obligations, ce n’est pas mauvais pour ceux qui ont seulement cette option en épargne-retraite.»
Même son de cloche du côté de Nicolas Marceau du PQ. «On veut que l’essentiel des investissements du fonds se fasse au Québec. S’il y a des abus et qu’il faut resserrer les règles. On le fera!» Quant à la CAQ, Christian Dubé croit que «…les investissements à l’étranger du Fonds de la FTQ ne devraient être qu’une mesure TEMPORAIRE.»
PLAFONNER LES TAUX DES CARTES DE CRÉDIT
Enfin dans les mesures originales touchant les finances personnelles, soulignons les idées de la CAQ et de l’Option Nationale. L’engagement #29 de la plateforme électorale de l’équipe de François Legault propose d’introduire des cours obligatoires en finances, gestion du budget et entrepreneuriat au secondaire. Bravo! Donner le goût des affaires aux jeunes et des outils pour mieux équilibrer leurs finances ne peut qu’avoir du bon.
Jean-Martin Aussant trouve que les banques émettrices de cartes de crédit doivent être mis au pas. L’endettement des familles québécoises est un problème important. «Il faut regarder de près la situation. Il est beaucoup trop facile d’obtenir du crédit et nous entendons légiférer et limiter l’exagération dans les taux d’intérêt. C’est une trappe qui emprisonne les consommateurs.»