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Umar TIMOL : "L'homme qui voulait rire" (suite).

Par Ananda

 

11.

Je me suis évidemment débarrassé de ma télévision. Elle est un véritable danger pour quiconque veut guérir de cette maladie. J’ai compris qu’elle est l’objet de toutes les tentations. Car il suffit de l’allumer ( je ne crois pas me tromper en disant qu’elle est, dans les circonstances, une petite allumeuse ) et on risque de tomber à tout moment sur un film, une série, un documentaire ou une autre ânerie qui nous donne envie de pouffer de rire. Le rire est partout, ainsi une compétition sportive où on découvre des humains, apparemment normaux, se livrant à des actes plutôt révoltants, comme assommer une pauvre petite boule pendant deux bonnes heures ou s’enlacer vigoureusement ( d’autres diront de façon salace ) après avoir scoré un but où nos politiciens, dont on connaît la grande intelligence, qui coupent et qui ne cessent de couper des rubans rouges pendant que des courtisans effectuent des courbettes avec le plus grand art ou une série bollywoodienne où des ralentis de plus en plus ralentis figent à tout jamais les visages grotesques et trop maquillés des comédiens ou une chanson pop où on se déhanche selon une chorégraphie qui mériterait de figurer dans les annales du grand livre des bizarreries humaines ou une émission de télé réalité ( qui est souvent tout sauf réel ) où on constate que la bêtise est un abîme sans fond et sans fins ou des jeux de plus en plus débiles dont la fonction semble être de broyer les restes du cerveau ( s’il en a un évidemment ) du spectateur ou des publicités qui nous rappellent que le bonheur a un nom, une visite à l’hypermarché, un jus de fruit, un nouveau biscuit, une nouvelle assurance ou des telenovas sucrés et larmoyants doublés par des comédiens qui avaient vraisemblablement mieux à faire ou des compétitions de miss quelque chose où on découvre que des visages stéréotypés ( et pas toujours intelligents mais je suis d’une grande politesse ) ont pour vocation d’aider le pauvre, le vieillard et l’orphelin dans le monde, dans l’univers ( and beyond ) ou finalement ( mais ce n’est qu’un bref aperçu ) des émissions intellos qui réunissent des experts dont le plus grand talent semble être celui du monologue interminable. Je crois qu’on a compris que la télévision est une machine à rire. Etant donné le caractère assez particulier de ma maladie il est impératif que je m’en éloigne. Donc pas de télévision à partir de maintenant. Il faut rappeler que je me suis accordé une semaine pour guérir.

Je vais me remettre au boulot très tôt demain. Exercices d’auto chatouillement, je compte désormais utiliser une fourchette à la place d’un plumeau, j’estime qu’une fourchette est plus apte à provoquer des rires incontrôlables. Puis je vais identifier de nouvelles pensées sérieuses et dramatiques. Je vais, par exemple, longuement méditer la question du mâle dans le monde, ses origines, son parcours et son devenir.

Ce sera une longue journée mais je suis confiant, je suis sûr que je vais pouvoir m’en sortir.

Umar Timol

(à suivre)


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